— Bienvenue ! Très chères auditrices et non moins très chers auditeurs dans El Virus Volant ! Je vous sais fidèles au poste pour suivre ce programme que s'arrache la concurrence. Et cette semaine nous recevons le Professeur Le-bigre-aux-beaux-skis. Il nous parlera de son parcours de sa profession et ses passions. Sans plus attendre donc… Bonjour Professeur !
— Bonjour macgeneration et bonjour les francophones !
— Alors professeur ?! Avant de nous entretenir sur votre dernier ouvrage intitulé, qu'est-ce qu'un bon nuisible ? à paraître aux éditions du granguru…
— Grangourou !
— Ah oui pardon ! Il manque les o… Aux éditions du Grangourou donc…
— Désolé de vous couper à nouveau mais vous n'êtes pas le premier à vous tromper sur la prononciation de ma maison d'éditions. Figurez-vous qu'au moment d'enregistrer la société, Lucky mon associé chargé d'effectuer les formalités, tomba sur un greffier en plein trip oulipo. Je vous passe les détails mais toujours est-il qu'il se refusait vertement à l'emploi du O les semaines 15 et 30 de l'année en cours…
— Ah bon ?! Quelle drôle d'idée que voilà…
— Oui ! Mais vous savez quoi ?! Mon Lucky l'a bluffé !
— Non ?!
— Si ! Il lui a dit texto : vous ne voulez pas de mon O ?! très bien ! Je supprime le D ! O, D ?!
— Overdose ?!
— Mais non couillon ! Aude ! Mon associé lisait et d'ailleurs lit toujours très bien sur les lèvres. Du coup ! Alors qu'il traversait le hall du tribunal de commerce d'Anvers en direction du greffier, mon associé déchiffra ce que le type disait. L'ais qu'Aude aime haut.
— L'écho des mots… Comme c'est intéressant…
— N'est-il pas ! SI bien que des éditions grand gourou, on est arrivé à granguru !
— C'est passionnant ce que vous nous racontez là ! Je suis certain que le public partage mon avis. Nous répondrons d'ailleurs à vos questions en fin d'émission ! Mais s'il vous plaît cher professeur Le-bigre-aux-beaux-skis, parlez-nous maintenant de votre parcours. Comment avez-vous fait ?
— En étudiant pardi !
— Oui… Suis-je bête…
— Oui ! Mais moins que certains de mes collègues de l'académie royale de Bruxelles… Car voyez-vous, ma discipline est toute récente…
— Permettez-moi professeur Le-bigre-aux-beaux-skis… Le public et plus particulièrement vos émules aimeraient en savoir un peu plus sur le parcours qui vous mena à la création de cette nouvelle discipline ?
— Ah oui… Bon ! Mon père voulait que je sois parachutiste tandis que ma mère souhaitait me voir rejoindre les ordres. Mais ni le célibat ni l'uniforme ne m'intéressaient. Enfant, j'étais déjà très attiré par l'atypisme et la singularité. Le vivant, et plus particulièrement les êtres vivants rejetés de tous avaient ma préférence. Si bien qu'au sortir du lycée, ma prof de biologie appuya ma demande pour intégrer l'académie royale de biologie de Namur. Et pas simplement parce que j'avais le chic pour la faire grimper aux rideaux…
— Rhôooo !
— Comme vous dites… Mais avec elle, ça faisait plutôt : rhâaaaa… Ha ha ha !
— Ouiiii hi hi hi…
— Donc ! Armé de mon baccalauréat et d'une lettre de recommandations, je rejoignais l'amphithéâtre du professeur Tournesol…
— Comme dans…
— Oui ! Et dès des premières semaines de cours, je dus trouver un emploi pour compléter la maigre bourse octroyée par le Roi. Je me retrouvais donc cuistot dans une baraque à frites. Et à chaque fin du service, j'étais chargé de jeter les denrées défraîchies dans le compacteur à ordures…
— Si ça n'est pas malheureux de jeter de la nourriture…
— Comme vous dites ! Mais c'est justement grâce à ça que je trouvais ma voie. Car voyez-vous il y avait là, autour de ce bac à ordures, une myriade de petits êtres affamés. De la blatte au goélands, en passant par la musaraigne et le chat errant, chacun attendait de se remplir l'estomac. Et moi, spectateur de la situation et en dans le même temps acteur de leur survie, je trouvais là un sujet parfait pour ma thèse, les détritivores urbains.
— Ce que vous nous dites professeur Le-bigre-aux-beaux-skis est tout simplement incroyable ! Vous avez trouvé votre voie en vidant les poubelles…
— Non ! En remplissant des estomacs !
— Ah ?!
— Oui…
— Je ne l'avais pas vu comme ça…
— Faites un effort scrogneugneu ! C'est toujours pareil avec vous, les journalistes ! On vous dit un truc et vous ne faites que relire vos fiches…
— C'est vrai… Vous avez raison professeur Le-bigre-aux-beaux-skis. Mais que voulez-vous… C'est mon émission !
— Il n'empêche, je suis votre invité !
— Plus pour longtemps… On me fait signe en régie qu'il est temps pour vous de répondre à une ou deux questions du public. Allez-y Madame, posez votre question.
— Bonjour professeur Le-bigre-aux-beaux-skis.
— Bonjour Madame.
— Vous dites dans votre précédant livre, les nuisibles sont vos amis, qu'il faut arrêter de mettre de l'anti-mites dans nos placards parce que cela nuit à la biodiversité…
— Oui ! Je confirme ! Les mites étaient un élément essentiel dans la nature avant la disparition de leur habitat devant l'urbanisation galopante. Elles avaient pour rôle de nettoyer les sols des restes des cadavres d'animaux laissés là par les précédents détritivores et plus particulièrement les poils ou les plumes. Mais aujourd'hui, l'homme se refuse à laisser les cadavres en décomposition souiller les sols des zones urbaines. Donc les mites, pour pondre leurs larves, ont dû trouver une alternative. Et vos placards sont devenus pour elles le lieu idéal de leurs nidifications. Donc, plutôt que détruire les larves à coups d'anti-mites, laissez l'oiseau ou la souris tombée sous les griffes de votre animal domestique préféré dans un coin de votre balcon ou au fond de votre jardin. Cela aura pour effet d'attirer les mites hors de votre maison.
— Merci madame pour votre question. Merci professeur Le-bigre-aux-beaux-skis pour cette réponse quelque peu originale. Nous n'avons hélas plus de temps pour une autre question…
— Quel dommage !
— Oui mais bon… L'actualité n'attend pas ! Il est maintenant l'heure de retrouver notre envoyé spécial en direct de New-York pour les commémorations des vingt ans des attentats du nine eleven. Merci cher professeur Le-bigre-aux-beaux-skis pour ce moment de culture atypique.
— Merci macgeneration pour l'invitation. Merci les francophones de m'avoir écouté. Et n'oubliez pas… Les nuisibles d'aujourd'hui ne sont ni plus ni moins que les détritivores d'hier. Vous avez beau essayer de vous en débarrasser, ils seront encore là après vous. Changez donc votre fusil d'épaule. l'ennemi est ailleurs.
— Merci professeur Le-bigre-aux-beaux-skis pour cette conclusion. Merci chères auditrices et auditeurs. À vous les studios !
— Et vive les poilus !
— ?!?