Je trouve que le sujet peut être intéressant à aborder mais qu'il est amené de manière maladroite car le titre et le sondage parlent de deux choses différentes, voir même trois.
Déjà, qu'est-ce que la "microsoftisation" ? Voilà une notion qui mériterait d'être définie avant de pouvoir en discuter.
Puis, le dilemme PPC/Intel n'a rien à voir avec Microsoft. Il n'a pas non plus grand chose à voir avec la fiabilité.
C'est rappelons-le un choix stratégique, mûrement réfléchis, qui avait pour enjeu rien de moins que la survie d'Apple.
Quelle était la situation d'Apple et de sa gamme en juin 2005 lors de l'annonce ? Des machines de bureau tout-en-un au design unique mais chères, des PowerMac puissants mais limités à une niche professionnelle toujours plus réduite, des portables élégants aux performances en dessous des canons technologiques du moment malgré l'acharnement des ingénieurs à overlocker les processeurs G4. Personne ne savait comment faire entrer le dernier des PowerPC dans les portables pommés alors que Steve Jobs avait promis un G5 à 3 Ghz depuis plus de deux ans. Le temps ou Apple cramait gaiement de l'Intel remontait au G3 et Pentium II. En matière de bugs et de fourneau, les premiers G4 et les G5 des PowerMac n'avaient pas grand chose à envier au Pentium 4.
Mais le pire pour Apple était son incapacité de fournir à temps la demande pour ses modèles, notamment les plus récents. Qui alors ne s'est pas plaint des délais de disponibilité ? A quoi bon commander une machine si c'est pour la recevoir deux à trois mois après sa présentation ? Certes, la gamme évoluait moins vite, elle semblait plus visible. Attention, ne vous y trompez pas, ce n'était pas là une volonté d'Apple mais bien le signe de son impossibilité à coller véritablement au marché. Elle perdait des clients simplement parce qu'elle ne pouvait les servir à temps.
En partie responsable, lBM qui ne fournissait pas assez vite les précieux processeurs, mais aussi l'architecture elle-même qui obligeait les autres fournisseurs de composant à créer des produits bien spécifiques. Car n'oublions pas que la majorité du parc informatique mondial tournait déjà sur x86, que ce soit Intel ou AMD. Apple c'était le village d'Astérix. C'est amusant en BD, historiquement aberrant, industriellement difficile, commercialement suicidaire.
Apple pouvait-elle continuer longtemps ainsi à naviguer à vue ? Comme l'a expliqué Steve Jobs lors de la mémorable keynote de juin 2005, Intel apportait une visibilité à moyen terme que lui refusait IBM. De plus, les temps avaient changés, à la puissance il fallait maintenant opposer la consommation.
Le résultat est là aujourd'hui : nous disposons de machines endurantes et puissantes qui rivalisent avec les PC concurrents. La standardisation des composants facilite leur adaptation à Mac OS X et permet de faire face à la demande. Bootcamp aidant, le Mac devient le meilleur PC pour Vista. Une mise en concurrence plus claire, débarrassée des mythes et faux-fuyants de l'air PPC, car on ne pouvait sérieusement comparer ce qui était à ce point dissemblable, mais plus redoutable en ce qu'elle force Apple à se tenir à jour. Pas d'échappatoire possible, on sait ce qu'il y a dans les machines : un Yonah n'est pas un Merom, encore moins un Penryn. Donc des mises à jour plus fréquentes qui perturbent les vieux schémas de l'air PPC.
Oui, il faut admettre, à l'instar des PCistes, que la machine que nous allons acheter aujourd'hui sur le Store sera remplacée dans les six mois au plus tard par une autre plus puissante et comble d'ironie à un prix généralement inférieur (encore que la baisse européenne relève pour beaucoup de données financières).
Cette visibilité souhaitée par Steve Jobs n'est pas une mauvaise chose. Le client sait lui aussi, pour peu qu'il suive l'actualité des technologies et les roadmaps annoncées par Intel, de quoi seront fait les machines d'après-demain. Il peut donc définir le moment le plus adéquat pour renouveler son équipement ou y adjoindre de nouvelles machines. La plate-forme Montevina est là mais nous nous y attendions depuis des mois, comme nous savions que Santa Rosa allait arriver. Nous savons également que la prochaine génération de processeur Intel, celle qui remplacera les Core2Duo, sera le Nehalem et qu'une nouvelle architecture l'accompagnera très vite (Calpella).
Intel c'est aussi un partenaire enthousiaste, intéressé par les projets d'Apple, des défis tels que le MacBook Air. Ce que n'était plus IBM depuis longtemps, trop occupé à faire du processeur de salon pour consoles de jeux.
Adieu donc IBM, R.I.P. PowerPC et merci pour tout.
Maintenant, sur le mythe de la baisse de qualité des machines Apple depuis la transition.
Apple continue de faire fabriquer ses composants par des entreprises tiers, comme à l'époque du PPC. Certains travaillaient déjà pour Apple : ATI, Nvdia, Matsushita, etc.. Les défauts qui apparaissent parfois dans ses composants ne sauraient être du fait d'Apple, tout en relevant de sa responsabilité d'assembleur.
Les machines de l'air PPC n'étaient pas des merveilles sans défauts, loin de là. Il n'est pas si loin le temps du PPC que nous pouvons oublier les vices de conception de cette période. Les premiers processeurs G4, le premiers iMac G5, les derniers iBook G4 et le défaut de la carte WiFi qui provoque des KP. Mieux : le PowerMac G5 dont le système de refroidissement liquide fuit jusqu'à détruire l'appareil, exposant son propriétaire à des émanations toxiques et à un risque d'incendie. J'en passe et des meilleurs. Et pourtant, on ne peut accuser une recherche du profit maximal par la baisse de qualité des composants assemblés.
N'oublions pas que la complexité et la miniaturisation de l'ingénierie informatique d'aujourd'hui entraîne une situation qui ne peut être décemment comparé avec ce qu'ils furent dans la décennie précédente. Nos machines sont plus fragiles, car plus sensibles à un nombre accrus de facteurs, et en même temps moins chères car produites en série sur des chaînes asiatiques plus difficilement contrôlables que l'usine "locale" à quelques kilomètres du centre de décision. "Dessiner par Apple en Californie" mais "Fabriqué en Chine". C'est le lot de toute l'informatique mondiale. De fait, un ordinateur n'est plus un bien d'équipement qu'on garde une dizaine d'année, mais un bien de consommation, fait pour durer à peine le temps d'en changer pour un nouveau plus puissant et répondant à un monde en mutation constante. Apple ne peut y échapper.
Faut-il regretter l'air du PPC ? Mon MacBook Pro early 2008, qui ne chauffe pratiquement pas, consomme très peu et que j'ai reçu en moins d'une semaine à mon domicile me fait penser que non, même si avant la fin de l'été une machine plus puissante le remplacera dans le catalogue d'Apple.