coup de coeur/de pompe littéraire

Jérôme Fourquet t'explique les tenants et les aboutissants au moyens d'enquêtes très fines.

James Ellroy, j'ai déjà donné. C'est bon, mais au bout de quelques romans, ça devient toujours la même chose, il vaut mieux s'arrêter. Dan Simmons j'aurais tendance à dire que c'est un peu pareil, dans un autre genre. Je suis passé à autre chose.

Dans le domaine de la SF, mais plutôt de l'anticipation quasiment réaliste, j'ai aimé Liu Cixin, la trilogie "Le problème à trois corps", "La forêt sombre" (parus en poche), "La mort immortelle" (j'attends qu'il paraisse en poche ...).
 
Dan Simmons j'aurais tendance à dire que c'est un peu pareil, dans un autre genre.

Tu dois parler du style, parce que le cycle Hypérion/Endymion et Ilium/Olympos n'ont pas grand chose à voir. Si tu ajoutes L'échiquier du mal, Terreur ou L'épée de Darwin, on est totalement dans autre chose. Il est vrai qu'à force de lire un auteur on en arrive à décoder certaines ficelles, certaines "manières de", et on est moins surpris.
 
Lectures du temps présent :
  • "Retour à Lemberg" de Ph. Sands : une recherche sur les inventeurs des notions juridiques respectives de "génocide" (Raphael Lemkin) et de "crime contre l'humanité" (Hersch Lauterpacht) ainsi que sur le grand-père maternel de l'auteur ; le barycentre en sera la ville de Lemberg/Lviv/...
  • "Les Crises d'Orient" d'Henry Laurens : on part d'assez loin dans le temps pour (tenter de) mieux comprendre le proche- et le moyen-orient d'aujourd'hui.
  • "L'ancien testament" (collection Que Sais-Je) de l'excellent Thomas Römer : petit précis lisible, clair et bien écrit, comme toujours avec cet excellent exégète.
  • des poèmes de Raymond Queneau (pris au hasard).
  • de loin en loin, les "Lais du Moyen-Âge", parce que j'aime ça.
  • "Histoire des sciences et des savoirs" T.1 : pas entièrement convaincu par certaines contributions mais c'est de toute façon intéressant.
  • "Le pays disparu" de Nicolas Offenstadt : de "l'Urbex", qui ne me convainc là encore que partiellement ; toutefois, le pays disparu (la RDA) est particulièrement intriguant ; au passage : on peut regarder les séries Deutschland 83 et Deutschland 86 dont les intrigues tragicomiques mêlent espions de la DDR (RDA) et de la BRD (RFA).
À venir, un prochain roman de Jean Échenoz (le 3 janvier) et une (re)lecture de Georges Duby.
 
Le western (film ou roman) est souvent considéré comme un genre secondaire.
Ayant une épouse fan de westerns (films au départ), je suis devenu moi aussi un accro.
"La rivière sans retour" est pour moi un grand film, où Robert Mitchum et Marilyn Monroe ont eu de très beaux rôles.
Récemment, plusieurs éditeurs (Babel, Gallmeister) ont réédité des classiques du genre. Je viens de lire en particulier:

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De la vraie littérature.
 
Le livre que je viens de commencer : L'Or de Paris, de Rifa'a Rafi al-Tahtawi :

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Un jeune imam égyptien accompagne une mission envoyée en France par le pacha d'Égypte, pour s'enquérir des différentes activités des "Francs". La mission durera cinq ans (1826-1831) et l'imam raconte cette mission. Ça a l'air plus qu'intéressant.
 
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Écouté un entretien (Europe 1)avec l'auteur avec la participation d'un des personnages.
On y apprend que l'internet a été conçu en France - réseau Cyclades (réseau) - et que ce projet a été abandonné sur intervention d'Ambroise Roux (CGE) qui ne voulait qu'on marche sur ses plate-bandes industrielles...

Je vais me régaler !
 
Dommage que tu n'ai pas suivi les liens proposés, ni que tu n'ai pas lu avec plus d'attention : "Écouté un entretien (Europe 1)avec l'auteur avec la participation d'un des personnages"

:)
Ben justement, j'ai suivi les liens. L'article sur Cyclades est très détaillé (avantages, inconvénients, limites). L'article sur Ambroise Roux explique qu'il a beaucoup sur-vendu son influence dans les sphères politiques et que Cyclades n'était du point de vue CGE qu'un projet obscur parmi bien d'autres.

Cyclades a été abandonné en 1978 au profit de Transpac, le futur Minitel, poussé par la Direction Générale des Télécommunications, sous la présidence de VGE sur décision de Michel d'Ornano, ministre de l'industrie. Voilà les faits historiques, tels que nous les montrent les sources, dont les rapports remis au ministre.

Il est facile, quarante ans après, de prétendre qu'il s'agissait d'une erreur de politique industrielle, que si on avait fait autrement, la France serait l'actuelle Californie. Cyclades n'était pas Internet, loin de là, même si ses travaux, comme beaucoup d'autres travaux, ont nourri ce dernier.

Je rappelle que le World Wide Web n'a été mis au point au CERN qu'en 1990, sur machine NeXT. À cette époque, on disposait déjà en France du réseau Minitel depuis plusieurs années. Quelques soient ses défauts, ce dernier a rempli son office jusqu'à la généralisation de l'Internet domestique dans les années 2000.

La différence entre une enquête ou un récit historique et une fiction, c'est qu'ils se doivent de reposer sur des faits, des témoignages, des sources. Un roman reste de la fiction, même s'il prend son origine sur un fait réel, le traitement qui en est fait demeure le produit de l'imagination de son auteur. C'est pour cela qu'il est écrit "roman" et pas "récit" sur le livre.

Pendant la guerre, beaucoup ont prétendu que de Gaulle était un agent des communistes, surtout ses adversaires politiques. Je peux écrire un roman là-dessus, d'un Charles de Gaulle prenant ses ordres à Moscou, mais j'aurai du mal à défendre cette thèse d'un point de vue historique, avec des preuves tangibles, des documents, des faits avérés, et non supposés, autres que les rumeurs et les attaques de l'époque, même en faisant témoigner des anciens membres du gouvernement de Vichy.

Donc non, Internet n'a pas été conçu en France même si quelques-uns de ses brillants ingénieurs ont mis au point des protocoles qui ont contribué à l'Internet tel que nous le connaissons aujourd'hui. Dire que la France a inventé Internet c'est être aussi myope qu'Obama qui prétendait qu'Internet était une invention étasunienne. Internet est le produit d'une longue maturation et d'une coopération internationale ouverte ("ouverte" est le mot important). Il faut qu'il le reste.
 
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Réactions: Sly54 et boninmi
Je reviens sur le sujet parce que j'ai écouté la fameuse émission Europe 1 et j'ai trouvé une source assez documentée sur l'affaire.

Déjà, l'intervenant, Louis Pouzin lui-même, précise bien que selon lui Cyclades ne fut qu'une victime collatérale de la guerre CGE vs. Thomson autour d'UNIDATA et qualifie le Minitel de réussite, les autres disent impasse mais lui ne veut pas amoindrir les réalisations des ingénieurs des télécoms. L'auteur explique qu'il aime mélanger fiction et réalité, pour lui Ambroise Roux est un personnage de roman, en plaçant un récit dans son roman. Certes, mais l'éclairage qu'il donne au récit, son interprétation des faits, sont bien personnels et romanesques. D'ailleurs, Louis Pouzin intervient alors pour préciser qu'il ne faut par faire "d'histoire conjoncturelle", que UNIDATA n'était pas forcément destiné à être une sorte d'Airbus de l'informatique.

Et pour cause. Ces pages retracent l'histoire de la CII (aka "C deux I" comme ont l'appelait alors) : http://www.feb-patrimoine.com/projet/histoire_informatique/histoire_cii_1972-1975.htm

(Il faut tout lire, c'est passionnant sur les arcanes de la politique industrielle au temps de Pompidou et Giscard)

On s'aperçoit que UNIDATA, l'alliance entre CII, Siemens et Philips a suscité un certain scepticisme au gouvernement (on est encore sous Pompidou). Le ministère approuve mais le gouvernement refuse d'abord de s'engager (c'est-à-dire financièrement). À l'intérieur de CII, Thomson pousse mais la CGE freine. Début 1974, le gouvernement ne s'est toujours pas prononcé et la guerre CGE vs. Thomson fait les choux gras de la presse. Le gouvernement n'approuve officiellement UNIDATA qu'au mois de février 1974.

Au-delà de la rivalité CGE-Thomson, ou Roux-Richard, le cœur du problème était que la présence de la CII au sein d'UNIDATA réclamait un apport de fonds de l'État (par rapport au poids de Siemens et Philips) et que plus la conjoncture économique se dégradait, plus cela devenait difficile à réaliser. Il fallait à la CII un groupe industriel puissant pour l'épauler alors qu'elle était l'otage des rivalités de ses deux principaux actionnaires.

Autre point important : les sociétés composant UNIDATA sont toutes déficitaires à l'époque de plusieurs centaines de millions de $.

Cyclades n'est dévoilé qu'en février 1974, alors que l'affrontement CGE-Thomson au sein de la CII bas déjà son plein.

Dès le début, des problèmes de tous ordres apparaissent au sein d'UNIDATA entre CII et Siemens (financements, dettes, production), puis entre CII et Philips (politique commerciale). Il est clair pour tous les acteurs qu'on ne s'en sortira que par la fusion des activités des trois partenaires dans UNIDATA.

La question se pose alors pour CII : disparaître dans UNIDATA ou s'allier avec Honeywell-Bull pour rester un groupe français.

En mai 1974, changement de Président, de ministre, de politique, UNIDATA est finalement abandonné. La CII est alliée à Honeywell-Bull pour le destin qu'on lui connaît.

Pour moi, plus que UNIDATA, qui péri donc en 1975 avec la fin du Plan Calcul et devant les difficultés de financement de la CII, Cyclades, projet mineur qui ne s'arrête qu'en 1978, a été la victime de Transpac, le "bébé" de la Direction Générale des Télécommunications.

Pour les besoins de son roman, Eric Reinhardt voit Cyclades et UNIDATA plus beaux qu'ils n'étaient et son "héros", Ambroise Roux, plus important et maléfique que dans la réalité. C'est la loi du genre, c'est une histoire mais ça ne saurait faire Histoire, qui est une chose beaucoup plus complexe.
 
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La vie des femmes et des petites filles (entre autres) dans le Kurdistan de Saddam Hussein, et peut-être encore maintenant, et dans bien d'autres endroits. Et l'utilisation de l'alibi de la religion et de l'impureté pour justifier toutes les violences.


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J'ai adoré le bouquin, j'avais moins aimé le film, sans doute parce qu'il ne correspondait pas à celui que je m'étais fait dans ma tête suite à la lecture du livre.
Du coup je me suis jeté sur pas à pas dans la brume électrique, récit de tournage
Passionnant, Tavernier y raconte pourquoi il fait tel ou tel choix de mise en scène, bien sur, mais on plonge vraiment dans la construction d'un film : depuis le feu vert de l'auteur pour l'adaptation du bouquin jusqu'au final cut, et toutes les galères grandes ou petites et coups de cœur qu'on n'imagine pas en tant que spectateur et avec lesquels il faut composer quitte à modifier ce qui était voulu au départ. Un régal d'autant plus que j'ai le DVD ce qui me permet de relier ce qui est écrit au résultat final.
Et une image de ce qu'est tourner un film aux USA pour un réalisateur français. Les différences ne sont pas seulement dans l'approche de ce que doit être le film (suite à un conflit avec le producteur, un règlement à l'amiable fait qu'il y a une version US et une version, celle voulue par Tavernier, pour le reste du monde !) mais aussi sur la façon de travailler et des conséquences sur le tournage.
Un régal.
 
J'ai aussi beaucoup lu du James Lee Burke.
En ce moment je suis beaucoup dans la littérature de l'ouest américain des défenseurs des derniers lieux sauvages. Après Edward Abbey (Désert solitaire, Le Gang de la clef à molette, Le retour du gang), je lis Rick Bass (Le livre de Yaak, Les derniers grizzlis) et j'attaquerai Doug Peacock (Mes années grizzlis). Doug Peacock, ami d'Edward Abbey, lui a servi de modèle pour un personnage du Gang. Les autres livres sont des récits (éditions Gallmeister).
Je suis tombé aussi, suite à une émission télé où l'auteur était invité, sur La Montagne Blessée, de Luc Bronner (Seuil), histoire de la vente à l'Etat en 1895 d'une commune des Hautes Alpes, Chaudun, près de Gap, où les habitants ne parvenant pas à vivre ont choisi de s'exiler, certains en Californie.