Puis la tempête se calma.
Il se releva péniblement, regarda autour de lui et constata qu'elle avait tout emporté.
Le jeune homme se mit à regarder l'horizon. Il y avait des montagnes au loin, la plupart de arbres avaient été arrachés comme la plupart de ses illusions, les toits des maisons s'étaient envolés laissant entrevoir l'intérieur dévasté des habitations.
Il en va ainsi de mon cur, pensa-t-il.
Puis se penchant il vit à ses pieds, frémissante, une minuscule fleur d'un bleu profond, il n'en avait jamais vu de telle.
Il se pencha pour la cueilir.
-Non! fit une petite voix.
Il sursauta, regarda aux alentours....personne.
-Qui me parle.
-Moi, s'il te plaît,ne me cueilles pas.
Il s'accroupit.
-Toi petite fleur, c'est toi qui me parles?
-Oui, s'il te plaît laisse moi grandir et m'épanouir, laisse moi profiter du vent à venir pour qu'à nouveau ma corolle il agite.
-Le vent! mais il vient de tout détruire! Regardes autour de toi, tout n'est que dévastation!
-Oui, mais moi je suis encore là, toi aussi d'ailleurs, il ne nous a pas emportés.
-A bien y réfléchir, je pense que j'aurais préféré; comme ça , pas de solitude à supporter, pas de tourments , pas de chagrin. Regardes ces magnifiques chênes, ils se dressaient fiêrement et protègeaient les bâtiments des intempéries et les préservaient des trop grandes chaleurs grâce à leur feuillage. Vois, il sont maintenant balayés et rampent inutilement à terre.
-Oui, mais tu es toujours debout et moi aussi.
-Mais....
-Tu es encore là! Et en toi le souffle de la vie réside! Celle-çi est comme le vent qui s'agite autour de nous. Parfois, il s'emballe ne causant que tristesse et désolation comme aujourd'hui, d'autrefois il nous rafraîchit des trop fortes chaleurs ou alors il sèche nos larmes. Nous avons besoin de la vie comme les bateaux ont besoin du vent...Pour avancer.
-Oui ces arbres sont tombés.... Victimes de leur orgueil, ils se pensaient trop forts, si forts que rien ne devait leur faire du mal, ils sont comme toutes ces certitudes que l'on gagne en avançant dans la vie, mais la seule chose certaine dans celle-çi, c'est que l'on ne sait jamais de quoi demain sera fait.
-Non ils ne sont pas tombés inutilement car c'est d'eux que l'on tirera les madriers et les poutres qui vont servir à reconstruire les logis, comme tu te reconstruiras de tes erreurs, c'est d'eux que l'on extraira les planches qui serviront à remplacer les meubles dont tu aménageras ton intérieur, tel que tu empliras ta vie de nouvelles expériences,et ,enfin c'est avec ce bois que tu réchaufferas ton foyer quand les mauvais jours seront là, tout comme un nouvel amour réchauffera ton cur.
-Dans la vie tout est lié, rien n'est inutile, les bonnes comme les mauvaises choses.
Il se releva, troublé par ce qu'il venait d'entendre. Le ciel se dégageait et le soleil vint lui réchauffer le visage il ferma les yeux se redressa et emplit ses poumons .
Un petite brise vint lui caresser la nuque.
La vie ! pensa-t-il.
Elle avait raison. Tout comme ces arbres il s'était senti trop fort , et avait payé pour sa complaisance. Maintenant il ne se sentait pas beaucoup plus grand que cette petite fleur, d'un bleu qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il se tourna vers elle.
-Dis moi, je n'ai jamais vu une fleur comme toi avant, comment t'appelles tu ?
Elle agita ses petites feuilles au gré du vent.
-Les gens qui connaissen mon espèce m'appellent........ESPERANCE.