Dimanche dernier, alors que je fabriquais un accessoire destiné à la coupe régulière de bandes cartonnées réparties en un camaïeu de couleurs, on sonna à la porte. Le carillon réveilla Médor. Il aboya et couru jusqu'au portail pour accueillir le visiteur. Le temps d'arriver, je tendis l'oreille pour interpréter ces aboiements et deviner qui sonnait. C'était un voisin.
Dans le quartier, je figure parmi les ingénieux et habiles de leurs doigts – même si on ne me questionne jamais sur la localisation d'un point G. Si bien que je suis d'un grand secours pour les « en panne d'idées », les « deux mains gauches » et dans le cas présent les « bricoleurs du dimanche ».
Ce voisin arrivait avec un bout de plan de travail entaillé d'une amorce de trait de scie. Et il voulait que je termine le travail. Le temps de sortir le guide de coupe et la machine adéquate, il m'expliqua que la scie utilisée pour la découpe n'avait pas pu achever le travail. Plutôt qu'une égoïne, il avait choisi « une scie en U » (sic) – il faut comprendre une scie à métaux – et sa tentative de coupe sur la largeur du plan de travail s'était trouvée stoppée par l'armature de son porte-lame.
Un sourire plus tard, je plaçais mon guide de coupe le long de son tracé. Je remarquais aussitôt un équerrage approximatif. En effet son trait de coupe présentait un écart de quatre millimètres entre l'avant et l'arrière du panneau. Et manque de pot, il avait commencé à scier depuis la plus courte côte. Si bien que j'ai dû me caler depuis celle-ci pour assurer une coupe parallèle par rapport à la bordure servant de repère de mesure. Un coup de circulaire plus tard, il repartait avec ses deux bouts de panneaux presque à la côte.
Le coup de main terminé, je retournais à mon ouvrage. L'outil achevé, je pus préparer les bouts de carton à colorer avant découpe. Et aujourd'hui, j'ai pu tester l'outil pour, et vérifier sa qualité de conception, et constater la régularité des bandes découpées. Tout est ok !
Du coup, tu te demandes pourquoi je te cause de mon voisin ou de mon boulot si rien ne cloche ?!
Bah figure-toi que lors de la préparation des cartons à colorer, un grain de sable ou la résurgence de cette tentative infructueuse de découpe d'un plan de travail de soixante centimètres de large à la scie à métaux aura eu raison de mes calculs. Il me faut ceinturer cinquante éléments de quatre bandes de cartons de deux longueurs différentes. Soit dans l'absolu cent bandes d'une longueur et cent d'une autre. Dans l'absolu, hein, parce que dans les faits j'ai coloré l'équivalent de cinquante bandes de chaque longueur…
Et là, point question de convoquer Cocteau et son bon mot : faire la moitié du travail, le reste se fera tout seul. C'était valable pour mon bricolo du dimanche. Ni de lancer le brocard : travail bâclé est à moitié fait. Car le travail est à la hauteur de mon attente. Mais simplement dire qu'il ne faut point se laisser distraire par ses contemporains lors d'une opération de calcul nécessitant une certaine attention – un peu comme les impôts !