De passage sur Terre

  • Créateur du sujet Créateur du sujet jul29
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Une vibration se fait sentir, je m'allonge.
Pas loin de moi se trouve un "zbat", lui aussi était allongé comme un mille-feuille.
Soudainement je m'éloigne de mon corps, je passe du réel à l'iréel, de l'état de conscience à l'état d'inconscience, ce n'est pas la cause d'une drogue, c'est juste... une brise douce comme le baiser d'une femme que l'on aime.

:zen:
 
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Réactions: teo
La brêche du réel dans le cyclique s'est enfin refermée. La cicatrice de la réalité scintillera comme cette trace qui ne renvoie à aucune présence. Les corps ne sont plus que les satellites de la cicatrice. Loin du référent, de l'originaire, la pureté cristalline de la répétition quand elle ne laisse entendre que l'absence du répété
Beauté de la trace
 
Il pleut à gauche. Il fait beau à droite. Ou peut-être l'inverse. Les rafales sont irrégulières, la voiture tangue. Moi de moins en moins. Putain ce que ça fait du bien.
 
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Réactions: teo et ScubaARM
Spectres de métal d'où les reflets se sont soudain absentés. Masse noire de l'énorme pont d'acier. Entre le pont plongé dans l'obscurité et la ligne sombres des grues, le noir s'étale en carrés gris qui ne captent plus l'énergie diffractée de la ville, mais viennent s'opposer comme une fin de non-recevoir à tout parcours du familier. Sauvagerie des maison plates de la ville que la panne de courant fait déambuler dans un territoire utopique. En un instant, c'est toute la géométrie de la ville qui s'est décalée: cet espace du fonctionnel qu'un manque de lumière suffit à projeter dans un nouveau lieu, non fonctionnel, quant à lui, terra incognita qui, dans quelques instants, va accueillir ses premiers explorateurs
 
Le jour s'écoule doucement, épuisant ses couleurs, comme fatigué d'avoir soutenu les choses à la lumière. J'écoute les bruits de la ville. Ils sont loin. Assourdis par mon absence, comme s'ils n'existaient qu'au moment où je décidais de les écouter. J'attends. J'invoque le silence qui devrait les confondre, les faire confluer vers leur destination. Celle des plaines glacées où tout ne sera que paix

Ce territoire où tout est calme, froid et immobile, comme la mort
 
Je vous attends elle et toi .
Elle arrive avec lui , ce qui n'etait pas prevu.
Toi tu arrives , ce qui n'etait pas une certitude .

Etrange personnages qui se trouvent dans cette pièce , différents entre eux par leur âges , par leur comportements : deux sont très calmes et les autres deux sont très agités , un visiblement l'autre interieurement .
La tension est forte, on peut la palper , la sentir .... Qui pense quoi ?

Toi tu me sussurres un mot a l'oreille , je souris , je m'approche encore plus .
Elle est a coté de lui , l'orage approche ... vite essayer de faire dispersion .

Agitation calme toi , c'est un bel apres-midi , il ne faut pas le gacher ...

Elle part avec lui emportant avec eux l'orage .
Toi tu restes ... et je ne me pose plus de questions .
 
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Réactions: r0m1
Souvent j'écoute de la musique

Celle des sphères

Celle d'ici aussi

Et j'y entends une indicible tristesse

Comme cette nuance de tristesse sur la figure des dieux grecs

Comme si ils savaient
 
Tu nous a légué le froid de la Terre

Tu nous a confié le soin de dire la rose dans la croix du présent

Tu nous a demandé des arrêts sur image dans l'écoulement du temps

Tu as oublié de nous laisser la carte de ces passages sur Terre

Tu nous a laissé déboussolés
 
le souffle se trouble,la transpiration se fait intense....du liquide s'écoule tout doucement...
ce sang appartient à mon père, il gît au pied de son lit, ses cris ne m'ont même pas alerté... il semblait si bien la veille, son air jovial, sa prestance,sa hauteur et son élocution tant appréciée ne seront plus maintenant que de vieux souvenirs...je sors enfin de ce funerarium...les gens m'entourant ne semblent pas attristés de son départ... je me réveille finalement en sursaut et déjeune avec l'impression d'un cauchemar terrible

:zen:
 
Ressusciter des fils ?

Peut-être

Juste pour dire mon bref passage dans une très courte unité de temps
 
Aucun cadran n'affiche la même heure
Aucun amant ne livre la même humeur.

On dirait qu'on sait lire sur les lèvres
et que l'on tient tous les deux sur un trapèze.

Tous nos échanges coulaient de source.
Je T'ai manqué, pourquoi tu me visais ?



Mais ce que je veux, c'est voyager en solitaire..
 
On m’appelait Laïka

Là-bas vers Baïkonour
Les gens du coin m’aimaient bien
Je ne faisais jamais trop de bruit
J’étais discrète
J’avais un peu froid parfois
Mais j’étais heureuse

Un jour, ils m’ont emmené
Sur une grande surface de ciment gelé
Et ils m’ont attaché dans une petite boîte cylindrique
J’avais confiance en eux
Mais je tremblais beaucoup

Il y eut un grand bruit
Et j’ai dormi
Quand je me suis réveillé, j’ai vu que je m’étais uriné dessus
Ils n’auraient pas aimé ça, je sais
C’est que j’avais été bien dressée

Avec mes grands yeux noirs, j’ai regardé par le hublot
J’ai vu des couleurs trop petites
Je n’ai rien compris
J’ai longuement attendu qu’ils reviennent

Et puis j’ai aboyé
Juste un peu
Je n’y ai pas fait exprès
Je sais qu’ils n’aimaient pas ça
 
J'ai cru un moment que Spoutnik I...

Je ne sais pas ce que j'ai cru dans Spoutnik II

J'ai entendu : "Laïka"

C'était dans le petit HP soudé dans mes oreilles

Il m'a dit : "je suis désolé. Il va falloir que tu tournes"

Et je lui a dit : "Pourquoi ?"

Il m'a dit : "ne te poses pas de questions"

Et je lui ai dit : "mais moi je ne vois rien, c'est toi qui me disais : le grand regard de l'animal que tu es, élargira notre conscience"

Et il m'a dit : "sois raisonnable. La nourriture empoisonnée ne t'a pas tuée. Une fois de plus, on s'est planté à Baïkonour

Et je lui ai dit : " Adieu, petit homme"
 
Dimitri ?

Tu m'as laissée toute seule lâ-haut et tu ne réponds pas

Tu sais, j'ai aussi un monde
Je me demande parfois s'il n'est pas plus vaste que le tien
J'ai senti les odeurs des poubelles
dans lesquelles tu jetais n'importe quoi
Oui, ça puait

Tes rêves puaient

Mais moi, je m'en fous, je tourne

Et toi Dimitri ?

C'est ton petit monde qui tourne autour de toi ?
 
Je tourne, je tourne
Bientôt 50 ans que je tourne
Et qu'est-ce que je vois ?


Dimitri est mort depuis longtemps
Un cancer du testicule gauche qui a mètastasé
dans le lobe droit de son cerveau
Ce qui lui a supprimé toute possibilité
de se rappeler de moi
A la fin, avant qu'on le débranche
Il s'est mis à parler d'une chienne
Qui n'avait plus de niche
Et qui parlait des étoiles

Comme si je parlais des étoiles ...
Non, je parle de vous
Depuis que je tourne...
L'hélicoïdale a subi un petit changement de direction
Pas grand chose, mais ça a suffit
Du coup, je suis immortelle

Et je vous vois
Sur des plages incertaines et froides
Errant
pendant que les vagues dessinent
des figures et des textes
que vous ne pourrez pas décrypter
 
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Réactions: LeConcombreMaske
C'est moi qui suis le plus haut.
J'en tire pas gloire, mais c'est comme ça, j'habite au dessus de tout le reste de la famille.
J'ai mon étage à moi.
Je partage un peu avec le père, son bureau est au fond du grenier.
Mais moi, j'ai tout le reste. Et la fenêtre.
Vue imprenable. Coteaux, collines, chaines lointaines, vallée proche, cimes des arbres, nids d'oiseaux, clochers, tourelles.
Et la nuit, une ribambelle lumineuse.
Je l'ai ouverte, la fenêtre. Je fume. Je hume. Je regarde.
La femme qui m'a embrassé, la femme qui m'a caressé, qui m'a déshabillé, enlacé, pris dans sa bouche, la femme qui m'a guidé en elle, qui m'a accueilli, qui est allé me chercher, c'est une collègue de ma mère.
Moi, je le sais ce jour même. La certitude est apparue, comme un voile qui se déchire sur les traces de l'enfance.
C'est aujourd'hui, pour ce qu'il en est de la révélation du jour : je suis un obsédé sexuel.
Il faudra que je vive avec ça.
Que j'apprenne à ne pas tout ramener au sexe, à ne pas toujours considérer que c'est la chose la plus importante de la vie. Que ma quête de cul ne m'empêche pas de vivre.
Aujourd'hui je le sais. J'ai seize ans, maintenant. Je suis grand.
Il y a quelques semaines, j'ai couché avec ma prof de théâtre.
C'est elle qui est venue me chercher. Elle m'a offert un baiser comme personne ne me l'avait offert. Un baiser savoureux, un baiser langoureux.
Un baiser suave et délicieux.
J'ai durci jusqu'à en avoir mal.
Elle a accepté de m'apprendre deux ou trois trucs en dehors du cadre dramatique.
C'est stratosphérique, quand même, cette histoire. Le cul.
Je comprends qu'on se damne pour ça. L'état dans lequel ça met...
Après, les femmes, c'est... C'est quand même super différent. Entre elles, je veux dire. Elles sont toutes différentes.
Mais quand une femme sait ce qu'elle veut, elle peut t'emmener exactement au même endroit qu'elle.
C'est ce qu'elle a dit, l'infirmière de ce soir.
- Viens, on va au même endroit, toi et moi.
Au fond d'elle, on allait.
Si j'me concentre, que je fais pas le con, que j'essaye de comprendre, que je pose des questions, en deux ou trois ans, je devrais déjà arriver à mieux comprendre comment ça jouit, les femmes.

Maintenant, j'aimerais bien coucher avec la copine de ma tante. Aux prochaines vacances.
 
Dernière édition:
Je suis allongé sur une moquette gris-bleu. Au bout du couloir. Après les portes anti-feu. À cette heure, personne ne va nous déranger, tout le monde dort, dans ce village de vacances.
Tu es brune et belle, plus âgée que moi de deux ans.
Je ne sais toujours pas pourquoi tu as jeté ton dévolu sur moi.
L'anorak rouge ? Tu m'as regardé droit dans les yeux dès le premier jour où tu es venue chercher ton petit frère à la fin du cours.
Et pour la première fois de ma vie, dans ce regard, j'ai lu une envie que personne ne m'avais jamais donné à lire.
Ça fait trois jours que l'on s'embrasse, que l'on se touche, que l'on rigole.
Et demain, tu reprends la route, avec papa-maman.
Alors ce soir, on prend du temps. Je ne sais pas trop de quoi j'ai envie, mais toi, tu as l'air de savoir.
Tu t'es accroupie.
Sur moi.
Tu mets un doigt sur tes lèvres, pour m'intimer le silence.
Tes mains descendent le long de mon torse, trouvent ma braguette. Maladroitement, tu baisses mon jean.
Moi, je ne bouge plus. Figé, comme un enfant perdu.
Muet.
Mon engin se dresse entre tes mains. Tu me dis :
- tu l'as déjà fait ?
Je secoue la tête. De gauche à droite. Je ne suis même pas sûr de ce dont tu parles.
Il est minuit passé, nous sommes maintenant samedi.
Ta main me guide au bord de ce gouffre inconnu, de cette caverne humide.
Tu te penches sur moi, tes lèvres glissent sur mes lèvres, ton bassin part à la rencontre du mien. Le feu s'allume au fond de moi pour la première fois.
Je suis paralysé. Je ne m'attendais pas à ça.
Je viens d'avoir quatorze ans. Mais là, je suis immortel.
Mon souffle s'accélère, j'explose trop vite. C'est ça, jouir ? Cette émotion si brève? Tu continues à te servir de moi, jusqu'à gémir et me tomber dessus.
On reste là, longtemps. À se chuchoter des choses sans importance. Des légèretés.
Pas de promesses, pas de retours. Dans quelques heures, tu seras partie.
Plusieurs vies plus tard, je peux te l'avouer, j'ai oublié ton prénom, il y a longtemps. Ce doit être un signe, dirait les psys.



Aujourd'hui, j'aimerais bien savoir si tu te souviens, toi.
 
Il faut à tout prix éviter les rêves. Ces territoires où l'on est amené sans y avoir été convié.

Ma belle a crevé le miroir, émergeant fraîche et excitante comme si elle sortait de l'eau.
Elle m'a emmené au parc du Retiro un jour d'automne, m'a fait goûter dans le Trastevere la pasta de Margarita, a caressé ma poitrine avec ce mouvement inconscient que te procure l'acmé, m'a fait boire des gorgées de Chardonnay frais dans sa bouche chaude, a écrit avec son rouge à lèvres des mots d'amour sur le miroir du hall de l'hôtel à San Diego, a kidnappé mes mains entre ses jambes pendant que je la massais avec de la crème sur une plage des îles Fidji, m'a ordonné de lui faire l'amour de toute urgence sur le siège arrière de sa Pontiac à Austin texas…
Bref, ça n'a pas été simple de revenir (coller) à la réalité sans m'agripper à son fichu nom