Dans notre malheur… Bah oui ! Un hippo qui meurt c'est toujours rageant… Mais bon ! Consolons-nous du fait que Hippo Condriaque n'avait qu'un petit rôle dans notre épopée fantastique. Nous élèverons un stèle à sa gloire. Nombre d'entre nous ne le connaissaient que de vue. Nos plus sincères pensées vont à sa famille et aux nombreux Tamalou, aujourd'hui orphelins de cœur.
En attendant… Pour que justice lui soit rendue, laissez-moi vous révéler le devenir de sa carcasse !
Le chef étoilé de l'Oulipo, un bistrot chic du côté de Fontainebleau, passe tous ces étés à sillonner l'Europe en quête de nouvelles recettes pour sa carte. Sorti premier de sa promo, cet ancien de la brigade du chef Pérec, un adepte de la cuisine sans œuf, n'avait cure de reproduire une cuisine devenue au fil du temps la coqueluche des néo-bobos du tout Paname. Ce que recherchait ce chef, c'était de l'authentique ! Des mets dont la seule évocation sussuraient le goût et la saveur du terroir.
Après avoir fait connaître au monde l’époisses moisie de la fromagerie Valery, il cherchait de quoi ravir son palais du côté de Bruxelles. Dégustant un cornet de frites à la terrasse d'une friterie en vogue sur la Grand-Place de la ville, il fut attiré par la démarche chaloupée d'une belle autochtone. Elle approcha de la baraque à frites où il avait pris place. S'accoudant au comptoir, celle-ci héla le cuistot d'une question. Philippe ?! Lança-t-elle. Quel est donc le secret de votre longue saucisse dont je me repais chaque midi ? L'Afrique Adèle… L'Afrique ! Adèle n'en revenait pas ! Cette longue saucisse à la couleur ambrée et au goût si particulier n'était pas du coin…
Pendant qu'elle continuait son enquête auprès du cuistot, notre chef étoilé prenait discrètement note de la recette sur le petit carnet qui l'accompagnait toujours pendant ces périples. Il intitula ce haché d'hippopotame farci dans un boyau de porc, la fricadelle…