La Suisse, ses junks. Mettez de la mort dans votre vin.

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supermoquette a dit:
C'est exactement mon cas, famille peu permissive, et tous les morts ont eu, eux, des parents divorcés qui voulaient passé pour plus cool que l'ex-conjoint en laissant tout faire (fumer des joints à la maison, aucune heure de rentrée dès 14 ans). Certe je ne généralise pas, c'est juste l'exemple que je connais.


Etre copain avec ces enfants, c'est pas leur rendre service. Ils doivent se sentir quelque part abandonnés. Il leur manque le sentiment de sécurité.
Suis pas sûre d'être clair là.
 
Merci Séb... ;)

J'habite aussi en Suisse. Durant ma jeunesse, le soir, j'aidais souvent mon grand-père à sa ferme. La vie d'agriculteur de montagne n'a jamais été facile. Mais je ne m'en suis jamais plaint.
Je n'ai jamais touché à cette merde. Simplement parce que je n'en avais aucun besoin. Mes copains et copines d'école faisions beaucoup de sport, durant les temps libres. Nous avions toujours quelque chose à faire. Malgré que nous ne roulions pas sur l'or, je n'ai jamais souffert d'aucun manque. Mes parents me faisaient une totale confiance.
C'est ce que j'essaie d'inculquer à mes enfants.

Camille et Paul sont merveilleux. :love:

kapol.jpg
 
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Réactions: WebOliver
Dans notre univers Ouest-Parisien, nous avons connue les premieres douilles à 15 ans, les premiers TAZ à 18 et taper sur une table à 20...
Cette consomation festive qui nous raprochait est devenue en quelques années solitaire. Elle nous eloignait.

Aujourd'hui nous avons 25 ans. Avoir eu l'impression de crever, d'étouffer sur place, d'avaler sa langue et d'apprendre par le SAMU à 3h00 du matin que ça se passe dans tête est un avertissement. Se retrouver deux jours en cardio et avoir sentie son coeur s'arreter en est un autre.
C'est de la merde.

Aujourd'hui, c'est fini. Il reste encore la nicotine et le Wyskie.
 
Merci Seb... ton texte laisse entrevoir un monde qui m'est totalement inconnu.
Comme Roberta j'ai grandi dans une cage dorée, surveillée par une maman au gant de fer. Ce n'est que bien plus tard que j'ai connu la liberté, et là j'étais trop vieille pour tomber dans ce genre de chose.

Que dire ? que faire ? je ne sais pas. :( Plus d'amour ? pas assez ? trop ? :heu:
 
supermoquette a dit:
Souvent, le dimanche matin, je fais une lessive au Lavomatic®, j'adore cette ambiance étrange de regards qui se croisent, des gens qui ne se connaissent pas, tout en partageant une tâche commune, exhibant malgré eux leurs slips, soutien-gorges, harnais et autres.
Merde, pas de cash, je dois passer au Postomat®. Bah, un détour de 30 mètres, allez Sébastien, fais du sport ! Il fait beau, Roberto m'a fait rire au déjeunez, je sors de mon immeuble, crevé par ce week-end, mais joyeux. Je commence à traverser la place de la Riponne sous un soleil amical. Au fond un agglomérat de junks, toujours là, au même endroit, invariable, se soutenant de l'angoisse de la nuit (il y a les fêtes de la Cité ce week-end, la ville est bondée de monde le soir et ça ça les blessent, comme un Noël ça les rapproche encore plus de leur solitude), toujours présents. Enfin présent...
En Suisse, c'est courant. On admet que c'est une maladie, parfois la politique semble intelligente. L'état distribue même de l'héroïne gratuitement aux cas désespérés qui ont rechuté à moultes reprises et qui ne s'en sortiront jamais. Sans rire, ça fait des miracles : réinsertion sociale, familliale (et oui...), reprise du travail, arrêt de la délinquance qui servait à payer sa mort. On ne les cache pas, dieu merci. On préfère les laisser se regrouper dans les centre-ville pour qu'ils ne foutent pas la zone partout. Et puis, c'est plus simple, deux flics suffisent à surveiller le groupe.
Des cheveux rouges me tapent à l'oeil (j'adore les femmes aux cheveux rouges). La silhouette commence à se dessiner. Je continue d'avancer. Comme d'hab'. Cette jeune femme, probablement âgée de vingt ans, montre son nouveau tatouage à ses "potes", il descend de sa nuque jusqu'au ***. Elle est sublime. Monica Belluci en serait furax. Des yeux bleux à pleurer, une robe dont l'échancrure du dos descend jusqu'au premier centimètre de sa raie des fesses. Un enfer pour un hétéro. Un véritable enfer. J'en suis traumatisé. C'est une junk débutante : peau de rêve, le sourire dévoreur de son âge, rigolante, heureuse.
Elle me voit. Forcément, je suis différent. Elle m'interpelle, me demande ce que je fais juste là, maintenant. Toute intéressée de discuter avec quelqu'un qui n'a pas déjà bu 4 litres de bières pour calmer le stress de l'attente du dealer. Une invitation claire, net, précise. Mon sang se glace : elle commence à avoir la voie nasillarde des junks à l'héroïne. Je n'ai jamais compris pourquoi ils avaient tous la même voie. Ce n'est pas de sniffer vu qu'ils se piquent, tous. Sa voie... elle débute.
Deux heures après je m'en veux encore de ne pas l'avoir invité sur la terrasse du bistrot d'à côté. De ne pas l'avoir connu, dragué. De l'éloigner du groupe, de lui dire ce qu'elle m'inspire. Si je suis un obsédé, les femmes me font rêver. Trop, parfois.
Et puis non. Rappelles-toi, Seb. Faut dire que j'ai un lourd passif dans ce domaine. Ma jeunesse. Depuis mon premier joint (13 ans et demi, les demis comptent à cette âge), mon (ex-)groupe de pote de l'époque est décimé. Quand je rentre dans ma ville natale pour voir mon frère ou mes parents je n'échappe pas à deux choses. La première est de croiser les deux seuls survivants du groupe. Lesquels n'arrivent qu'à articuler qu'une "salut" approximatif. Deux frères, en plus. La seconde est d'entrevoir les pierres tombales des autres, vu que mes parents ont eux la bonne idée d'habiter sur la route du cimetière. Pendaison en prison, overdose (la plupart), j'en passe. Une petite ville de 12'000 habitants, rurale, tranquille, quoi. Je ne suis jamais tombé dans la "dure", qui, au début de la guerre de Yougoslavie est devenue moins cher que la douce. Je faisais des études, j'avais soif d'apprendre. Du coup on sent très vite ce qui nique le cerveau, on peut pas se le permettre.
Ça n'a pas changé depuis. Avide de musique electro depuis 1997, je connais tous les gens de la région qui ont la même passion, qui mixent, qui produisent, qui écoutent. Je ne fais pas d'amalgame, c'est un exemple. Juste un exemple. Cet hiver encore, des "potes" ont déposé un gars de 22 ans sur un tas de neige car il commençait à se sentir mal après un trop plein de coke. Fallait quand même pas qu'il vomisse sur la moquette de son dealer. C'est dégueu. Début d'overdose. Ça se soigne, surtout quand on habite à 5 minutes d'un hôpital bien équipé. Mais il est mort de froid, avant. J'ai coupé les ponts avec cette région, j'en peux plus.
Je sais c'est confu et mal écrit, c'est sorti comme un vomi et je refuse de me corriger de peur de me lire. Mais même maintenant je la vois depuis ma fenêtre et me retient, mais la tentation est grande. Je me sens salaud, idiot. Elle m'a fait des avances, c'est une fille de rêve. Je pourrais passer de bon moments, être heureux avec elle un moment. Puis je repense à mes ex-potes. Qui, après des nuits blanches à les raisonner, sont d'accord avec toi et te remercient puis quelques heures après gisent shootés en marmonnant que cette fois, c'est différent, c'est pour rire.
Heureusement les choses changent. Depuis les junks se shootent à la coke, c'est mieux, parait.
:zen:
 
Macounette a dit:
Merci Seb... ton texte laisse entrevoir un monde qui m'est totalement inconnu.
Comme Roberta j'ai grandi dans une cage dorée, surveillée par une maman au gant de fer. Ce n'est que bien plus tard que j'ai connu la liberté, et là j'étais trop vieille pour tomber dans ce genre de chose.

Que dire ? que faire ? je ne sais pas. :( Plus d'amour ? pas assez ? trop ? :heu:


Parler, parler, parler, parler, parler, parler et surtout... écouter l'autre et admettre qu'il aille un autre avis. ;)
 
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Réactions: Macounette
supermoquette a dit:
Je ne suis plus retourné jamais dans ce coin de Berne. Une ville tellement formidable, par ailleurs. Là ou les alémanques se fendent d'un parfait français pour nouer le contact avec nous, les francophones, blessés de l'infériorité numérique. Voyez le contraste ?
Tu devrais. :D ;) Retourner à Berne, je veux dire.
Pour le coin en question, il a bien changé depuis quelques années...
 
Pour les "scènes ouvertes", très Suisse mais ça commence à changer. Depuis la fermeture du "Needle Park" européen, le Platzspitz à Zurich, la tendance à la répression s'intensifie :( Depuis lors, plus de scène ouverte unique à Zurich, les junkies s'éparpillent un peu partout dans les quartiers ouvriers de la ville.
Même chose à Berne... les junkies aux abords du Palais Fédéral, quelle honte ! :rolleyes: tout ça est en train de changer...
 
Macounette a dit:
Pour les "scènes ouvertes", très Suisse mais ça commence à changer. Depuis la fermeture du "Needle Park" européen, le Platzspitz à Zurich, la tendance à la répression s'intensifie :( Depuis lors, plus de scène ouverte unique à Zurich, les junkies s'éparpillent un peu partout dans les quartiers ouvriers de la ville.
Même chose à Berne... les junkies aux abords du Palais Fédéral, quelle honte ! :rolleyes: tout ça est en train de changer...

Ah bon, t'es certaine? :(

Paru dans «Le Matin» du 14 mai 2005
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Les drogués dirigent

Les toxicomanes de Lausanne se sont installés à la Riponne, aux abords d'une belle fontaine qui ne fera donc plus la joie des promeneurs. La Ville, qui avait fermement invité les drogués à quitter la place Saint-Laurent et à se rendre dans un parc, parle d'une situation « tenable » et enjoint la police à «diminuer la pression». La démonstration est réussie: dans cette affaire, ce sont les drogués qui décident, seuls. Enfin, pardon: dans le langage officiel on les appelle «les marginaux», ça fait plus chic.

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Pris de délires, les politiciens de gauche de la «mégalopole» lausannoise, ont eu l'heureuse idée de faire construire un métro. Lors du percement d'un tunnel, celui-ci s'est effondré en laissant un trou béant, au dessus d'une place, où se réunissaient tous les junkies de la ville.
La police en a profité pour leur proposer un autre lieu de réunion. Quelle dèche, cette ville.
 
Macounette a dit:
Merci Seb... ton texte laisse entrevoir un monde qui m'est totalement inconnu.
Comme Roberta j'ai grandi dans une cage dorée, surveillée par une maman au gant de fer. Ce n'est que bien plus tard que j'ai connu la liberté, et là j'étais trop vieille pour tomber dans ce genre de chose.

grandir dans une cage dorée ne te met pas à l'abri en soi
à 18 ans, ma vie pouvait paraître tout à fait banale, dans une famille type classe moyenne, plutôt conservatrice et catho.

un beau jour j'ai pété un plomb, étouffé que j'étais par mon mal être dans cet environnement trop cloisonné, je me suis révolté et suis devenu keupon et j'ai atterri avec mes "congénères libertaires" à trainer avec toute la zône qu'on peut trouver dans la rue. Un environnement pas franchement des plus sains quoi.
Des toxs, y'en avait parmi nous. Je me rappelle des crises de manque d'un pote ou encore d'un autre mec que je revois se préparer puis se faire son shoot dans un bunker cradingue... Ce qui ne m'a pas franchement donné envie de tester l'affaire... autant certains étaient attirés par c'te merde autant, j'ai éprouvé une franche répulsion pour tout ça...
À ce qu'on dit, plus tu viens de haut, plus tu peux tomber bas... un univers bien glauque en tout cas.
 
-lepurfilsdelasagesse- a dit:
grandir dans une cage dorée ne te met pas à l'abri en soi
à 18 ans, ma vie pouvait paraître tout à fait banale, dans une famille type classe moyenne, plutôt conservatrice et catho.


ce n'est pas tant le milieu où tu vis mais les personnes que tu frequentes
ou que tes parents te laissent frequenter :zen:
 
Macounette a dit:
Merci Seb... ton texte laisse entrevoir un monde qui m'est totalement inconnu.
Comme Roberta j'ai grandi dans une cage dorée, surveillée par une maman au gant de fer. Ce n'est que bien plus tard que j'ai connu la liberté, et là j'étais trop vieille pour tomber dans ce genre de chose.

Que dire ? que faire ? je ne sais pas. :( Plus d'amour ? pas assez ? trop ? :heu:
Merci Sebastien, oui, merci.

Macounette, les cages dorees n'empechent pas de voir le reste ;)

J'ai aussi ete protegee par une cage doree pendant mon enfance et mon education et ca ne m'a pas empecher de tomber et de connaitre ce sombre milieu. Dieu merci, je ne me suis pas enfoncee loin, meme si ce n'est pas les occasions qui ont manquees. Personne n'est malheureusement a l'abrit du fleaut qu'est la drogue :(

Ayant fait les Beaux-Arts, je n'ai pu que constater l'ampleur du phenomene... C'est tres abondant dans ce domaine... J'ai deja vu des potes se ronger les levres apres avoir avales des plombs de merde...

Ca donne a reflechir, clairement, phenomene de societe :rateau:
 
Merci Seb pour ce texte.
Rien là dessus pour ma paart. J'ai juste fumé quelques pétards et ça n'est pas allée bien loin. Pas envie de ressembler à un loque comme nombre de personnes que j'ai cotoyé.
J'ai navigué dans un milieu où tout celà est tellement facile. Voir les mecs et les nanas se remplir le nez et les bras me faisait gerber.
Aujourd'hui, 1à ans après, que reste-t-il de ces gens là?
Rien. Certains s'accrochent à leur passé et n'ayant plus de fric pour se payer leur conso s'avoinent la tronche dès le réveil à tout alcool fort disponible pour pas cher. Tus ceux là n'ont pas d'avenir.

Les plus calmes, les rabats-joie comme moi ont une vie normale (presque en tout cas pour moi, vu les évènements de cette dernière année... :D ) et nous sommes heureux de ne pas avoir été des pions dans le jeu de ceux qui tenaient les rennes.

On passe pour un con, mais au final, c'est qui le plus heureux?
 
Je l'ai connut il avait 1 ans et demi, et moi 3. C'était sa maman qui me gardait :love: On a grandi ensemble, c'est un ami d'enfance. Un voisin en plus.
Même si la vie nous a vite séparé, on se voyait souvent, nos parents étaient amis, on partait en vacances exprès dans les mêmes coins :up:
Un jour pour faire comme tout les jeunes des banlieues, il s'est mis à fumer. De l'herbe. On dit que pour 80% des gens l'herbe n'a aucun effet secondaire, lui il fait parti des 20 autres pour cent.
L'abus de cette drogue, parce que c'est bien une drogue, a déclenché en lui une schizophrénie et une grosse psychose... Aujourd'hui à 24 ans il ne peut pas s'assumer seul. Il a tout arrêté, est suivit par les meilleurs médecins et psychiatres, mais c'est trop tard...
Aujourd'hui quand sa maman vide le frigo pour l'empêcher de faire ses crises de boulimie, il mélange l'huile et le vinaigre du placard et le boit comme ça, pour se remplir le ventre...

A peine il a sut écrire, il offrait des poêmes magnifique à ma maman.

Aujourd'hui je n'ose plus aller le voir.
 
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Réactions: woulf
Modern__Thing a dit:
Merci Sebastien, oui, merci.

Macounette, les cages dorees n'empechent pas de voir le reste ;)

J'ai aussi ete protegee par une cage doree pendant mon enfance et mon education et ca ne m'a pas empecher de tomber et de connaitre ce sombre milieu. Dieu merci, je ne me suis pas enfoncee loin, meme si ce n'est pas les occasions qui ont manquees. Personne n'est malheureusement a l'abrit du fleaut qu'est la drogue :(
Je pense que si... Comme le soulignait sylko, la communication est primordiale.

Moi, je vivais certes dans une famille plutôt sévère, peu de sorties, peu de copains/copines, pas de "traîner avec des bandes de copains", mais mes parents m'ont très vite ouvert les yeux... conversations, photos, images de presse... articles sur la condition physique des junkies... tout ça déjà à 11-12 ans... et à 16 ans, j'ai lu Wir Kinder vom Bahnhof Zoo. Bref du coup au lieu de me rebeller j'avais une trouille morte de finir comme ça. Ca ne m'attirait pas, que de devenir une loque humaine...
 
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