A
Anonyme
Invité
J'ai accroché cette image au mur de mon bureau, sur le côté de l'armoire métallique où s'accumulent les supports d'archivage et les documentations périmées. Un simple rectangle de papier pour se souvenir tout à la fois de la beauté et de son mensonge. Un regard qui ne regarde pas, mais qui cache derrière son illusion toutes les armoires du monde, qui abolit par sa contemplation toute la laideur du monde.
C'est alors que je me suis souvenu des belles choses : les visages, les villes et les villages, les montagnes glissant dans l'océan sauvage, la chaleur du soleil sur ta peau.
Alors j'ai eu l'idée d'un fil naïf, simple, évident. Un fil sans bavardages inutiles où, comme des feuilles sur le chemisier de Katharine Hepburn, les images s'épanouiraient en rameaux, se succédant les unes au autres dans un mensonge grandissant que nous partagerions tous. Un fil d'images où la beauté développerait librement sa propre mystique : celle d'une perfection à la fois sensible et impossible, éclairant nos vies et tentant de nous rendre supportable la promiscuité quotidienne d'un monde bête à la laideur fantasmée, mais dont le grand paradoxe est d'être celui-là même où la beauté existe, où le fragile éphémère ressemble tant à l'éternité, le soleil et la mer en allés.
Bon voyage.
