Dans son premier long-métrage, Diva (1981), il y a un postier fou d'opéra. Richard Bohringer compose un puzzle géant sur le sol de son loft où trône une baignoire. Comme dans Subway, de Luc Besson, on trouve une course-poursuite dans le métro. Frédéric Andréi, l'acteur, avait juré à Beineix qu'il s'entraînait. Il cracha ses poumons dès la troisième prise. Diva n'attire d'abord pas les foules mais c'est l'époque où un film peut rester des semaines à l'affiche. Le bouche à oreille a le temps de s'installer. Le chroniqueur Jean-Michel Gravier lui consacre tellement d'articles se terminant par la litanie « Diva, Diva, Diva ! » qu'il finit par rafler une moisson de César.
Beineix est mis sur orbite et enchaîne avec La Lune dans le caniveau (1983), tiré d'un roman de David Goodis, avec Gérard Depardieu. Le réalisateur enfonce le clou d'une esthétique pubarde qui tourne le dos au naturalisme. Couleurs criardes, cadrages bizarres, il n'en faut pas plus pour que la critique se pince le nez. Tourné à Cinecitta avec un budget conséquent, le résultat est une catastrophe financière. Sur le plateau, Depardieu siffle de la vodka en douce et Nastassja Kinski refuse de l'embrasser à l'écran.