Mais toutes les drogues ne présentent pas le même type de dépendance, et certaines n'en présentent pas du tout. Il me semble avoir posté un peu plus haut le lien sur la brochure de la
MIALDT, une instance on ne peut plus officielle. Lis-là, elle est pleine d'informations.
La Drogue, avec un grand D, c'est le chiffon qu'on agite pour faire peur aux braves parents qui, malheureux, n'ont jamais touché à un pauvre psychotrope. C'est l'image fantomatique de l'héroïne. C'est ça, la base de l'imagerie politique de la drogue, ce truc mortel qui détruit les enfants et rend les adultes tout maigres et tout verts et tout fous et tout violents, même qu'ils finissent par tuer les petites vieilles pour leur piquer leur sac.
La Drogue, (et on peut dire les drogues, c'est aussi con) est ce concept débile inventée par les pères fouettards, ça n'existe pas. Il existe une multitude de substances, dont les effets et les provenances sont radicalement différentes.
Tu veux parler des failles détruites par les drogues ? Elles sont nombreuses, oui. Et dans l'écrasante majorité des cas, cette drogue qui a détruit des humanités s'appelle alcool ou cocktail d'automédication : un comprimé pour se calmer et dormir, un autre comprimé pour se réveiller, un troisième pour avoir le courage d'affronter la vie.
L'héroine concerne moins de 0,01% de la population européenne pour ce qui est des usagers, 0,05% pour ce qui est des familles (un peu plus en suisse, désolé mes loulous, mais votre société est largement plus malade à crever que les notres..). Le crack concerne 1% de la population française. C'est également une drogue mortelle, et ces effets sociaux sont ravageurs. Son utilisation est d'une surface plus restreinte que l'héroïne. Quand le shoot reste un truc qui touche de nombreux segments de la société, le crack est essentiellement une drogue de pauvres et d'immigrés.
Ce sont des drogues mortelles à dépendance lourde et à échéance rapide. Je ne connais pas d'usagers de ces produits qui en parle en disant "c'est cool". Encore moins qui disent "j'arrête quand je veux".
Le tabac et l'alcool sont également des drogues mortelles. Peu par overdose, certes, encore que les morts par coma éthylique sont en France plus nombreuses que par OD d'héroïne, et je ne compte pas le nombre d'avinés qui meurrent et tuent au volant. (alors que peu de junks conduisent dans ces moments-là...).
La mort est généralement plus longue, moins directe. Elles coûtent par conséquent beaucoup plus cher aux états. Mais elles rapportent généralement plus qu'elles ne coûtent. Le reste, le shit, comme tu dis, les amphétamines, les méta-amphétamines, les hallucinogènes de toutes classes, etc., ont des effets toxiques sur le corps humain, à des degrés divers (mais sans aucune mesure avec les drogues socialement acceptés et taxées). Mais aucune étude sérieuse (pas celle du genre du type qui injecte 1 gr de canabis pur dans le sang d'une souris de 50g et qui conclut à la dangerosité de l'herbe, hein...) ne conclut à une dépendance physique grave. Les dépendances rencontrées sont de l'ordre psychologique, et concernent essentiellement les produits qui agissent sur la libido : cocaïne et toutes les nouvelles molécules qui ne servent qu'à baiser, et qui commencent par ravager d'abord les milieux gays depuis quelques années. Le LSD et le MDMA restent en celà des molécules à part, très proches des produits naturels dont elles sont les synthèses. Peu de dépendance, des dommages très variables suivant les individus et les environnements de prises, et des temps très longs de récupération.
Reste la question essentielle posée par quelques uns depuis le revival de ce fil. Pourquoi ? Parce que c'est bon !
Les chamignons hallucinogènes, on a pas attendu Billy Ze Kick et les gamins en folie pour savoir que c'était bon, ça fait des millénaires qu'on les mangent en connnaissance de cause, les psylos, les tryclos et autres amanita muscaria. Et l'ergot de seigle, avant qu'un connaisseur le distille, ça faisait déja quelques siècles que certains paysans avaient compris comment s'en servir. L'opium, la coca, la marijuna sont utilisés pour toutes sortes de choses, dont le plaisir, dont la guérison, depuis des temps immémoriaux.
Et nous, humains de base passés à la broyeuse de la modernité victorienne, nous qui ne savons plus, pour la plupart, reconnaitre et encore moins provoquer naturellement une sécrétion d'endorphine ou d'adrénaline, nous sommes effrayés par nos propres êtres.
Parce que les drogues ne servent qu'à ça : à oublier la douleur de vivre, et/ou à voir au fond de soi.
C'est bien pour ça que nos sociétés modernes les traitent différemment : elles encouragent celles qui nous permettent de supporter longtemps la dureté de la vie, elles s'indiffèrent de celles qui tuent les désespérés, et elles s'effrayent de celles qui de tout temps ont permis à des hommes de déchirer le voile qui masque leur propre existence.