Les villes de grande solitude.......

Mots blancs sur fond blanc.
 
Gaspar a dit:
Mots blancs sur fond blanc.

La crème des mots :D Fais attention quand même, tu vas nous mettre le Roberto en "nervous breakdown" là, c'est sensible, un auteur de BD :p

:D :D :D
 
Pendant des années, j'ai travaillé avec mon équipe dans une sorte de "grande bulle protectrice" dont l'avantage et non le moindre, était de nous protéger des attaques de l'extérieur ... on appliquait avec dextérité la technique de la tortue qui, comme les voies du seigneur, nous rendait impénétrables !!!
Même le cheval de Troie nous était familier puisqu'on n'hésitait pas à infiltrer l'adversaire potentiel pour mieux le maîtriser...
Notre groupe était soudé et solidaire, sympa et efficace ... une référence en quelque sorte...
On travaillait entre nous, on vivait entre nous, on bouffait entre nous ... la seule chose qu'on ne faisait pas entre nous,c'était copuler parce qu'il ne faut pas exagérer quand même !!!!! Arf !
Puis vint le temps de la "grande restructuration" ... et notre bouclier humain, pourtant si soigneusement astiqué durant de nombreuses années vola en éclat devant les coups de boutoirs du géant américain...
Patiemment, lentement, on réussit à se vendre et à se faire apprécier ... Certain qu'ils ont du se demander d'ou sortaitcette bande d'hurluberlus un peu perturbateurs et iconoclastes, mais qui, en fin de compte, bossaient quand même pas mal !
Si on n'est pas parvenu à "vendre" le groupe, on a au moins réussi à caser tous les individus qui le composaient, et ça, je n'en suis pas peu fier !!!
Maintenant, on est tous un peu séparés, un peu éclatés au milieu des 2300 personnes qui bossent sur le site ... on se voit pour la bouffe du midi, pour discuter un peu et, à ma grande surprise, tout le monde est heureux d'avoir quitté la "bulle", à croire que cette "bulle" était un frein aux aspirations personnelles de chaque individu...
Chacun s'est fait de nouveaux amis venant de tous les horizons, certains ont changé d'orientation professionnelle et de responsabilités, mais la plupart disent avoir retrouvé une sorte de liberté dont ils avaient été un peu privés au cours des dernières années...
Ce midi, l'un d'entre eux m'a gentiment reproché un certain côté "paternaliste" qui, parfois leur semblait étouffant !!!
Même Gros René y a été de son petit couplet, ce qui, je vous l'avoue, m'a sérieusement attristé ... surtout quand il a ajouté avec une pointe de tristesse dans la voix : "dommage que je ne sois pas rentré ici plus tôt !!!" ... et tchac ! prends toi ça dans la gueule...
Depuis la fin du déjeuner, j'ai longuement réfléchi et j'en arrive à la conclusion qu'ils ont "un peu beaucoup" raison ... malheureusement !
Pendant plus de 20 ans, j'ai peaufiné le groupe, veillant à sa "sélection naturelle", n'y ajoutant que des éléments que moi seul jugeais valables ... ce groupe était devenu non pas une somme de plusieurs individus, mais un outil que je maniais à merveille dans toutes les négociations, une arme que je brandissais en cas de difficultés, un atout dans la
gestion de ma carrière...
Bien sûr, je les ai soignés, choyés, protégés mais, à bien y réfléchir, on fait de même avec les chevaux des picadors avant de les envoyer dans l'arène pour le spectacle...
Je les aime ces gars et ces filles qui m'ont fait confiance et qui aujourd'hui se montrent francs et honnêtes ...
Je les aime, même si ce début d'après-midi a le goût d'une grande solitude....
je les aime, même si j'en viens à essuyer une petite larme au coin de l'oeil...
...c'est la vie ... probablement !
 
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Réactions: bebert et macmarco
thebiglebowsky a dit:
Pendant des années, j'ai travaillé avec mon équipe dans une sorte de "grande bulle protectrice" dont l'avantage et non le moindre, était de nous protéger des attaques de l'extérieur ... on appliquait avec dextérité la technique de la tortue qui, comme les voies du seigneur, nous rendait impénétrables !!!
Même le cheval de Troie nous était familier puisqu'on n'hésitait pas à infiltrer l'adversaire potentiel pour mieux le maîtriser...
Notre groupe était soudé et solidaire, sympa et efficace ... une référence en quelque sorte...
On travaillait entre nous, on vivait entre nous, on bouffait entre nous ... la seule chose qu'on ne faisait pas entre nous,c'était copuler parce qu'il ne faut pas exagérer quand même !!!!! Arf !
Puis vint le temps de la "grande restructuration" ... et notre bouclier humain, pourtant si soigneusement astiqué durant de nombreuses années vola en éclat devant les coups de boutoirs du géant américain...
Patiemment, lentement, on réussit à se vendre et à se faire apprécier ... Certain qu'ils ont du se demander d'ou sortaitcette bande d'hurluberlus un peu perturbateurs et iconoclastes, mais qui, en fin de compte, bossaient quand même pas mal !
Si on n'est pas parvenu à "vendre" le groupe, on a au moins réussi à caser tous les individus qui le composaient, et ça, je n'en suis pas peu fier !!!
Maintenant, on est tous un peu séparés, un peu éclatés au milieu des 2300 personnes qui bossent sur le site ... on se voit pour la bouffe du midi, pour discuter un peu et, à ma grande surprise, tout le monde est heureux d'avoir quitté la "bulle", à croire que cette "bulle" était un frein aux aspirations personnelles de chaque individu...
Chacun s'est fait de nouveaux amis venant de tous les horizons, certains ont changé d'orientation professionnelle et de responsabilités, mais la plupart disent avoir retrouvé une sorte de liberté dont ils avaient été un peu privés au cours des dernières années...
Ce midi, l'un d'entre eux m'a gentiment reproché un certain côté "paternaliste" qui, parfois leur semblait étouffant !!!
Même Gros René y a été de son petit couplet, ce qui, je vous l'avoue, m'a sérieusement attristé ... surtout quand il a ajouté avec une pointe de tristesse dans la voix : "dommage que je ne sois pas rentré ici plus tôt !!!" ... et tchac ! prends toi ça dans la gueule...
Depuis la fin du déjeuner, j'ai longuement réfléchi et j'en arrive à la conclusion qu'ils ont "un peu beaucoup" raison ... malheureusement !
Pendant plus de 20 ans, j'ai peaufiné le groupe, veillant à sa "sélection naturelle", n'y ajoutant que des éléments que moi seul jugeais valables ... ce groupe était devenu non pas une somme de plusieurs individus, mais un outil que je maniais à merveille dans toutes les négociations, une arme que je brandissais en cas de difficultés, un atout dans la
gestion de ma carrière...
Bien sûr, je les ai soignés, choyés, protégés mais, à bien y réfléchir, on fait de même avec les chevaux des picadors avant de les envoyer dans l'arène pour le spectacle...
Je les aime ces gars et ces filles qui m'ont fait confiance et qui aujourd'hui se montrent francs et honnêtes ...
Je les aime, même si ce début d'après-midi a le goût d'une grande solitude....
je les aime, même si j'en viens à essuyer une petite larme au coin de l'oeil...
...c'est la vie ... probablement !


Chacun a su en tirer le meilleur et s'envoler le moment venu. C'est donc plutot une grande réussite cette bulle... :zen:
 
thebiglebowsky a dit:
Je les aime ces gars et ces filles qui m'ont fait confiance et qui aujourd'hui se montrent francs et honnêtes ...
Je les aime, même si ce début d'après-midi a le goût d'une grande solitude....
je les aime, même si j'en viens à essuyer une petite larme au coin de l'oeil...
...c'est la vie ... probablement !
Ben oui. :) Et c'est sans doute parce qu'ils t'aiment aussi qu'ils ont su se montrer francs envers toi. ;)
 
Appuyer à fond sur le champignon... trouver un mur en béton... foncer en regardant droit devant soi... et s'enfoncer dedans... le traverser... pour trouver de l'autre côté une autre Vie.
J'ai les pieds en plomb et le c½ur qui saigne. L'air n'arrive pas tout au fond des sacs... Inspiration profonde... Ça rentre pas.
Je n'ai pas demandé de porter une croix si lourde...
Mais je sais que demain, je ferais en sorte de ne pas penser, d'oublier un peu.
Le temps de recharger les globules d'O2...
Another time, another space... Les ponts brûlent... Les reconstruire encore en bois, c'est une connerie...
 
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Réactions: rezba
macelene a dit:
Appuyer à fond sur le champignon... trouver un mur en béton... foncer en regardant droit devant soi... et s'enfoncer dedans... le traverser... pour trouver de l'autre côté une autre Vie.
J'ai moi-même essayé pour un piètre résultat.
Donc,
macelene a dit:
Les ponts brûlent... Les reconstruire encore en bois, c'est une connerie...
"peut-être" essayer de trouver le bon maître-d'½uvre ? ;)
 
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Réactions: macelene
macelene a dit:
Appuyer à fond sur le champignon... trouver un mur en béton... foncer en regardant droit devant soi... et s'enfoncer dedans... le traverser... pour trouver de l'autre côté une autre Vie.

Pas de conneries...
 
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Réactions: macelene
macelene a dit:
Appuyer à fond sur le champignon... trouver un mur en béton... foncer en regardant droit devant soi... et s'enfoncer dedans... le traverser... pour trouver de l'autre côté une autre Vie.
J'ai les pieds en plomb et le c½ur qui saigne. L'air n'arrive pas tout au fond des sacs... Inspiration profonde... Ça rentre pas.
Je n'ai pas demandé de porter une croix si lourde...
Mais je sais que demain, je ferais en sorte de ne pas penser, d'oublier un peu.
Le temps de recharger les globules d'O2...
Another time, another space... Les ponts brûlent... Les reconstruire encore en bois, c'est une connerie...

Appuie à fond...et viens donc de ce côté ci ;) . Tu connais le chemin maintenant. On ira voir la mer, tu sais celle qu'on aime tant toutes les deux. :love:
 
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Réactions: macelene
Quoi qui t'enserre, je te souhaite de trouver la pluie ou le feu qui t'en lavera.
Que tu puisses à nouveau retrouver l'air libre parcourant tes poumons.

;)
 
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Réactions: macelene
Une route, mais pas de murs... des portes, trop de portes... Des couloirs. Attendre avec des gens inconnus. lunettes noires pour ne pas avoir les yeux qui plissent... Pour cacher des larmes qui sèchent vite. Pour ne pas regarder en face la misère, la peur,
Essayer de trouver des mots qui me font chanter... Me dire que ce n'est qu'un mauvais rêve...
Et quand je rentre dans ma maison, je retrouve les marques de la Vie. Elle vaut la peine d'ëtre vécue.
Ne vous faites pas de soucis. Je crie ici des maux que je cache si fort au fond de moi. Merci de les lire.Merci... :zen:
Regarder le ciel tout bleu, si bleu comme la fumée ce ces trois cigarettes que je vais fumer coup sur coup jusqu'à n'en plus pouvoir. Comme pour masquer ces hauts le c½ur. Musique et
Unforgettable, Storm in my head. Buena sera. Remonter et l'air est là tout près de moi. Ça va...
 
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Réactions: PATOCHMAN
J'habite pas très loin de Ypres et j'y passe quand l'envie me prend d'aller à la mer...

Ypres a ceci de particulier qu'elle est le "Verdun" des belges ... une région dévastée par les combats sanglants de la première guerre, une région où foisonnent les cimetières militaires et les vestiges de la folie des hommes...

Ces vestiges, les gens de la région, et en particulier les cultivateurs, en retrouvent tous les jours, douilles, obus non explosés, mines, objets personnels des acteurs de la grande tuerie...

Deux à trois fois par an, on découvre encore des restes humains ... misérables ossements recroquevillés dans des cratères innombrables au milieu de forêts pétrifiées ... arbres encore déchiquetés par la mitraille ... même les oiseaux semblent encore s'en souvenir tant il me semble qu'ils chantent moins fort dans ce lieu d'agonie...

La semaine dernière, un fermier avait décidé de nettoyer le bosquet qui jouxtait son champ ... son excavatrice a commencé à mettre à nu un bloc de béton, et puis un autre et encore un autre... pour découvrir enfin ce qui s'est avéré être la partie haute d'une casemate dont tout le monde avait oublié jusqu'à l'existence...
La porte d'acier ne résista pas aux pieds de biche et l'entrebaillement découvrit un petit escalier qui descendait dans les ténèbres...
Au bas de l'escalier, un petit tunnel partiellement inondé qui reliait 4 chambres qui devaient probablement être un lieu de refuge pour les combattants...

On n'y découvrit pas grand chose ... à part un petit carnet pourri de moisissure dont toutes les pages étaient vierges de toute écriture... au mieu de ce carnet, une photo ! Une photo de jeune femme qui souriait en tenant un bébé dans les bras ... l'humidité avait rongé la moitié de la photo, seuls les visages étaient encore épargnés comme si le destin l'avait voulu ainsi...

Pas d'inscription, pas de nom, rien ... le vide de l'oubli et de l'éternité...

J'ai eu ce carnet entre les mains et j'ai vu la photo jaunie ... j'ai caressé les visages et ressenti une peine immense qui me submergeait ... je ne sais pas pourquoi...
Mais ce jour-là, toute la solitude du monde m'est tombée dessus et un certain goût de cendres ne m'a plus quitté.....
 
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Réactions: Franswa et PATOCHMAN
Tes textes sont poignants, TheBig. ;) Tu devrais te mettre à écrire... Tu aurais du succès, tu irais chez Pivot ou chez Ardisson. :p :D et tu ferais des dédicaces dans les Flaques©. :D
 
thebiglebowsky a dit:
J'habite pas très loin de Ypres et j'y passe quand l'envie me prend d'aller à la mer...

Ypres a ceci de particulier qu'elle est le "Verdun" des belges ... une région dévastée par les combats sanglants de la première guerre, une région où foisonnent les cimetières militaires et les vestiges de la folie des hommes...

Ces vestiges, les gens de la région, et en particulier les cultivateurs, en retrouvent tous les jours, douilles, obus non explosés, mines, objets personnels des acteurs de la grande tuerie...

Deux à trois fois par an, on découvre encore des restes humains ... misérables ossements recroquevillés dans des cratères innombrables au milieu de forêts pétrifiées ... arbres encore déchiquetés par la mitraille ... même les oiseaux semblent encore s'en souvenir tant il me semble qu'ils chantent moins fort dans ce lieu d'agonie...

La semaine dernière, un fermier avait décidé de nettoyer le bosquet qui jouxtait son champ ... son excavatrice a commencé à mettre à nu un bloc de béton, et puis un autre et encore un autre... pour découvrir enfin ce qui s'est avéré être la partie haute d'une casemate dont tout le monde avait oublié jusqu'à l'existence...
La porte d'acier ne résista pas aux pieds de biche et l'entrebaillement découvrit un petit escalier qui descendait dans les ténèbres...
Au bas de l'escalier, un petit tunnel partiellement inondé qui reliait 4 chambres qui devaient probablement être un lieu de refuge pour les combattants...

On n'y découvrit pas grand chose ... à part un petit carnet pourri de moisissure dont toutes les pages étaient vierges de toute écriture... au mieu de ce carnet, une photo ! Une photo de jeune femme qui souriait en tenant un bébé dans les bras ... l'humidité avait rongé la moitié de la photo, seuls les visages étaient encore épargnés comme si le destin l'avait voulu ainsi...

Pas d'inscription, pas de nom, rien ... le vide de l'oubli et de l'éternité...

J'ai eu ce carnet entre les mains et j'ai vu la photo jaunie ... j'ai caressé les visages et ressenti une peine immense qui me submergeait ... je ne sais pas pourquoi...
Mais ce jour-là, toute la solitude du monde m'est tombée dessus et un certain goût de cendres ne m'a plus quitté.....

T'as jamais pensé à écrire un bouquin? Ou au moins un blog?
 
Fab'Fab a dit:
T'as jamais pensé à écrire un bouquin? Ou au moins un blog?
:D ... pour être franc et honnête, je serais tout-à-fait incapable d'écrire un bouquin, ce qui sous-entend un travail de longue haleine suivant une trame unique... je suis trop fainéant pour ça !!!!:D
Par contre, jeter des pensées ou des petites histoires en vrac dans un grand melting-pot de sentiments, ça ... ça me va !!!
J'écris beaucoup ... mes petits "Moleskine" ne me quittent jamais et je dois bien en avoir une dizaine qui sont remplis à ras bord ... malheureusement, ceux qui sont remplis, je ne les ouvre plus ... ils ont simplement servis à exorciser un moment bien précis, fugace et éphémère... ils ne valent plus pour leur contenu mais bien pour le soulagement qu'ils m'ont apportés à un moment donné.
J'ai le besoin viscéral d'écrire pour comprendre ce qui m'arrive ... qu'importe le support : papier ou écran et clavier ... quelle importance ?
Beaucoup de pages de mes petits carnets sont tâchées de larmes... mais parfois, il y a des rires d'enfants qui s'en échappent aussi, et des sourires, et des embrassades et des poignées de mains... du soleil aussi balayant les nuages...
La semaine dernière, j'ai commencé un nouveau carnet : un ligné celui-là (ils n'avaient plus de quadrillés) ... comme à chaque fois, je l'ouvre plusieurs fois en étirant bien la couverture pour l'assouplir, je caresse délicatement la trame du papier, je sors le vieux Waterman de mon père (un vieux truc à pompe que je remplis avec de la Royal Blue) et je commence ... hésitation de la plume qui glisse entre les lignes et puis, tout se met en place ... les idées se juxtaposent, les sentiments se font moins flous et la vie, ma vie qui défile en arrondis soignés...
C'est sensuel d'écrire... ... ... ...:zen:
 
un proverbe qui me vient du Maroc:

"Ecris les choses néfastes que l'on t'a fait subir dans le sable, mais grave les bonnes dans le marbre."

:)
 
Roberto Vendez a dit:
Alors : merci Jean-Luc, et n'hésite jamais à continuer !
:love: :love: :love:
Alors tu en prends la responsabilité .....;)

Dimanche soir, j'ai écrit beaucoup ... très beaucoup comme disait mon fils quand il était petit...
Ce n'était plus une plume que je maniais, c'était une rotative ...!
J'ai gueulé à l'injustice, appelé la vengeance, renié ce que j'avais de bon au fond de moi...
Après quelques pages d'éructations morbides mais combien jubilatoires, je n'étais plus que l'ombre de moi-même, un erzatz de zebig, une carcasse immonde qui croupissait dans sa merde...
Même Dieu en a pris sur la gueule comme si Dieu était responsable de mes problèmes de petit bourgeois s'apitoyant sur son pauvre sort que d'aucuns jugeraient encore très enviable...
Passé la colère, vint la déprime avec ses flots de pages dont l'encre se mêlait aux larmes...
Puis vint le doute avec un cortège de points d'interrogations comme si ma vie avait été un immense point d'interrogation dont je n'arrive pas à dessiner la fin...
S'ensuivit le remords ... qu'avais-je donc fait de mal pour me retrouver à 3H du mat en train de noircir des tonnes de papier ?
La bouteille de Vodka commencait à en prendre pour son grade (je devrais dire "degré" !!!) et c'est au moment précis où je vidais mon ennième verre que je crus sentir une présence à mes côtés ... une présence tranquille et réconfortante ... une présence humant la lavande, le pain frais et la confiture de myrtilles... je n'osais tourner la tête de peur que tout s'évanouisse, que tout disparaisse...
Je sentis une main prendre ma main et la plume glissa sur le papier ... quelques lettres d'abord et puis une simple phrase : "l'aimes-tu ???" - sans hésitation j'écrivis : "oui ! je l'aime plus que tout !!!!"
Et ma main de continuer à écrire comme si elle ne m'appartenait plus ... et cette main me parlait d'enfants et de bonheur, de prairies inondées de rosée, de ciels clairs et lumineux, de rires dans l'escalier et d'odeur de chocolat dans la cuisine...
Le chagrin et l'alcool ne font pas bon ménage ... rêves et cauchemars se superposent à mon regard vascillant... je tombais sur le lit et m'endormit tout habillé jusqu'au petit matin...
Je me réveillais dans un sursaut ... "Grand-Mère !" m'écriais-je !!! mais rien ni personne ne me répondit à part les cognements d'une migraine "pulsative" à l'extrême...
Je me levais péniblement ... et surpris, commencait a admirer les entrelas d'un coquelicot surperbement dessiné sur la page droite de mon carnet quand je me souvins que jamais, ô grand jamais, je n'avais réussi à dessiner un coquelicot... ... ... ... ... ...
 
...qu'on enlève mes yeux pour ne plus te voir...
...qu'on me crève les tympans pour ne plus t'entendre...
...qu'on me coupe les mains pour ne plus te caresser...

Mais qu'on me laisse le coeur pour pouvoir t'aimer encore.....