coup de coeur/de pompe littéraire

Lue avec grand plaisir, cette autobiographie de Maurice Rosy, sous forme d'entretien illustré,

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C'est très réussi.
Pour ceux qui se sont usés les yeux sur le Dictateur et le Champignon ou Le Réveil de Toar, cela rappellera de bons souvenirs. Une époque importante du journal Spirou, avec ses mini-récits (rappelons au passage l'édition par Dupuis de mini-récits de Bobo, il y a une paire d'années).
Sa deuxième vie est intéressante aussi, quoiqu'évoquée plus rapidement.
Bref, j'ai dévoré ses histoires et mes enfants ont appris à lire avec Croktou... Rosy, c'est la vie.
 
Comment raturer rétrospectivement la faute d'orthographe involontaire qui m'avait fait substituer un faux 'Borjes' au vrai 'Borges' (et essuyer au passage un coup de boule casque de Cratès :coucou:)? D'aucuns se figureront que ce serait en m'appliquant à ne pas faire de faute d'orthographe dans ce petit billet réagissant au message enthousiaste de bompi :coucou:. Las! ce serait croire qu'appliquer les règles (ici orthographiques) possède une vertu du 'bien' capable de contrebalancer, et par suite d'annuler, un péché du 'mal' antérieurement commis, comme le '+' compense le '-'. Mais tel n'est pas le cas, puisque se tenant entre 2 extrêmes à la manière de la 'vertu' aristotélicienne, l'application correcte de la règle vaut toujours '0' - rien de '+' ni rien de '-'. Alors que faire, sinon compenser une faute par 'défaut_d'attention' antérieure (équivalente à un '-'), par une faute par 'excès_d'intention' ultérieure (équivalente à un '+') - en quoi Lénine (qui avait appris l'art de «courber le bâton dans l'autre sens» dans l'a gestion compensatrice des passions populaires, comme d'annuler une crainte collective par l'excitation d'un espoir universel) se réjouirait de voir dans le sieur macomaniac un émule, quand bien même restreignant son champ politique au domaine du langage...

Je me sens donc obligé pour remettre mon compteur à 'zéro' dans ce fil, c'est-à-dire le ramener à la quiète neutralité de la règle, d'exagérer intentionnellement dans le 'faux orthographique' en transformant «Rosy c'est la vie» en «Rrose Sélavy», parce qu'après m'être rendu coupable d'un 'faux_faux' (-1), voici un 'vrai_faux' (+1) dont Marcel Duchamp m'offre le 'ready-made' farceur. «Monsieur_Choc» - c'était donc «Elle» ôté le casque de l'anonymat... :D
 
Dernière édition par un modérateur:
Ah là là.... Mon cher, tu casses le charme... ;)

En mettant deux fois le titre (une première fois avec l'image, la seconde en le répétant en fin de post) je souhaitais le souligner subtilement (?) tout en résistant à l'attrait de la pédanterie ready-made, espérant que ça titille les lecteurs éventuels.

Tant pis. Cela ne m'empêchera pas de relire ce soir le superbe "La Villa du Long-Cri" (un sommet).
 
Jean-Claude Pirotte vient de mourir.

Je venais précisément de commencer il y a quelques jours à lire un livre de lui "une adolescence en Gueldre", un de plus. J'y retrouvais tout ce qui fait le charme de Pirotte, une écriture fluide filant un tissu dans lequel on se sent bien, où la nostalgie presque toujours présente serre souvent le coeur mais lui tient chaud, où les errances douloureuses ne sont pas que des errances douloureuses. Sa vie aussi est un roman, couleur de vin et d'errance. Mais son oeuvre m'a toujours apporté beaucoup. Pirotte, un condensé d'humanité.

Un de ses livres : "Sarah, feuille morte" est de mes plus forts et persistants coups de coeur littéraires. Je l'ai acheté lorsqu'il est sorti (en 1989 d'après le net) après l'avoir feuilleté et être tout de suite entré en amitié avec les phrases qui y coulaient. Depuis, Pirotte fait partie de mon panthéon littéraire, de ces auteurs auxquels je pense soudainement comme à des amis de toujours.
 
[Quelques jours plus tard...]
Un peu de fantaisie sans prétention mais délicieusement loufoque et datée,

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les débuts de l'infortuné Bobo, "moche comme un pou" et roi de l'évasion qui ne s'évade jamais.
Le veinard ne connaît pas la surpopulation carcérale. Mais sa cellule ressemble d'assez prêt à celle d'un moine.

Sympathique voire mieux que ça.
 
Alors qu'on parle à foison
- des livres les plus vendus de l'année passée ou à venir : Levy, Musso, Zemmour, Trierweler j'en passe et des guère mieux ;
- du prix nobel de Modiano :j'aime beaucoup le personnage, un vrai écrivain, un peu moins ses livres mêmes s'ils sont cent coudées au-dessus des précités ;
- des bouquins à venir sur Yosemite…

Un petit mot pour rappeler que la grande nouvelle du jeudi 9 octobre n'était pas le nobel mais la sorite d'un inédit de Julien Gracq : "Les Terres du Couchant".

Il y a bien des années (la plupart ici n'étaient pas nés :D ) j'avais acheté "la Presqu'île", un livre de Gracq contenant 3 textes : "la presqu'île", une courte nouvelle ; "le roi Cophetua", une nouvelle un peu plus longue dont André Delvaux a tiré le très beau film "Rendez-vous à Bray" et un court texte d'une vingtaine de pages "la Route".

Ce dernier texte m'avait fasciné et savoir que c'était la trace d'un roman que Gracq avait laissé tomber m'avait donné un de mes grands regrets de lecteur. J'étais parti sur cette route dans un monde non situé dans le temps ni dans l'espace pour un voyage que j'aurais voulu durer bien plus longtemps que cette vingtaine de pages.

Aussi quand j'ai appris l'an dernier ou celui d'avant que le roman d'où était extrait "la route" était en fait un texte presque fini même si Gracq n'avait pas voulu le publier de son vivant, et que ce texte serait finalement publié (il n'avait pas souhaité empêcher ou retarder comme c'est le cas pour d'autres textes, cette publication posthume), j'ai eu un de ces petits moments de bonheur qui sont le sel de l'existence. Et bien sûr, en fin de semaine dernière, j'ai eu le livre.

Je ne l'ai pas encore fini (c'est la période des concerts jazzèbre à Perpignan et jai déjà des journées plus que chargées :D) mais c'est encore plus jubilatoire que ce que j'espérais.

Même s'il y a là une guerre en arrière-plan (pour l'instant) qui se rapproche, il ne faut pas aller y chercher un livre d'aventures, un livre à suspense.

Il faut s'immerger dans une langue qui, par comparaison, rend terne une bonne partie de la littérature actuelle (même si j'y trouve aussi mon bonheur). Chaque phrase est un plat à déguster et une découverte. Souvent au milieu d'une phrase, d'habitude, l'esprit reconstitue par avance la fin plausible. Ici, c'est un maquis ou chaque mot en cache un autre. On voyage, non pas seulement dans un pays imaginaire mais dans la langue française.

Bien sûr tout le monde n'aimera pas mais si vous voulez avoir une idée de ce qu'est une haute idée de la littérature, allez voir derrière la couverture grise des éditions José Corti "les Terres du Couchant".
 
Par hasard, cet été, je suis tombé sur le recueil de texte "Seeing Stars" de Simon Armitage :
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Ce sont de courts textes (de la poésie en prose, de fait) assez aisés à lire, un peu étranges (on pense à l'ambiance de courts textes de Buzzatti ou Brown) et qui m'ont captivé.

Du coup, j'ai aussi lu sa version de l'Odyssée :
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qui m'a pour le coup emballé.
Il réussit le tour de force d'être lisible, proche de l'histoire mais aussi dynamique et un brin plus pop. Quelques archaïsmes et licences poétiques et un sens du rythme épatant.
Il écrit semble-t-il assez souvent pour la radio (et c'est le cas ici) et il s'autorise une liberté de ton et de mouvement qui emporte le morceau.

Bref, je me suis régalé.
 
En ce moment, j'en suis à finir À l'ombre des jeunes filles en fleur de l'inépuisable Marcel P. Je me suis décidé à recommencer la lecture de sa Recherche de la première à la dernière ligne [la dernière fois, je m'étais arrêté piteusement à la fin de Du côté de chez Swann]. Je dois dire que les deux cents premières pages m'ont paru très longues (!) mais qu'une fois arrivé aux Verdurin et à un Amour de Swann ça devient autrement captivant.
Je retrouve par exemple davantage de Saint Simon que je ne pensais, évidemment dans les portraits parfois très caustiques ou ironiques. Le style, un peu étouffant, fini par être étourdissant.
J'en ai encore pour un petit moment... :D
Tu l'as fini, depuis un an ? ;)
J'ai commencé cet été, et je m'accroche, je dois en être à la page 50 du 'côté'. Et tu dis que ça démarre au bout de 200... Cela dit pour l'instant je ne cherche plus à m'interesser à l'histoire mais me laisse bercer par le rythme de l'écriture, et la, il faut avouer que ça le fait. Et ça me détend de la lecture en parallèle de 'La science et l'hypothèse' de Poincaré :casse:
 
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Réactions: bompi
Poincaré, c'est tentant. :)

Oui, je l'ai fini il y a quelques mois et j'en suis resté perplexe. Disons que j'ai trouvé l'ensemble trop long mais que j'ai (déjà) envie de le relire... Il faut dire que les derniers volumes m'ont plus accroché que les précedents, donc j'étais dans une certaine dynamique.

C'est aussi un roman dont les personnages ne me sont pas sympathiques (je n'en vois pas un seul pour lequel j'en aurais) voire me sont carrément antipathiques. Les thèmes eux-mêmes ne m'intéressent pas forcément beaucoup plus (sinon ce qui peut se rapporter au temps).
Mais la prose est magnifique et réussit à tout emporter.

Nul doute que l'on est récompensé de sa lecture. Mais, dans la catégorie "livre important du XXe siècle", ce ne sera pas mon premier choix.

J'ai aussi un grand souvenir du "Rêve dans le pavillon rouge" de Cao Xuequin : ceux qui auront lu la Recherche pourront lire ce petit opuscule avec plaisir. :D
 
Et tu dis que ça démarre au bout de 200... :casse:

En fait, de l'expérience que j'en ai avec d'autres lecteurs de Proust, il y a effectivement assez souvent une phase d'échauffement nécessaire avec Proust (même si ça n'a pas été mon cas, j'avais accroché dès les premières pages). Ce n'est pas forcément la page 200, pour certains, c'est avant, pour d'autres après mais il y a souvent un seuil au-delà duquel les gens rentrent et n'arrêtent plus :D

J'avais réattaqué la lecture l'an dernier. Je me suis arrêté pour l'instant au milieu en gros car j'avais vraiment trop de nouveaux bouquins à lire mais j'espère reprendre cet hiver. De toutes façons, ça doit faire 40 ans que je le lis et relis :D

Par rapport à ce que dit Bompi, un point qui m'a toujours semblé intéressant chez Proust et souligné d'ailleurs dans je ne sais plus quel bouquin sur lui : à chaque lecture, on n'accroche pas forcément sur les mêmes choses, ce qui fait qu'une relecture de Proust est toujours, pour moi, essentiellement la lecture d'un nouveau livre :D (et je dois en être à la 12ème si je ne m'abuse).

Et contrairement à Bompi, les personnages sont pour moi attachants : ils ne sont pas complètement sympathiques mais pas non plus complètement antipathiques, ils y gagnent en réalité de mon point de vue (même si ce n'est pas ça l'essentiel). Proust insiste sur le fait qu'il (enfin le narrateur) les voit différemment suivant les périodes mais même indépendamment du temps, ils ont généralement une complexité.

Sinon, Armitage, ça me tente de regarder.
Pour Poincaré, j'ai lu la science et l'hypohtèse mais j'ai un peu oublié… Ça m'avait intéressé mais l'écriture me gênait un peu mais ça valait le coup.

Ça me fait penser à un bouquin fabuleux (enfin je l'avais trouvé comme ça quand je l'ai lu il y a bien des lustres…) sur les maths : le bouquin de Jacques Hadamard : "Essai sur la psychologie de l'invention dans le domaine mathématique" qui essayait de comprendre comment fonctionnait l'intuition mathématique au moins la sienne.
 
Peut-être qu'à la cinquième lecture, j'aurai de la tendresse pour la Verdurin, mais j'en doute un peu. ;)
En fait, ce qui est difficile à restituer est ce sentiment d'agacement et de fascination mêlés ; pour moi, c'est surtout pour les phases d'amour jaloux (de Swann, du narrateur) que j'avais envie de balancer le livre : c'est toute la question de la répétition, toujours semblable, jamais identique. Donc parfois fatigante, parfois stimulante.

C'est un peu comme en musique : en classique, je n'aime que très rarement les variations, qui, au mieux m'ennuient, au pire m'horripilent ; tandis que je peux écouter le même standard de jazz des dizaines de fois d'affilée... J'aime la précision chirurgicale de Boulez qui dirige Varèse et l'ornementation richissime de pièces de luth du grand siècle espagnol.

Eh bien avec le petit Marcel, c'est pareil : il sait ornementer mais il sait aussi écrire serré. Donc je n'ai cessé de passer par des phases d'immersion et d'autres de quasi-rejet.

Et puis, il y a des moments où l'on aimerait dire à Swann : vire-la, cette odieuse Odette, bon sang ! :D

Reste que, bien qu'inachevés ou, disons, pas encore dans un état définitif, les deux derniers volumes sont sublimes (enfin, pour moi). Alors que, au début, les histoires de buisson d'aubépine...

Je retourne à Wittgenstein que j'essaye (en vain) soit de comprendre (le Tractatus), soit de lui trouver le moindre intérêt (le reste).

PS : Pour Armitage, j'ai mis les livres anglais parce que, malheureusement, ce n'est pas traduit.
 
Récemment ont été réédités les Souvenirs d'une ambassade à Berlin d'André François Poncet.

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Le style est fluide et élégant et le tableau de l'Allemagne, de la France politique et aussi un peu de l'Italie, dans ces années 30, est captivant. Le thème est bien sûr passionnant en soi mais, surtout, l'analyse de l'auteur est fine et pertinente. Bref, c'est une excellente lecture.
 
Un roman russe dont j'avais beaucoup entendu parler, en bien, Oblomov de Ivan Gontcharov :
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Cela faisait un moment que je n'avais pris autant de plaisir à lire un roman (si je mets de côté quelques rares romans contemporains). Finesse, humour, intelligence, subtilité ; l'auteur aime ses personnages. Bref, un régal.
Je ne parle pas le russe donc je ne saurais dire si la traduction est fidèle ou pas mais, côté français, elle est superbe, très fluide et élégante.
Décidément, un bonheur.
 
@bompi : selon ouiquipedia la version Folio est tronquée, pas la version livre de poche.
C'est bien précisé dans l'introduction mais pas aussi vigoureusement que dans la page ouikipedia. Il ne me reste plus qu'à le lire en russe (mais ce ne pourra pas être avant une vingtaine d'années d'efforts soutenus) ou à le relire dans le Livre de Poche...
Quand je l'ai acheté, seule l'édition Folio était disponible rapidement. Ou alors l'édition Bouquins, avec d'autres oeuvres de l'auteur. Après quelques hésitations et considérations sur le poids de ma sacoche, l'état de mon dos ainsi que la laideur de la couverture du Bouquins, j'ai opté pour Folio.
la tronche du type à gauche me dit bien quelque chose mais impossible de me souvenir de qui c'est exactement.
:D
Charles Spencer Chaplin, peut-être ?
 
J'ai commencé ceci :
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Plus de 800 pages écrites très petit. :drowning:

Et pourtant, avec Peter Brown, c'est toujours aussi passionnant. Un des derniers grands historiens encore en activité.


P.S. : le mec sur la photo précédemment citée est un artiste peintre autrichien du début et milieu XXe. Il pose vraisemblablement devant quelques unes de ses toiles.
 
Voilà qui a l'air fort intéressant ; 800 pages, il va me falloir un soupçon de ténacité !

Un petit opuscule qui permet de réfléchir à la manière que l'on a de valider des tests scientifiques : Heinrich Hertz L'administration de la preuve de Michel Atten et Dominique Pestre. Le livre revient sur des expériences de physique datant du XIXe siècle (captivantes, je trouve) et leur accueil par divers scientifiques dans divers pays, la réexécution des tests, comment on admet, ou non, les hypothèses et leur preuve, comment l'expérience peut etre utilisée tout autre chose que son hypothèse initiale etc.
La réflexion vaut aussi pour bien d'autres sciences [in fine cette expérience est assez simple ; on n'ose imaginer ce que ça peut donner sur des systèmes très complexes comme en économie...] Bref, c'est court mais stimulant, surtout cela enjoint de rester mesuré dans ses adhésions.
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C'est marrant, je suis aussi en train de lire Oblomov !
Comme souvent, je lis pas mal de bouquins à la fois, plus le festival Jazzèbre il y a peu : je le lis un peu en feuilleton depuis déjà 2 mois mais je confirme, c'est un excellent bouquin. Evidemment c'est plus long que le Bartleby de Melville avec lequel il partage certaines idées mais pas toutes.

J'en profite pour citer un grand petit livre : "La scie patriotique" de Nicole Caligaris, une vraie découverte pour moi. Une vision de la guerre épurée jusqu'à l'os : c'est dur mais ça reste.