L'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) désigne des expérimentateurs du langage, qui ont choisi de rajouter des contraintes formelles à son usage. D'inventer des jeux de langage en somme, puisqu'un jeu ne se joue qu'en conformité à des règles contraignantes. La forme la plus courante de la "contrainte oulipienne" est le lipogramme : l'obligation de s'abstenir de l'emploi d'une lettre. Son exécution la plus notoire est le roman de Georges Perec : "La disparition", dans lequel il a réussi à écrire un texte copieux en s'interdisant d'employer à aucun moment des mots comportant la lettre "E".
Le jeu "L'écho des mots" procède de ce principe d'abstention oulipien. En interdisant de reprendre littéralement aucun mot d'une phrase précédente, mais en imposant une reprise uniquement acoustique : par d'autres mots qui sonnent pareil à l'oreille, tout en s'en distinguant à l'écriture. Ainsi : "L'écho des mots" peut se reprendre sous la forme acoustique : "L'ais qu'Aude aime haut". À ceux qui estimeraient farfelue une pareille contrainte formelle, je ferais remarquer le point suivant : la poésie (à la différence de la prose) s'entend avant tout avec les oreilles (il s'agit d'écouter sonner ce qu'on lit), et ne se lit pas d'abord avec les yeux pour décoder le sens ce que qu'on lit. L'œil sert donc l'oreille. Ainsi, Paul Valéry disait que la poésie consiste à "intéresser continûment l'oreille" à sa lecture, et secondairement seulement à délivrer un sens. On en déduit aisément que la poésie ne se lit pas (avec les yeux), mais se récite (ou se parle) intérieurement. L'écho des mots se rattache humoristiquement à ce principe.