Aloha
Je trouve ce sujet idéal pour envoyer ma première réaction sur ce forum (je lis MacGen depuis un certain temps, mais je ne m'étais jamais inscrit) !
Globalement, je suis d'accord avec Noliv, tout le monde n'a pas les moyens d'acheter une licence de logiciel, c'est un fait établi. Je suis formateur en infographie, et même à l'endroit où je travaille, nous ne pouvons nous permettre l'achat d'une licence pour chaque poste, notre budget ne le permet pas. Je trouve cette histoire de respect des règles un peu "brute de décoffrage", mais tout le monde a le droit d'avoir ses opinions. Néanmoins, j'aimerais vous faire partager non pas une vérité absolue, mais plutôt une vision des choses qui selon moi n'est pas complètement fausse.
Récemment, Alias|Wavefront a annoncé une réduction substantielle (75%) du prix de son logiciel-phare, à savoir le fameux Maya. Le voici donc plus largement accessible car moins rebutant à l'achat. Cet exemple symbolise je pense le noeud du problème : le prix est-il dans tous les cas justifié ?
Prenons un autre exemple, celui de Quark XPress. Nombre d'utilisateurs se sont déjà insurgés contre la politique tarifaire de Quark, et ce même chez les professionnels. Je suis de leur avis et je m'en explique. Souvent, le prix d'un logiciel ne représente pas sa valeur brute, mais plutôt une valeur qui le positionne dans une certaine catégorie du marché. C'est à dire qu'en fonction de son prix, XPress n'est réservé qu'à une catégorie de personnes et empêche la consommation de masse de l'atteindre. Cela assure une clientèle essentiellement professionnelle aux besoins spécifiques. XPress possède une réelle valeur ajoutée, car on peut effectuer des mises en page impossibles à réaliser dans un logiciel comme Word, par exemple. Le prix d'XPress n'est pas fixé en fonction de ses fonctionnalités, mais plutôt en raison de la clientèle ciblée, dans ce cas-ci plus fortunée mais aussi plus pointue que la demande de masse. C'est le même cas pour Maya : sa valeur brute (sans considérer la clientèle ni le secteur restreint dans lequel il est utilisé) ne correspond pas au prix astronomique qu'il coûtait il y a encore quelques semaines. Malheureusement, de jeunes personnes talentueuses ne peuvent accéder à ces excellents produits par le circuit traditionnel, car les éditeurs fixent la barre trop haut. Les utilisateurs légitimes d'une licence ont parfois l'impression de payer plus pour compenser les copies illégales, et ce n'est pas normal. Pourquoi pirate-t-on les CDs Audio ? Même raison, le prix imposé est largement supérieur à la valeur brute de l'objet. Ajoutez à cela des politiques de distribution douteuses, comme le simple fait de ressortir le mois d'après le même album, mais avec deux titres en plus... De qui se moque-t-on ? Et les éditeurs n'ont encore rien compris sur le phénomène de la contrainte. Oui, c'est parce qu'il est contraignant d'acheter deux fois le même CD, ou bien de payer une mise à jour scandaleuse, alors qu'il est possible d'avoir la même chose pour rien. Ce qui est risible, c'est que maintenant que certains CDs Audio sont protégés et illisibles sur certains supports (et pas que les ordinateurs), le piratage va redoubler car les utilisateurs accepteront encore moins de payer 20 Euros ou plus pour une galette qu'ils ne pourront écouter que dans certaines conditions, et encore...
Le problème selon moi n'est pas une affaire de règles. Sérieusement, si j'avais l'argent je n'hésiterais pas un instant à payer pour chaque licence, chaque doublon qui me serait nécessaire. Mais ce n'est pas le cas. Les grandes entreprises devraient savoir que c'est grâce à leurs clients qu'elles vivent, et qu'une attitude déloyale envers eux ne fera qu'empirer les choses. Si le prix d'un CD Audio était plus bas, il s'en vendrait beaucoup plus. Bien sûr, je ne suis pas stupide et je sais qu'on ne paie pas seulement le disque, mais aussi le travail fourni sur la jaquette, l'enregistrement, les droits et ce qui s'en suit. Mais personne n'ignore que ceux qui s'enrichissent le plus, ce ne sont pas les artistes mais bien les labels. Certains l'ont compris et ont créé leurs propres labels. Maya, XPress, Photoshop sont le fruit de programmeurs et de concepteurs inventifs, mais est-ce bien eux qui retirent le plus de fruits de leur labeur ? Ca reste à vérifier. Alors quand une 'règle' me semble discutable et essentiellement organisée pour profiter uniquement à une certaine catégorie de personnes, je n'hésite pas à l'enfreindre, car elle tue ma liberté. Bien sûr, le jour hypothétique où le couperet tombera, je me sentirai bien mal et je ne pourrai sans doute rien y faire, mais cela ne m'empêchera pas de penser que dans le fond, je n'ai rien fait de mal. C'est bien ça toute l'ambiguité du monde dans lequel on vit... Il ne faut jamais oublier que les lois sont écrites par des hommes, et qu'elles sont donc sujettes à caution. Donc pour moi il serait pure folie de les suivre aveuglément sans prendre de recul.