De passage sur Terre

  • Créateur du sujet Créateur du sujet jul29
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La nuit tombe.

Tu tournes en rond cherchant en vain la sortie.

Je suis là mais je me sens loin.
Je suis épuisée mais le sommeil ne viens pas.
Je regarde autour de moi mais rien ne m'apporte la paix.
Je ne suis pas bien ici. Ca n'est ni chez moi, ni chez toi.

Sans m'en rendre compte, dans ce même lieu, je fais comme toi : je tourne en rond.
Pourtant j'aperçois la sortie mais je suis comme paralysée.

Je veux hurler mais je reste stoïque.

Seul son sourire m'apaise, mais il n'est pas là...
Comment me calmer, retrouver la paix, le sommeil, et par-dessus tout, un chez moi....
 
Une petite pluie fine
Vient mouiller les asphaltes du trottoir

Le panache de vapeur
De l'incinérateur
Indique la direction du vent

Sud-Ouest

La nuit d'hiver est douce
Fraîche juste comme il faut
Océanique

Les mécaniques des turbo diesels
Sifflent dans la rue
Et leurs gommes chuintent

Le Monde passe.
 
La fatigue me gagne
Les phrases fuient vers des horizons qui seront leur déclin
Les mots, sans force, échouent dans des oasis sans eaux
Le crépuscule s'étend
Le sens a perdu son orient
Les choses se détournent
Les regards glissent dans des chemins de traverse
Où il n'y a rien à voir
La parole me fait défaut
Pour dire le désert

Le silence
 
J'étais tranquillement devant mon écran
À rire des bons mots des anciens
Lorsque au moment de recharger, plus rien
Onglet après onglet le même avertissement
Les secondes défilent, rien ne se passe
Les minutes s'égrainent, le manque s'installe
Combien de temps va durer cette impasse
Je commence à devenir pâle
Cette intervention sur les serveurs m'angoisse
Je ne tiens plus en place
À deux doigts de faire un malheur
Je te retrouve forum, avec bonheur
 
Quelque part, avant, après, c'est la même chose.

Un étau quelque part entre le diaphragme et la gorge.

Soleil de midi, sans pitié, sur le tarmac méridional.

je me lève..., passe devant les hôtesses au sourire figé, maquillées comme des feux de piste.
- Adiós, que aproveche su estancia aquí...
- Au revoir Monsieur...

Je sors, happé par le vent familier qui joue avec ma chemise, je souris.

L'odeur de la fleur d'oranger, la sourde rumeur de la mer...

Un éclair de cuivre dans une robe légère...

Le feu m'embrase tout entier.
¡Estoy de vuelta!
Déjà un an...
 
Un mec venant de nul part se plante devant moi, assez digne malgré l'ébriété :

- Bonjour, je voudrais faire votre connaissance mais j'ai un coup dans le nez.
- Ça se voit (Ça se sent ais-je pensé)
- Ah oui ça se voit. Je ne vais pas vous agresser, je veux juste vous rencontrer.

Rotation des corps à 90 degré

- Alors je m'appelle Benjamin, enchanté comment vous appelez vous ?
- Je m'appelle Audrey.

....

- Je descends à cusset et vous ?
- Je descends à la prochaine.

....

- Je peux déjà vous dire bonne soirée alors.
- Merci.

.....

- ce serait quand gvr,nbr même bien gzrljglrhkhb que ça vous fasse kjvgjhzkhkjhrr plaisir cette rencontre :lezfhzeklfgh
- Comment ?
- Ça vous fait plaisir cette rencontre, ça s'est bien passé ?

Tudidi (annonce du métro)

- Oui ça s'est bien passé.
- On peut se serrer la main.
- Oui on peut.
 
De tout petits mondes

Voilà ce que la terre est devenue

Depuis que le lointain en a été éradiqué

Depuis que tout est proche

Depuis que les confins se sont tranquillement déplacés vers le centre

Depuis que les distances ont été abolies

Depuis qu'on ne voyage que pour trouver le même

Depuis que ta passion pour ce qui est petit a pris le dessus sur la vision de ce qui était grand

Depuis que les grands horizons se sont dérobés à tes yeux de myope

Voilà ce que tu as fait de la terre

Petit Homme

Des mondes à ta mesure
 
De tout petits mondes

Moins grands que le cosmos

Que les Anciens trouvaient plus grand qu'eux

Des mondes minuscules, juste pour toi

Virtuels, parait-il

Tellement petits que tu peux te permettre de répondre

Mais à qui réponds-tu ?

Petit Homme

Qui t'entend encore ?
 
A la manière des différents fils d'écriture qui sont présents sur le Bar, je vous propose ici un petit "exercice de style".

DE PASSAGE SUR TERRE...​

vous propose d'évoquer en un petit texte vos sensations, souvenirs, rêveries, expériences... dans un lieu donné à un moment donné.

Pour ceci 3 contraintes sont posées :

1 - Ecrire au présent l'indicatif.
2 - La qualité intrinsèque du lieu importe peu : peuvent se côtoyer le banal comme le pittoresque, le proche comme le lointain, l'inédit comme le neutre. Pas forcément "d'événement" non plus. Cela peut n'être qu'une sensation diffuse. C'est à vous de décider. :cool:
3 - L'important étant de mettre en avant la sensation en un lieu donné à un moment donné, on évacuera autant que possible toute référence géographique ou particularité locale clairement explicite... même si ce n'est pas toujours facile !
(…)

Non pas que je n'aime pas tes textes, CouleurSud, mais ils me semblent ne pas cadrer avec l'idée de base de notre jardinier originel ;)

Après cela, je n'ai pas grand chose à dire, surtout si la modération -l'auteur ayant pris le large :(- accepte l'évolution :)
 
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Réactions: Himeji et CouleurSud
... Sauf si on considère que c'est une rêverie....

En tout cas, je ne demanderai pas la suppression de ces posts (quite accurate by the way:love:)
 
Je suis seul
Avec l’éternité
Je regarde déferler les vagues
La mer est grise en cette saison
Le ciel
Aussi
Gris

Je parle aux choses
Aux dunes
Aux pins
Les choses ne me répondent plus

Elles sont figées
Le temps les a quitté
Elles sont là, comme des questions
Sans point d’interrogation
Dans une immobilité sans espoir de réponse

Le temps n’est plus
Il a expié ses fautes
Et il me laisse
Seul
Avec une éternité grise
 
Je cours... Vite ! Très vite !
Je n'ai plus qu'une idée en tête, retourner chez ma mère... Vite ! Très vite !

Alors que je ne suis plus qu'à quelques dizaines de mètres de la maison familiale... Je sue à grosses gouttes.
"Vais-je arriver à temps ?"
"Pourvu que j'arrive à temps !"

Alors j'accélère encore sur les derniers mètres... J'avale les escaliers jusqu'au deuxième étage, ébranle la porte d'entrée, fonce au fond couloir, tourne à gauche et... Et... Une dernière porte à pousser...

Je la saisis de toutes mes forces, ouvre... Baisse mon pantalon... M'assois... Hmmmmmm !! Plouf...

Putain ça fait du bien !!!
 
Aujourd’hui je me sens un peu seul.

Perdu dans mes songes, je pense à ceux que j’ai laissés. Pas définitivement, non, juste un peu. Quelques instants, quelques jours, quelques mois. Une demi-année déjà. Le temps passe vite même si on y pense.

Perdu dans mes pensées, je songe à ceux que j’ai rencontrés. Pas définitivement, non plus, la plupart m’ont même déjà quitté. Quelques mois, quelques semaines, un week-end. Une soirée et un baiser. Les amitiés passent vite quand on y pense.

Aujourd’hui je me sens un peu seul, mais ça ira mieux demain.

Pourquoi elle ne répond pas ?
 
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Réactions: Lalla
J’ai envie de faire une sieste.

Il fait un peu froid aujourd’hui. Une brise légère agite les branches du marronnier qui veille paisiblement sur nous. J’étends mes jambes sur le banc de fer dur et froid et tu m’emballes dans ton manteau, mon oreille plaquée contre ton coeur que j'entends battre sous ta chemise. Je tourne légèrement la tête pour sentir dans ton cou et tu resserres tes bras autour de moi.
A côté, les bateaux se balancent tranquillement tandis que les mâts tintinnabulent en rythme. Je ferme les yeux et je suis à la mer. Tu me caresses délicatement le visage, je fais semblant de dormir.
Tout cela est trop romantique mais pour une fois je me laisse aller et cet instant fugace a un petit goût d’éternité.
 
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Réactions: PATOCHMAN
Observant au passage par la vitre du wagon.

Cette arrière-cour matinale où parfois un seul, voire deux véhicules stationnent. Dans l'attente d'un corps autopsié ou authentifié ou que sais-je encore. Appuyés sur le muret, ils sont là. Les employés des sociétés funéraires. Gabardines grises, cigarettes ; eux aussi en attente. A croire qu'avant de conduire des corbillards et de transporter des cercueils leur métier c'est ça : attendre.

Après tout ceux dont ils s'occupent ne sont plus vraiment pressés, n'est-ce pas ?

Et puis ce matin. Juste celui-là. Combien de véhicules ? Cinq, six ? En tout cas la cour fait plus petite qu'à son habitude. Et tous ces gens. Des hommes. Exclusivement il me semble. L'impression que c'est bondé de monde.

Tant de vivants pour ces quelques morts.
 
Le vent nettoie le ciel. Dans son bleu se découpent les caténaires. Elle a froid, chaud, ne sait pas. Sa main droite est moite. Son sac semble affreusement lourd.
Un chat miaule dans sa cage. En l'entendant, elle sourit et se demande qui est le plus stressé : elle ou lui ?
Les voyageurs se pressent autour d'elle. Bousculades. Leur brouhaha ne l'atteind pas. Elle est dans sa bulle, votre bulle. Ta main la frôle. Tes yeux la cherchent, ton regard la fuit. Elle t'écoute. Ta voix lui manque déjà.
Sa bulle éclate sous le bruit de la "composteuse" à billets.
Une voix annonce l'arrivée de son train.
5 minutes.
Ses yeux chauffent. Elle retient ses larmes. Non, elle ne pleurera pas! Dernier sursaut de fierté mal placée.
Le vide s'installe en elle.
Une dernière cigarette pour penser à autres choses.
Un chwing gum trop fort pour changer de goût.
Les rails chantent. Le train approche. Elle l'entend. Il entre en gare au ralenti, comme dans ce film en noir et blanc, image après image.
 
Nous avons couru. Pas longtemps, mais assez pour nous essouffler. Nous cherchons le numéro 748 de la rue Louix-XIV, oui, un roi-soleil, par ce temps de merde. Car il pleut, et la petite en a marre de se faire mouiller. Nous rebroussons le bon chemin

Ce n’était pas à l’église Saint-Charles-Borromée. Dieu merci. C’était au presbytère.

« Ça doit bien faire 20 ans que je ne suis pas venu dans un tel endroit » – que je dis à mon voisin. Il me répond « Elle bouge beaucoup votre petite! La mienne a 2 mois. » « Ça viendra », dis-je. Regardant Laure-Lou sauter depuis 15 minutes.

Le file d’attente.

C’est mon tour. La petite peut venir avec moi. Derrière la petite boîte de carton.

Je dois revenir, je ne suis pas en règle.

Je m’inscris, comme je n’avais pas produit de rapport d’impôts, je dois décliner identité et cie.

On retourne à la boîte cartonnée où la Lou griffe sur le cercle. Elle sait qu’elle n’a pas le droit de crier le nom de celui qui devrait gérer nos affaires dans ce drôle de pays. Puis, elle plie le petit papier. Je la prends dans mes bras pour qu’elle soit à bonne hauteur. Elle dépose le papier dans la fente.

Elle décide que ce sera le Bloc Québécois. Ça tombe bien, que je me dis.

Nous retournons à l'auto. À la radio, il joue:

"O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre autour des échafauds!
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"