Je ne crois pas que sonny parlait de sa propre mort. Il parlait de la perte. Ou il me contredira.rennesman a dit:Pas moi..J'ai vingt quatre ans et je commence déja à m'ennuyer sec sur terre....alors je m'interesse un peu à l'astronomie....pour patienter.!
Pourquoi avoir peur de la mort? puisque personne n'a rien jamais rien sondé du grand mystere de la vie? c'est un vain tourment..comme dit Epicure.
Je pense qu'en réfléchissant à cela, on peut aborder la mort avec paix et serenité.
Mon pere a soixante-quinze ans. Depuis la naissance de mon dernier enfant, je pense à lui en inversant le temps.
Qu'il ait soixante quinze n'a plus de réelle importance. Ce qu'il a vécu, ce qu'il a fait, ne m'importe plus. Seul m'importe désormais le temps qu'il lui reste.
J'écoutais Albert Jacquard théoriser l'autre jour ce basculement du sablier.
Parler du temps qu'il lui restait. Il disait : "si je me fie aux statistiques sur l'espérance de vie de ma génération, il me reste au moins dix ans à vivre. Dix ans, c'est bien. Il me reste le temps de faire encore des projets".
Bien sûr, il n'est jamais très bon de se fier aux statistiques, elles sont tellement cruelles.
Mais cela nous permet d'envisager. A partir d'un certain moment, cependant, le temps statistique doit aussi nous permettre de décider. De décider de ne plus hésiter.
Moi père a soixante-quinze ans. Il est encore vert, à le voir. Il n'a jamais que le double de mon age. Un peu moins, maintenant.
Il a le double de mon âge, et nous ne savons plus vraiment nous parler depuis des années. Prendre conscience de l'espérance de vie qu'il détenait m'a également fait prendre conscience qu'il n'était plus temps de tergiverser pour nous retrouver.
Penser à la mort, se projeter mentalement vers la fin, vers la perte, peut être autre chose qu'une souffrance. Elle peut permettre de vivre mieux.
Peut-être, d'ailleurs, est-il plus facile d'envisager la perte que de l'accepter lorsqu'elle s'impose à nous.
Je n'en sais rien. Je crois juste que le souvenir est comme un feu, que l'on entretient ou que l'on éteint. Chacun gère le deuil comme il le peut.
Je ne sais pas si, comme le disait les situationnistes, la mort nous gouverne, et il est urgent de s'en défaire. Mais je crois que le temps n'est qu'une affaire humaine. Elle ne concerne pas le monde. Et comme le disait si bien Norbert Elias, elle n'a d'importance que pour les vivants.