Bon, pour résumer, on fait les bébés par amour, par égoïsme ou par accident.
Par amour : Madame rentre un soir du travail et Monsieur, comme tous les soirs la culbute direct sur le fauteuil club. Elle est ravie, lui aussi et un bonheur n'arrivant jamais seul le bébé se pointe rapidement et commence à briser le ménage. Ce genre de chose doit se faire très vite car après quelques mois, les maux de têtes sont fréquents et les bébés ne se font pas avec de l'aspirine, même sur un fauteuil club. D'ailleurs, plus de culbutes sur le fauteuil.
Par égoïsme : la copropriété interdit parfois formellement les animaux domestiques. Idem pour la majorité des hôtels et des lieux publics. Pas question de promener partout le chouchou de sa maman et pas question non plus de le laisser au chenil. Résultat : plus de vacances hormis dans la belle famille, ce qui ressemble d'assez près à l'enfer, avec les flammes en moins. Alors que faire pour assouvir ce besoin d'amour fort légitime dans nos sociétés égocentriques ? Un bébé. C'est plus amusant qu'un hamster, au début on peu lui faire à peu près n'importe quoi (c'est tout mou, même la tête) et il suffit de l'attacher au radiateur pour être peinard en matant un DVD (au pire, deux comprimés de Calmivet© et basta). Donc, on a envie d'avoir un nouveau jouet et on a déjà un Mac, une TV toute plate, on a commandé l'IPhone, on a un iPod : à l'arrivée il ne reste que ca. Ceci étant, il y a de bons côtés aussi. Tous les piégés vous le diront : rien de tel pour draguer au supermarché que de trainer l'objet de la trahison et les réunions de parents d'élèves (en général il y a 2% d'hommes présents) sont un vivier formidable pour les 5 à 7.
Par accident : chacun le sait, la femme est fourbe. Comme de plus elle n'a pas beaucoup de mémoire (hormis si on lui doit de l'argent, ou pour le 14 février) il lui arrive d'oublier la pilule, mélange béni de divers enzymes et globules gloutons de spermatos. Alors fatalement, un jour où l'autre la phrase tant redoutée arrive, comme si de rien n'était : "tiens, je n'ai pas eu mes règles ce mois-ci".
Comme en général l'info est lachée au petit déjeuner, c'est à dire au moment où tout homme qui se respecte a encore l'esprit occupé au rêve érotique de la nuit précédente et soupire d'extase en se remémorant sa qualification aux J.O avec Sophie Marceau (ou autre), le doute sur la signification réelle de ce qui vient d'être dit met quelques heures à parvenir aux profondeurs embrumées d'un esprit pourtant habituellement vif. En gros, on mesure l'énormité vers 14 heures, juste après voir dragué la nouvelle stagiaire et avoir pensé que c'était cool de ne pas avoir d'enfants, rendant une séparation éventuelle aisée.
Là tout remonte : on a bien remarqué qu'elle n'avait pas eue les 3 semaines chiantes habituelles pré/pendant/post menstruations, qu'elle avait un air mystérieux de celle qui fait et sait des choses encore inconnues de nous, que la note téléphonique avait augmentée (à peu près la moitié de la population mondiale, sa mère comprise, doit être au courant).
Un peu suspicieux, on demande alors, avec un fond d'espoir : "juste ce mois ci ?". Et d'un seul coup on sent un choc violent sur la nuque : "oui, enfin, non : depuis 3 mois. Mais ca ne veut rien dire". Notre vie d'homme libre défile alors devant nos yeux. Les vacances dans le camping car avec cette Suédoise sublime qui semblait avoir 5 bras dès la nuit tombée, la secrétaire rencontrée pendant le stage, l'année de nos 20 ans, et qui nous a initié aux joies du planeur, cette petite brune croisée au concert de Supertramp, en 1983, et qui déclenche encore une fourmilière à l'aine quand on y pense... On compte alors sur les doigts de la main les années et les literies, et subitement cette main semble atrocement mutilée.
Et la fautive, l'air de rien, qui nous mate en coin. En général, là, les jambes deviennent toute molles, un excès de salive provoque un yoyo de la glotte inmaitrisable, de petits points blancs dansent sur le mur d'en face, et on s'évanouit.
Ca répond à ta question ?!