Voilà.
Assis au bord de la scène, un peu voûté, la dernière clope au bec et la transpiration de la nuit qui sèche et offre ma chair de poulle aux vents frais à travers les trous de ma chemise déchirée par les fans en délire.
Putain, c'était bien !
J'en ai les yeux rouges, la tête qui bourdonne.
Je suis fatigué.
Mais c'était bien.
La salle est vide, elle pue la bière et le vestiaire.
L'éclairage froid des néons rallumés me donne l'air d'avoir soixante piges, je parie. Je suis obligé de plisser les yeux.
Tiens, voilà Dédé.
"Hey ! Dédé, qu'est-ce tu fais, mon gars ?
"J'suis obligé d'netoyer, m'sieur PonkHead (il est poli, Dédé), y en a encore plein qu'on vomi, là.
"Ouais, attend, je vais t'filer un coup d'main.
Allez, passer la wasseing, ça va m'vider la tête et puis, y paraît qu'on a besoin de la salle pour d'autres.
Faut la laisser correcte.
Y paraît qu'y a d'la jeunesse qui attends derrière.
On dit même qu'un vieil habitué qu'étais passé videur et n'y mettait plus les pieds voudrait maintenant y remonter.
Y paraît tellement d'trucs...
Moi, j'y crois pas à tous ça, pas vraiment.
J'ai peur que bientôt le taulier rase tout ça pour y contruire un supermarché ou un multiplex, une horreur standardisée.
Alors, j'râle comme un vieux con et on m'dit que j'vis dans l'passé, que je comprend plus l'époque, qu'à ressasser comme ça, j'vais m'coller l'infarctus et que c'est comme ça, qu'on peut rien y changer, c'est la course du monde.
Ouais.
Sans déconner ?!
Tout passe, y paraît.
On peut pas être et avoir été.
Surtout quand on a si peu été.
J'ai fais mon temps.
J'passe du côté des mangeurs de Flamby devant la télé avec la p'tite couverture sur les g'noux et la sortie hebdomadaire en car pour revenir faire coucou, boire un ballon et croire peut-être que je vis encore.
Ouais...
Alors, salut.