Journal de bord de l'agent d'armoiries macgéennes
Jour 27
Mon cher journal,
J'en ai bavé cette nuit, tu ne peux pas imaginer comme…
C'est bien simple… J'ai bien cru devenir maboul !
Pfff… Il n'y a pas assez d'évènements insensés en ce moment, non, il fallait que celui-là s'ajoute à la liste !
Figure-toi, cher journal, que je ne retrouvais plus mon pot d'encre blanche. Il me suit depuis vingt-cinq ans et hier, cet objet inanimé avait décidé de jouer à cache-cache avec mes nerfs ! Grrr… Et il a réussi !
J'ai passé pas loin de cinq heures à le chercher ! Oui, trois cents minutes ! Dix-huit mille secondes à tourner en rond pour dénicher cette couleur indispensable au travail en cours…
C'est long cinq heures passées à fouiller le moindre carton, caisse, étagère, rack et recoin d'un son atelier. Si encore ce local avait été petit, c'eut été plus rapide… Mais non, cher journal, tu sais combien il est vaste cet espace de création unipersonnel. Dans des cas pareils, je me dis même qu'il est trop grand pour un seul homme, tout en remuant le truc que j'ai dans la main.
Tu peux me croire, j'en ai remué de la poussière…
Tellement, qu'à force d'en avaler, mes poumons saturaient. Au point que j'ai aussitôt suspecté une infection au covid-19. C'est dire si j'étais mal…
Plus d'une fois je pensais abandonner mes recherches en me disant : si ça se tombe, je l'ai jeté ce pot !? Mais la seconde d'après je reprenais mes fouilles. Je tenais bon ! J'allais forcément le trouver !
Il ne s'était pas envolé. Je ne souffrais pas d'un dédoublement de la personnalité. Il n'avait donc pas pu rejoindre le conteneur à déchets sans que je l'eus su. À force de faire les cents pas une lampe torche à la main, j'avais réduis le périmètre à presque rien.
Il était forcément au studio me servant de stockage des encres. Ouais… Mais je n'y stocke pas que ça ! C'est un tel fatras la-dedans que la quête s'annonçait mal…
À force de chercher ma vue se troublait… Repasser dix fois devant les mêmes trucs, au bout d'un moment ça me fatigue.
Aucun raccourci clavier ne pouvait voler à mon secours !
Et puis vers quatre heures, je me suis rappelé qu'une niche se cachait derrière l'affiche pincé au mur. Pourquoi y avait-il une niche au milieu de ce mur ? Je ne sais plus… Seulement, j'ai découvert mon pot d'encre blanche posé en plein milieu de ce renfoncement ! Comme si je m'attendais à le trouver là !
Et surtout quelle idée j'avais eu de le poser là !
Tout seul…
Alors que les autres teintes sont rangées ailleurs…
J'ai cherché et je cherche encore comment, dans ma gestuelle de travail, j'avais bien pu le cacher derrière une affiche. Pourquoi voulais-je me l'ôter de la vue ? Mystère…
Enfin…
J'ai pu encrer la dernière couche avant le passage au vernis.
Purée, c'est déjà long en temps normal, alors là en temps retardé, c'est l'horreur…
Je n'en peux plus !
À part ça…
Un gars qui plante un farinier et qui se plaint de la pluie. On dirait moi devant un pot de fleur mortes : comment ça les plantes ont besoin d'eau ?
Un gars qui regarde son bateau dans la marina. On dirait moi bassinant le pot de fleurs desséchées : comment ça les plantes de revivent pas si je les plonge dans l'eau ?
Un gars qui s'affiche de façon excentrique, tout le contraire de moi.
Et un gars s'ennuie de s'inquiéter de ma santé ! On dirait moi pensant choper un virus de poils de Médor !
Donc RAS "everybody" ! Me reste plus qu'à décourager Médor de sortir pour enfin filer…