Vala, j'attendais que les personnes cités répondent d'elles-même.
Je ne peux pas rentrer dans ce sujet qui m'est cher, comme cela de but en blanc.
Une partie des explications sont dans les réponses de Bass et Backy.
Quelques précisions néanmoins afin de parachever la chose.
Si Bassou à fait un tribal sur son mollet, et comme il l'a assez bien expliqué, ceci va bien au delà de sa signification et son appartenance graphique. Le tatouage, enfin pour moi, une partie de cette démarche, est un cheminement d'introspection bien plus complexe. Comme il l'a dit, il l'a fait pour lui, par rapport à son histoire.
Quand je suis un peu sévère en parlant de tatouage occidental, on pense que la parure primitive existe depuis longtemps en Europe et proches pays d'europe . Pas vraiment.
C'était interdit chez nous par condamnations judéo-chrétiennes: Levitique 19:28 (Ancien Testament) « Vous ne vous ferez pas d'incisions sur le corps à cause d'un mort et vous ne ferez pas dessiner des tatouages sur le corps. Je suis l'Eternel. ». Le Judaisme interdit donc toute inscription entaillée et marquée à lencre indélébile.
L'appartenance à un groupe , une caste, rituel religieux, initiation magique, par un signe indélébile est inhérent à l'humanité. Pourquoi?
L'homme vit en groupe, en société, et tout simplement, il marque son identité d'une emprunte plus ou moins voyante pour le montrer aux autres.
C'est juste qu'à la base ça ne vient pas de chez nous ! Les Européens ont redécouvert le tatouage lors des explorations dans le Pacifique sud avec le capitaine James Cook dans les années 1770! Ce sont ces marins, des militaires qui ont importer ça en Europe.
Ce système d'identification était aussi un moyen sûr et efficace de renseignements des fiches des forces de police sur la pègre avant l'arrivée de la photo d'identité. Les fiches de polices jusqu'au XIXe siècle comportaient la signalisation et la description de chaque tatouage qui permettait ainsi de caractériser sans erreur un individu d'anciens prisonniers ou de légionnaires.
Là ou je trouve qu'on à déformé le tatoo, c'est que dans les années 69, un fort engouement pour le tatouage est né. Et rebelotte, un phénomène de mode raz-de marée en 86. Le tatouage n'est plus alors une manière d'afficher son appartenance à un groupe, à une tribu ou à un quartier. C'est un moyen de revendiquer son originalité, de séduire, de s'embellir, de provoquer.
Beaucoup de sens prennent racine sur plusieurs plans.
Quand un guerrier Maori est couvert de signes, il raconte son histoire (cf: Bassman)
Néanmoins la multiplication de symboles SIMPLES sur son corps forment un ornement complet et au final ABSTRAIT. Esthétiquement , c'est juste sublime. Et mentalement c'est cohérent.
Chaque tiki est comme une seule lettre d'un alphabet qui va former et raconter l'histoire de cette homme (un grand pêcheur de requins, une bagarre contre un serpent, une escalade impossible le long d'un volcan, bref...). Alors on va me dire, bha ! il le montre aux autres ça?
Et bien oui en non. Oui, son corps est marqué, complètement habillé, les autres, ne sont pas aveugles, il voient ça. Et Non, on ne va pas lire tous les tikis un par un pour connaître son histoire, surtout si cela à été fait correctement, les correspondances graphiques d'ensembles de tikis ne se font pas bout à bout comme une chaîne (c'est un peu compliqué à expliquer mais pour être concret, on imagine qu'on lit des formes arrondies sur son épaule, et bien la suite ou la correspondance n'est pas forcement sur son bras ou son cou ! On traverse son corps en passant par un organe suivant sa signification, ex: le coeur si c'est une histoire d'amour, et la suite est sur la fesse!).
Idem en Afrique avec aussi la scarification et de même chez les indiens d'Amerique du nord et du sud. Les racines archéologiques les plus anciennes sont en Chine.
Moi en tant que dessinateur, ce qui m'a intéressé dans le tatoo, c'est l'histoire de la ligne. en tant que Breton, j'ai commencé par le Celtique (entrelacs et spirales). Puis en voyageant et notamment en allant en Australie au contact des aborigènes, j'ai pris une claque! Je me suis passionné pour l'écriture ancestrale et primitive. En inspectant tous les continents j'ai constaté qu'une ligne universelle pouvait exister. Pour exemple: dans les signes primitifs on peut retrouver la svatiska aussi bien en Inde qu'en Afrique ou chez les inuits. Comment se fait-il que des symboles peuvent se retrouver sous diverses formes similaires à des milliers de kilomètres?
J'ai intégré tout ceci dans ma tête, digéré, décortiqué. Et aujourd'hui ma ligne comporte un peu de tous ces ingrédients.
J'aurais pu travailler ceci uniquement sur le papier ou la toile. Mais dans un soucis de proximité et de partage avec le public (démarche du 9ème concept), le truc le plus pertinent que nous avons trouvé est le tatouage éphémère. On touche directement les gens, on s'inspire de la forme de leurs corps, et on dessine sur eux. Y'a rien de plus kiffant.
De plus, les lignes dessinées sur la peau prennent vie. Pour une heure, un soir, une semaine... puis disparaissent avec leur secret et leur histoire. Un peu comme les mandalas tibétains en poudre ou les dessins de sable colorés des indiens.
Je ne suis jamais passé au tatouage définitif. Cependant, pour des amis proches, et uniquement dans ce cadre, je donne des motifs pour qu'ils se le fassent tatouer. c'est une rencontre humaine, une partie de mon histoire et une partie de leur histoire. c'est un partage.
:zen: