J'utilise pas mal d'appareils anciens (1931~1960) en format 4x4, Rolleiflex, Yashica, Komaflex, etc. Ce format de pellicule, le 127, est sensé avoir officiellement disparu au milieu des années 80. Pourtant il existe encore un fabricant, Efke, qui en produit à Zagreb. Il est commercialisé sous différentes appellations en Allemagne chez Fotoimpex à Berlin, en Angleterre chez Jessop et même en France chez quelques revendeurs spécialisés. La demande est même suffisante pour que ce fabricant, qui ne faisait qu'un seul film négatif noir et blanc à l'origine, lance la production d'un film inversible couleur et récemment un film négatif couleur ! Bon ces films ne sont pas les meilleurs du monde, loin de là, mais ils ont le mérite d'exister et de bien occuper leur niche.
Ça prouve en tout cas qu'il y aura toujours la possibilité même après l'abandon des grands émulsionneurs, Kodak, Fuji, etc., de se rabattre sur des petits producteurs, plus adaptés à la taille du marché. Par contre, ce qui serait vraiment bien, c'est qu'à ce moment là, les grands cèdent leurs technologies argentiques de pointe abandonnées à ces petits fabricants pour qu'on continue de bénéficier des meilleurs films actuels (ou à venir) et non pas se contenter de technologies de films déjà datées. Et que ces petits fabricants bénéficient d'usines capables de produire ces films, par exemple en récupérant les outils de fabrication dont Kodak, Fuji et Cie se débarrasseront. Sans compter que ces grandes marques continueront à toucher des royalties sur une production dont ils n'auront plus la charge, donc tout bénef pour eux.
Il y a toujours une solution.
Sinon, Memnoch, je trouve que tu n'aurais pas dépareillé au sein du troupeau d'un certain Panurge... Le monde change, certes, mais ça n'est pas forcément un progrès, loin de là, et ça n'empêche pas de choisir d'autres voies, celles qui nous conviennent plus pour quelque raison que ce soit, et qui méritent autant de respect que les autres. Pour l'instant, le seul vrai intérêt de la photo numérique, il est pour les fabricants, qui peuvent ainsi imposer au consomateur/vache à lait, le modèle commercial ultra juteux dès le court terme de l'informatique : matériel pas abouti mais périmé et remplacé dans les 6 mois, imposant un renouvellement sans cesse et plus rapide du parc. Récupération du marché de l'occasion annihilé par la déferlante des prix qui baissent et des caractéristiques qui augmentent continuellement, bien que toujours trop cher pour ce que c'est. On est à l'opposé de la situation de l'argentique : modèles fiables, et moins chers, évolution plus lente car la techno est mûre depuis longtemps, marché de l'occasion important. Le marketing a encore une fois bien fait son travail dans les cervelles pour convaincre les gens qu'il n'y avait pas d'alternative.
J'ai aujourd'hui des appareils photos qui ont plus de 70 ans et qui fonctionnent toujours parfaitement. Je pense que le seul de mes appareils qui risquera de rendre l'âme définitivement ces prochaînes années, ce sera mon Rollei 6008 qui est entièrement géré électroniquement, et que le jour où il n'y aura plus de composants de remplacement, je n'aurai d'autre alternative que d'en trouver un ou plusieurs autres pour en remonter un, ou de le jeter à la poubelle. Que sont devenus les premiers appareils numériques, qui utiilise encore un Ion ? Peut-on encore l'alimenter ? Le réparer ? Le numérique, c'est du jetable à court terme, donc en plus, une pollution supplémentaire.