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Deleted member 18124
Invité
Pascal 77 a dit:Laissez moi vous conter l'histoire édifiante de Gudule Céralès-Thomas et ce qui en découlât.
Issue en 1923 des amours d'Eudoxie Thomas et de Gédéon Céralès, la jeune Gudule Céralès vécut une enfance que, nonobstant les moqueries et menus horions que ses petits camarades lui firent subir au prétexte d'un prétendu important strabisme divergent, on pourrait qualifier de "sans histoire".
Puis, vint la période de l'adolescence, et des premiers émois amoureux. Follement éprise de Justinien Nideux, le fils du crémier du quartier, cette période fut pour elle une cruelle époque de désillusion, le susdit Justinien n'ayant d'yeux que pour Raymonde Anité, la vendeuse de la boulangerie d'à côté.
Certes, quelques jeunes gens des environs, moins favorisés par la nature que le jeune Nideux lui eussent volontier tenu compagnie quelques heures dans un endroit calme et discret, mais elle regardait droit devant elle (dans la mesure du possible, vu que son champs de vision, bien qu'il fut étendu de près de deux cent degrès d'angle en raison de son léger défaut précédemment évoqué, présentait une petite lacune d'environ trente degrés vers le centre), ce serait Justinien ou personne.
Les années passant, et l'âge adulte arrivant avec celui de la majorité, Justinien se perdit dans les méandres de l'existence, Gudule décida d'accoller le nom de sa mère à celui de son père, et de devenir sérieuse.
C'est à cette époque qu'elle fit la connaissance d'Antonin Djardain, tout jeune ingénieur en construction automobile, fort beau jeune homme, malgré un pied bot, et une bosse dans le dos, en outre nanti d'une honorable situation au sein du bureau d'études de la société des automobiles Panhard et Levassor, ou il dessinait les carosseries des modèles de la marque.
Très vite, ils devinrent amants, mais ne se marièrent pas, car Gudule tenait à suivre l'exemple de sa chère maman, qui n'avait jamais épousé son papa, et puis aussi, parce que ça m'arrange, parce que Gudule Djardain, ça fait pas rire.
Une fois le couple installé, ils menèrent une vie sans histoire durant quelques années, jusqu'au début des années soixante, ou la carrière d'Antonin fût bouleversée par le rachat de Panhard et Levassor par Citroën.
Il fut affecté au bureau d'étude de cette dernière société, qui surfait sur le succès de son modèle DS, et de ses dérivés. Peu de temps après, on demanda à Antonin de plancher sur la modernisation de la fameuse DS, tout en lui gardant son identité si typique. Mais comment faire.
Ce problème l'obsédait tant qu'il y pensait tout le temps, y compris le week-end, en accompagnant sa compagne au marché, ou en promenade. Il était tellement préoccupé, qu'a chaque fois qu'il entrait chez lui, il ratait le tournant du couloir, tournant trop tôt, et se prenant le coin du mur à chaque fois.
Notant que la mésaventure ne survenait pas à sa maîtresse, il lui demandât comment elle s'y prenait pour ne jamais se cogner aux coins de couloir ?
"C'est simple" répondit-elle, "lorsque le couloir tourne d'un côté, je regarde droit devant de l'½il du côté opposé, ainsi, l'½il du côté du tournant est-il convenablement orienté pour que je puisse voir où je vais !"
"Ah oui, mais c'est génial !" répliqua-t-il, "positivement génial !".
Et c'est ainsi que le nouveau modèle de DS Citroën se vit doter de ses très modernes et innovants phares à optiques pivotantes vers le milieu des années soixante.
Je n'ose imaginer comment ils ont eu l'idée de la suspension avec le cul de la bagnole qui se lève quand on démarre. Un truc sexuel sûrement. :siffle: