Fission nucléaire
La fission nucléaire
La fission nucléaire est le phénomène par lequel le noyau d'un atome lourd (noyau qui contient beaucoup de nucléons, tels les noyaux d'uranium et de plutonium) est divisé en plusieurs nucléides plus légers. Cette réaction nucléaire se traduit aussi par l'émission de neutrons et un dégagement d'énergie très important (≈ 200 MeV, à comparer aux énergies des réactions chimiques qui sont de l'ordre de l'eV).
Découverte de la fission nucléaire
Le phénomène de fission nucléaire induite fut découvert en 1938, par trois physiciens du Kaiser-Wilhelm-Institut für Chemie de Berlin : Otto Hahn, Lise Meitner et Fritz Strassmann.
Les résultats du bombardement de noyaux d'uranium par des neutrons avait déjà paru intéressants et tout à fait intriguants. Dabord étudiés par Enrico Fermi et ses collègues en 1934, ils ne furent correctement interprétés que plusieurs années plus tard.
Le 16 janvier 1939, Niels Bohr arriva aux États-Unis pour passer plusieurs mois à lUniversité de Princeton, où il avait hâte de discuter de certains problèmes théoriques avec Albert Einstein. Juste avant son départ du Danemark, deux de ses collègues, Lise Meitner et Otto Frisch, lui avaient fait part de leur hypothèse selon laquelle labsorption dun neutron par un noyau duranium provoque parfois la scission de celui-ci en deux parties approximativement égales, ainsi que la libération dune énorme quantité dénergie : ils appelèrent ce phénomène "fission nucléaire". Cette hypothèse se basait sur limportante découverte de Hahn et Strassmann (publiée dans Naturwissenschaften au début du mois de janvier 1939) qui démontrait que le bombardement de l'uranium par des neutrons produisait un isotope du baryum.
Bohr avait promis de garder secrète linterprétation de Meitner et Frisch jusquà ce quils publient un article afin de leur assurer la paternité de la découverte et de l'interprétation, mais à bord du bateau en route pour les États-Unis, il en parla avec Léon Rosenfeld, en oubliant de lui demander de respecter le secret.
Dès son arrivée, Rosenfeld en parla à tous les physiciens de Princeton, et la nouvelle se répandit aux autres physiciens, tel Enrico Fermi de lUniversité de Columbia. Les conversations entre Fermi, John R. Dunning et G. B. Pegram débouchèrent sur la recherche à Columbia des rayonnements ionisants produits par les fragments du noyau duranium obtenus après cette fameuse "fission".
Le 26 janvier 1939, se tint une conférence de physique théorique à Washington DC, organisée conjointement par lUniversité George Washington et la Carnegie Institution de Washington. Fermi quitta New York pour participer à cette conférence avant le lancement des expériences de fission à Columbia. Bohr et Fermi discutèrent du problème de la fission, Fermi mentionnant en particulier la possibilité que des neutrons puissent être émis durant le processus. Bien que ce ne soit quune hypothèse, ses conséquences cest-à-dire la possibilité dune réaction en chaîne étaient évidentes. De nombreux articles à sensation furent publiés dans la presse à ce sujet. Avant la fin de la conférence à Washington, plusieurs autres expériences étaient lancées pour confirmer la thèse de la fission du noyau.
Le 15 février 1939, dans la Physical Review quatre laboratoires annonçaient des résultats positifs (Université de Columbia, Carnegie Institution de Washington, Université Johns-Hopkins, Université de Californie). À ce moment, Bohr savait que des expériences similaires avait été entreprises dans laboratoire de Copenhague (Danemark) vers le 15 janvier (Lettre de Frisch à Nature datée du 16 janvier 1939 et parue dans le numéro du 18 février). Frédéric Joliot à Paris avait aussi publié ses premiers résultats dans les Comptes Rendus du 30 janvier 1939. À partir de ce moment là, il y eut une publication régulière darticles sur la fission, de telle manière que, dans la Review of Modern Physics du 6 décembre 1939, L. A. Turner de Princeton en dénombra presque une centaine.
Le phénomène
Il existe deux types de fissions : la fission spontanée et la fission induite.
Remarque : des noyaux atomiques pouvant fissionner sont dits "fissiles" ou "fissibles". De tels noyaux ont obligatoirement un numéro atomique supérieur ou égal à 89 : ils forment la famille des actinides.
Fission spontanée
Le phénomène de la fission spontanée fut découvert en 1940 par G. N. Flerov et K. A. Petrzak en travaillant sur des noyaux d'uranium 238.
On parle de fission nucléaire spontanée lorsque le noyau se désintègre en plusieurs fragments sans absorption préalable d'un corpuscule (particule). Ce type de fission n'est possible que pour les noyaux extrêmement lourds, car l'énergie de liaison par nucléon est alors plus petite que pour les noyaux moyennement lourds nouvellement formés.
L'uranium 235 et le californium 252 sont par exemple des noyaux spontanément fissiles.
Fission induite
La fission nucléaire de l'uranium.
La fission induite a lieu lorsqu'un noyau lourd capture une autre particule (généralement un neutron) et que le noyau composé alors formé se désintègre en plusieurs fragments.
La fission induite de l'uranium 235 par absorption d'un neutron est la réaction de ce type la plus connue. Elle est du type :
X et Y étant deux noyaux moyennnement lourds et généralement radioactifs : on les appelle des produits de fission.
Ainsi la fission induite d'un noyau d'uranium 235 peut donner deux produits de fission, le krypton et le baryum, accompagnés de trois neutrons :
Les fissions induites les plus couramment utilisées sont la fission de l'uranium 235, de l'uranium 238 et du plutonium 239.
Orchidoptose : relâchement considérable du scrotum avec abaissement du testicule et développement de varices dans le cordon (varicocèle)
La varicocèle
[?] Qu'est-ce que c'est ?
La varicocèle est une dilatation variqueuse des veines (varices) du cordon spermatique (situées dans les bourses, au dessus et autour de chaque testicule).
Cette dilatation est la conséquence d'un mauvais fonctionnement de valves situées dans les veines. Le sang ne parvient plus à remonter le long des veines pour rejoindre les veines plus importantes (veine rénale gauche et veine cave inférieure).
[?] Causes et facteurs de risque
Le côté gauche est plus souvent atteint que le droit (du côté gauche, les veines spermatiques rejoignent la veine rénale gauche alors que du côté droit elles rejoignent la veine cave inférieure).
Les deux côtés peuvent être atteints de façon symétrique ou asymétrique.
La varicocèle peut ne donner aucun symptôme ou se manifester par une pesanteur dans la bourse, en particulier en fin de journée et par temps chaud.
A un stade évolué, le volume de la bourse peut être augmenté.
[?] La consultation
Bilatéral et comparatif, il recherche les dilatations variqueuses au dessus des testicules. La palpation des testicules est normale. L'examen élimine une autre cause de pesanteur (hernie inguinale, kyste du cordon spermatique, épanchement de liquide dans la bourse, tumeur du testicule).
[?] Examens et analyses complémentaires
Ils sont sans intérêt lorsque l'examen clinique est formel. En cas de doute, une échographie est réalisée. Elle met en évidence les dilatations veineuses, élimine une autre pathologie locale et peut, si une étude par doppler est associée, montrer la stagnation du sang dans les veines dilatées.
[?] Evolution de la maladie
L'évolution est variable.
Une varicocèle peut très bien ne jamais gêner le patient.
A l'inverse, elle peut occasionner une gêne qui augmente avec les années pour devenir quasi-permanente.
Parfois, la varicocèle n'est gênante que par périodes.
[?] Ne pas confondre avec...
Outre les autres pathologies du cordon et du testicule (voir plus haut), il faut penser chez un adulte de plus de 30 ans à la possibilité d'une tumeur du rein. En effet, les volumineuses masses du rein peuvent entraîner la compression de la veine rénale, voire de la veine cave inférieure, et diminuer le retour veineux des veines spermatiques. Une varicocèle peut donc, exceptionnellement, amener à la découverte d'un cancer du rein.
Il faut également questionner le patient sur sa fertilité (possibilité d'avoir des enfants). En effet, la présence d'une varicocèle bilatérale est parfois associée à une stérilité, dont le mécanisme est aujourd'hui encore controversé.
[?] Traitement
Il dépend de la gêne ressentie.
Les patients non gênés n'ont pas à être traités, sauf en cas de stérilité associée car la cure des varicocèles permet dans certains cas le retour à la fertilité.
Le traitement est chirurgical. Il peut être réalisé soit par une incision classique (inguinale ou abdominale), soit par colioscopie (une caméra est introduite par une incision réduite dans l'abdomen). Il consiste à ligaturer les veines spermatiques dans leur portion haute, de manière à entraîner une involution des veines du cordon.
Le traitement chirurgical a de bons résultats pour un taux de complications faible.
Bilan neutronique
Lors de la fission, sont tout de suite émis des neutrons, dits neutrons rapides. Puis, après l'émission de ces neutrons rapides, les produits de fission commencent à se désintégrer par désintégration β et par émission de neutrons après les désintégrations β . Comme ils sont libérés après les neutrons rapides, les neutrons libérés juste après les désintégrations β sont appelés neutrons différés.
Le résultat d'une fission induite par un neutron dépend très largement de l'énergie de ce dernier. On distingue classiquement les neutrons rapides, directement issus d'une fission précédente, et les neutrons thermiques ou lents, auxquels on a fait perdre pratiquement toute leur énergie par de nombreuses collisions avec des noyaux légers, tels que l'hydrogène (dans l'eau, par exemple), le deutérium (dans l'eau lourde) ou même le carbone (dans du graphite).
Le tableau suivant indique le nombre de neutrons libérés en moyenne et par fission par neutrons thermiques en fonction du noyau considéré :
Noyau considéré Nombre moyen de neutrons libérés
2,49
2,48
*
Uranium naturel 2,48
2,90
3,00
* L'uranium 238 n'est fissile que par des neutrons rapides.
Répartition des masses des produits de fission
Distribution des produits de fission de l'uranium 235
La distribution en masse des produits de fission suit une courbe "en bosses de chameau". On parle aussi de courbe bimodale : elle possède deux maximums. Il faut savoir que plus de cent nucléides différents peuvent être libérés lors de la fission de l'uranium. Toutefois, tous ces nucléides possédent un numéro atomique entre Z=33 et Z=59. La fission crée des noyaux de nombre de masse (nombre de nucléons) autour de A=95 (brome, krypton, zirconium) pour l'un des fragments et de A=139 (iode, xénon, baryum) pour l'autre.
Une répartition symétrique (A=118 pour l'uranium 235) des masses des produits de fission (0,1 % des fissions) ou une fission en trois fragments (fission tertiaire, 0,005 %des fissions) sont très rares.
Bilan énergétique
Chaque noyau duranium 235 qui subit la fission libère de lénergie et donc de la chaleur.
L'origine de cette énergie trouve son explication dans le bilan des énergies entre le noyau initial et les deux noyaux produits : les protons d'un même noyau se repoussent vigoureusement par leurs charges électrostatiques, et ceci d'autant plus que leur nombre est élevé (énergie coulombienne), lénergie correspondante croissant plus vite que proportionnellement au nombre de protons. La fission se traduit donc par un dégagement d'énergie, qui est principalement transmise dans les produits de fission et les neutrons sous forme d'énergie cinétique, qui se transforme rapidement en chaleur.
La chaleur produite lors de la fission de noyaux fissiles d'uranium 235 ou de plutonium 239 peut alors être utilisée pour transformer de l'eau en vapeur, permettant ainsi d'actionner une turbine pouvant produire directement de l'énergie mécanique puis par l'intermédiaire d'un alternateur, de l'électricité. C'est cette technique qui est à l'uvre dans les réacteurs nucléaires destinés à produire de l'électricité.
La réaction en chaîne
Lors d'une réaction de fission nucléaire induite, l'absorption d'un neutron par un noyau fissile permet la libération de plusieurs neutrons, et chaque neutron émis peut à son tour casser un autre noyau fissile. La réaction se poursuit ainsi d'elle-même : c'est la réaction en chaîne. Cette réaction en chaîne n'a lieu que si un neutron au moins émis lors d'une fission est apte à provoquer une nouvelle fission.
Le tableau suivant indique le nombre de neutrons libérés en moyenne par neutron (thermique) capturé en fonction du noyau considéré:
Noyau considéré Nombre de neutrons libérés
2,31
2,08
*
Uranium naturel 1,32
2,03
2,22
* Voir ci-dessus.
Cette table diffère de la précédente par le fait qu'elle se rapporte à tous les neutrons entrés dans le noyau fissile, et pas seulement à ceux qui donnent lieu à une fission.
On voit ici très bien pourquoi l'uranium naturel n'est pas utilisé directement dans les réacteurs : l'uranium 238 quil contient en grande proportion consomme trop de neutrons qui ne donnent pas lieu à une fission ! Pour l'utiliser, il faut lenrichir en uranium 235.
Dans un milieu réactif, la vitesse à laquelle se déroule cette réaction en chaîne est mesurée par le facteur de multiplication.
L'énergie de fission
Un neutron qui entre en collision avec un noyau fissile peut former avec celui-ci un noyau composé excité, ou être simplement absorbé (capture neutronique). Pour l'uranium 235, la proportion de neutrons capturés est d'environ 16 % pour des neutrons thermiques (ou neutrons lents) ; 9,1 % pour des neutrons rapides.
Dans le cas de la fission induite, la durée de vie moyenne du noyau composé est de l'ordre de 10-14 s. Le noyau se fissionne, et les fragments se séparent à vitesse élevée : au bout de 10−17 s, ces fragments, distants de 10-10 m, émettent, nous l'avons vu, des neutrons.
Suite aux désexcitations γ, des photons γ sont émis après 10-14 s, alors que les fragments ont franchi 10-7 m. Les fragments s'arrêtent au bout de 10-12 s environ, après avoir franchi une distance de 50 µm (ces valeurs sont données pour un matériau de densité 1, tel que l'eau ordinaire).
L'énergie cinétique des fragments et des particules émises à la suite d'une fission finit par se transformer en énergie thermique, par l'effet des collisions et des interactions avec les atomes de la matière traversée, sauf pour ce qui concerne les neutrinos, inévitablement émis dans les désintégrations β, et qui séchappent toujours du milieu (ils peuvent traverser la Terre sans interagir).
Le tableau suivant indique comment se répartit l'énergie libérée à la suite de la fission d'un atome d'uranium 235, induite par un neutron thermique (ces données sont des moyennes calculées sur un grand nombre de fissions).
Énergie de fission de énergie
MeV % énergie
totale Commentaire
Énergie cinétique des fragments de fission 166 81,5 énergie instantanée localisée
Énergie cinétique des neutrons de fission 5 2,5 énergie instantanée délocalisée
Énergie des γ de fission 8 3,9
Énergie des neutrinos 11 5,5 énergie instantanée perdue
Total 190 93,1 énergie instantanée
Énergie de radioactivité β des produits de fission 7 3,4 énergie différée
Énergie de radioactivité γ des produits de fission 7 3,4
Total 14 6,9
Notion de masse critique
Il ne suffit pas que le facteur de multiplication des neutrons soit plus grand que 1 pour que la réaction en chaîne s'entretienne : d'une part, les neutrons sont instables et peuvent se désintégrer, mais ceci joue peu, car leur temps de vie moyen est de près d'un quart d'heure, mais surtout, ils peuvent sortir du milieu où l'on essaie de faire une réaction en chaîne. Il faut qu'ils aient une collision avant de sortir, sinon ils ne participent plus à la réaction en chaîne. Lépaisseur moyenne du milieu fissile doit donc être assez grande pour assurer une probabilité suffisante pour les neutrons de rencontrer un noyau fissile. Ceci amène à la notion de masse critique de l'élément fissile, qui est une masse en-dessous de laquelle on ne peut plus garder suffisamment de neutrons, quelle que soit la forme de la charge fissile, pour maintenir la réaction. Ceci explique pourquoi l'on ne peut pas avoir de mini-réacteurs nucléaires ou de mini-bombes atomiques.