Hier soir, 2 heures au téléphone avec mon pote Victor, un copain de chambrée ardennais avec qui j'ai passé pratiquement 2 ans chez les paras - depuis 1970, on se téléphone régulièrement 2 ou 3 fois par an pour ressasser nos souvenirs et prendre des nouvelles de nos petites familles - un super gars qu'on surnommait alors le sanglier des Ardennes, non pas parce qu'il était spécialement costaud ou buté, mais parce qu'un jour il est arrivé à la caserne affublé de nouvelles chaussures en nous disant : "Les gars, vous avez vu mes nouveaux marcassins ?", bref, le genre de truc qu'il ne fallait pas dire devant moi, surtout en prétextant que sa langue avait fourchée ! :hilarious:
Et, lorsqu'on a raccroché, j'ai fait un constat pour le moins pathétique : on ressasse toujours les mêmes souvenirs et les mêmes anecdotes et pratiquement dans le même ordre, un peu comme si le fait de les évoquer et d'en parler à foison, empêchaient ces souvenirs de sombrer dans l'oubli et le néant sauvegardant ainsi le fil ténu qui nous relie à un passé commun - et, le fait d'en être conscients ne nous empêchera nullement d'en reparler lors de prochaines conversations, ni même de les enjoliver ou même d'en inventer de nouveaux de toutes pièces (notre mémoire n'est plus ce qu'elle était) ! :hilarious:
Victor et moi avons le même problème ... spirituellement, quand on évoque ce passé, on croit encore avoir 20 ans alors que physiquement on serait bien incapables de refaire ne serait-ce qu'un pour cent de ce qu'on a fait ! Triste, mais bien réel ! La semaine dernière, j'avais décidé de reprendre un peu de running à faible dose ... Arrivé au bout de la rue, j'avais déjà craché un poumon (c'est certainement pour ça que mes chats me suivaient !) et j'ai profité d'une crampe au mollet pour m'arrêter et ... pour cloper un coup ! :arghh: - pathétique, n'est il pas ?
En général, on essaie de se revoir physiquement tous les 2 ou 3 ans en se faisant rendez-vous sur les lieux mêmes de nos "exploits" - la dernière fois, c'était pour la cérémonie actant la dissolution de notre bataillon lors d'une dernière journée portes ouvertes à la caserne à Diest et au centre de parachutage de Schaffen - c'était tristounet jusqu'au moment ou, passant devant la piste d'obstacles, Victor a eu la riche idée de vouloir se tester sur quelques obstacles, dont la fameuse "fosse" qui est en fait le premier obstacle de la piste - une fosse en béton lisse d'une profondeur d'environ 2,50 m dans laquelle tu dois sauter d'un côté et ressortir de l'autre ! Et voilà mon Victor qui saute dedans et essaie d'en ressortir de l'autre côté ... peine perdue, il s'arrachait les ongles et les mains dans des efforts surhumains pour tenter de se hisser hors de cette p.... de fosse !
Moi, je m'étais éloigné un peu, assis sur un tronc en train de cloper à l'aise ... Et ça n'a pas manqué ... quelques minutes après, je l'entends gueuler : "P.... Jean-Luc viens m'aider !" ... :hilarious: ... Je n'ai pas répondu et je l'ai laissé mariner et patauger pendant un petit quart d'heure avant de lui donner un coup de main pour sortir - il s'en souvient encore comme si c'était hier !
Et après, on est rentrés penauds en prenant conscience que rien ne serait plus comme avant et que le temps d'avant, c'était le temps d'avant ... ce qui d'ailleurs est dans la lignée des choses ... faut simplement accepter et s'adapter ! Ce qui est fait dans mon cas !
Là dessus ... camomille et au lit ! :hilarious: