[…] ça pourrait marcher si les 'patrons' jouaient le jeu. Mais quand on voit comment ils ont dévoyé tous les dispositifs mis en route pour relancer l'emploi en échange de concessions qui leur étaient faites, je ne crois pas une seconde à la viabilité du truc. La, je ne vois comme conséquences qu'un accroissement de la précarité de l'emploi et la multiplication des travailleurs pauvres.
Entièrement d'accord avec ta conclusion.
Le problème central cependant n'est pas l'égoïsme des patrons. C'est plutôt la réflexion économique sous-jacente à ce type de réformes qui est faussée. Il est impossible de soutenir que les patrons aimeraient aujourd'hui embaucher en masse mais y rechignent parce que le travail est trop cher et que le droit du travail leur refuse la flexibilité dont ils ont besoin. Le fait essentiel est qu'il n'y a pas de perspectives de croissance et aucune certitude quant à l'avenir. Embaucher plus ou faire travailler plus ceux qui ont déjà un emploi (la contradiction entre l'un et l'autre semble avoir échappé à certains…) pour quoi faire ? Pour répondre à quelle demande nationale ou mondiale actuelle ou à venir, alors que la zone euro végète et que l'économie chinoise s'essouffle ?
Le taux d'utilisation des capacités de production dans l'industrie française reste inférieur aujourd'hui à ce qu'il était dans les années 90 et il est en baisse, avec des hauts et des bas, depuis 2001. Comme à l'accoutumée, les industriels, en ce début d'année, sont bien plus nombreux à signaler des problèmes liés à une demande insuffisante plutôt que des difficultés à satisfaire l'offre (
http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=12).
Bref, tant qu'il n'y a pas de perspective de sortie de crise, aucune amélioration de la "flexibilité" du marché du travail ne peut produire de résultats décisifs. Il ne peut s'agir que d'un phénomène d'accompagnement d'une reprise que l'on attend comme le Messie. Les effets pervers contrebalanceront par ailleurs largement les effets vertueux des mesures prises. Prétendre faire travailler jusqu'à 10h par jour des apprentis de moins de 18 ans, c'est peut-être bien pour faire du fric, mais cela peut aussi contribuer à accroître les arrêts de maladie et les accidents du travail ; on comprend que le MEDEF, comme l'a fait savoir Pierre Gattaz, soit favorable à l'accueil de migrants prêts à se tuer à la tâche pour un salaire de misère… Quelle sera d'ailleurs la prochaine étape dans cette "modernisation" du droit du travail ? Rétablir le travail des enfants, comme au XIXe siècle ? Appliquer en France le "modèle social" quatari ? Je ne caricature pas :
http://www.francetvinfo.fr/france/t...rvention-cash-du-pdg-d-air-france_852497.html
Ne désespérons pas de l'imagination de nos élites dirigeantes :
Donald Trump inspire les leaders de la droite française décomplexée