(veuillez excuser cet intermède philotronique, pour le sujet du thread vous pouvez passer au message suivant)
<BLOCKQUOTE><font size="1" face="Verdana, Geneva">quote:</font><HR>Posté à l'origine par Yama:
à la la si les gens avaient mieux lu Marx sans en faire les dérives qu'on connait...<HR></BLOCKQUOTE>
Oui... Cela semble être le lot commun de beaucoup de penseurs (Nietzsche, Freud sont des exemples du genre) mais Marx a particulièrement morflé des lectures partiales et haineuses qui furent faite de son oeuvre, et de tous les morts qui en ont résultés
Je crois que même dans ses cauchemards les plus noirs il n'imaginait pas pire aboutissement. Un peu comme si Kant avait du prendre à sa charge la Terreur, Spinoza les crimes des Orangistes, Nietzsche la barbarie nazie...
D'ailleurs, lors de la première traduction de "Das Kapital", et voyant l'extrème bêtise avec laquelle beaucoup se réapropriait ses écrits sans en saisir le sens concret et réel, il a déclaré : "Je ne suis pas marxiste."
Tellement de gens se sont reposés sur son arsenal théorique, par paresse ou lacheté, pour manipuler les masses, c'est encore plus pathétique, qu'une "théologie" de la libération comme la sienne (le côté messianique de sa jeunesse, et ses rapports malgré tout étroit avec le Christ) se transforme en arme de domination impitoyable, en imposture meurtrière
Et c'est souvent pour des histoires grotesques (cf "La plaisanterie" de Kundera) : Lénine, petit-bourgeois frustré au chômage haïssant sa classe (c'est-à-dire lui-même), qui jalousait la puissance critique de Marx (qu'il a lu complètement de travers), envieux de son influence théorique (il capitalise les recherches de Marx pour son profit personnel), mais ne connaissait strictement rien aux réalités russes (faire une révolution prolétarienne dans un pays composé à 80% de paysans, c'est typquement un projet de révolutionnaire de salon!!).
Et puis, sur cette lancée, Staline, petit séminariste de province, qui jalouse les études (en Suisse), les qualités d'orateurs (démago) et le savoir (inepte) de Lénine. C'est aussi lamentable que ça : haine de soi, des autres, jalousie, envie, pouvoir, rancoeur, manipulation, mesquineries... On se croirait dans "Gladiator" !! MAXIMUS REVIENT ILS SONT DEVENU FOUS !!!
A travers toute cette affaire on a cru revivre l'histoire du christianisme
(cf le livre "Ni Jésus ni Marx"), et plus récemment, du libéralisme : un libéral est aussi borné et doctrinaire qu'un marxiste-léniniste.
Les 2 systèmes sont des utopies, faites la comparaison :
Michel Camedessus, directeur du FMI, après avoir ruiné les économies de tous les pays ou son institution fut passée, à coup de plans d'ajustements ignobles et de privatisation sauvages, à la fin de son mandat, sur le bien-fondé de sa doctrine néolibéral (bien plus vieille que le marxisme en plus) :
"Il n'y a que ça qui marche ! Il n'y a que ce système qui fonctionne !"
Vous superposez à ce discours d'illuminé raëlien celui d'un autre sectaire (qui a lui aussi du sang sur les mains), George Marchais, en 1988, à propos de l'URSS :
"Le bilan est globalement positif."
Y'a comme une ressemblance non ?
A Genève le parti libéral fait 30% des sièges, je pourrais te rédiger un annuaire avec tous les anciens gauchos 70's qui le compose
Une utopie chasse l'autre...
Si l'appareil critique de Marx subsiste largement, son projet politique en revanche, me semble enterré pour les 2 ou 3 siècle qui arrivent (sauf pour le lectorat du Figaro qui croit encore à l'invasion bolchévique), du moins en l'état dans lequel il l'a laissé.
Pas tant dans sa construction (il est facile d'imaginer un monde idéal), mais dans sa réalisation : 5% de gauchistes impuissant doivent convaincre 5% de droitiers supruissant et surtout 90% d'indifférents =) Et les 2 parties ne chôment pas pour convaincre les 90% de leur bien-fondé =)
Et HEUREUSEMENT que c'est ainsi (le projet de marx/keynes/friedman rendu caduque)! Ca force les 5% activistes et les 5% dominants à imaginer d'autres choses, plutôt que de balbutier une vulgate éculée, et à comprendre que l'intérêt collectif est à la fois dans le public et dans le privé (c'est aussi la découverte du jeune héros Spiderman actuellement sur les écrans). "L'histoire est celle des contingences et non de la nécessité" disait justement le meilleur copain de Engels. "Fut-elle communiste ou libéral" me permettrais-je d'ajouter =)
Bref, comme dit souvent mon concierge :
Nous ne voulons pas des lendemains qui chantent mais des instants qui swinguent.
P.S. : J'ai du lire 20 pages maximum du plus célèbre des barbus en tout et pour tout dans ma vie. Quand à mes espérances perso, je prie tous les soirs Nyarlathotep pour qu'il déclenche un Octobre Vert =)) Vu les scores des écolos en ce moment, mes lendemains qui gazouillent, c'est pour après-demain...
[14 juin 2002 : message édité par Nemo]