Je ne sais pas ce qui m'a pris...!
Peut-être est-ce le long cheminement vers le rien qui me pousse à me retourner encore et encore ? Je ne sais pas...
Toujours est-il qu'en passant devant ce qui était auparavant (il y a plus de 30 ans !) le "cercle paroissial", j'ai eu envie d'y entrer à nouveau...
C'est un bistrot devant l'église maintenant ou se retrouvent les habitués de la messe du dimanche et les joueurs de cartes du mercredi après-midi ... les activités vont de l'organisation du "boudin-compote" mensuel à l'accueil des scouts et patros foisonnant dans la région...
Rien de bien spécial ... un endroit ma foi sympathique ... une clientèle variée et hétéroclite et une patronne à l'image de toutes les patronnes de bistrot du monde ... accueillante et joviale !
Avant ... ah avant ! c'était tout autre chose ... en 1965, le "cercle paroissial" avait été inauguré : au rez-de-chaussée, un bistrot un peu semblable à ce qui existe maintenant, mais sous les toits, ils avaient aménagé un grenier pour les jeunes ... un immense grenier avec plein de recoins dans lequel on trouvait pêle-mêle un baby-foot, une table de ping-pong, des tables et des chaises et un vieux juke-box qui déjà en ce temps-là ne fonctionnait plus qu'avec de grandes tapes sur la gueule...
On se réunissait là pratiquement tous les soirs ... on buvait un coup (pas d'alcool bien entendu ! ), on discutait, on draguait, on jouait à singer les Stones ou les Beatles dans le style Karaoke avant l'heure... bref ... on était bien !
Rose-Marie m'y accompagnait du moins jusqu'à ce qu'elle me laisse tomber pour un connard de bellâtre affublé d'une bagnole de minable...
Je me souviens avoir pleuré dans un coin du grenier ... tout seul, comme un con !
Quelques années plus tard, le "Cercle" a été fermé ... définitivement ... pour des raisons qui me sont inconnues !
Et maintenant, me voilà en décembre 2004, le cul sur le tabouret, en train de siroter une Leffe en discutant avec la patronne et en évoquant les joies et blessures du passé...
A ma grande surprise, elle me dit : "j'ai encore la clé du "Cercle" ! personne n'y a mis les pieds pratiquement depuis la fermeture ... si vous voulez y aller !!!!!" - Tidju ! bien sûr que je veux y aller !!!!
Elle me confia la clé, et c'est avec un certain empressement que je gravis les escaliers pour arriver enfin devant la porte que j'avais tant de fois ouverte en gueulant "salut tout le monde !!!"
Il me fallut plusieurs tentatives pour enfin réussir à l'ouvrir ... entrouvrir devrais-je dire, tant la porte trainait sur le parquet déformé par l'humidité des décennies passées...
La poussière était omniprésente dans cette pièce immense éclairée seulement par quelques fenêtres de toit... plus d'électricité bien entendu...
Les chaises étaient rangées dans un coin, recouvertes d'un drap dégueulasse ... le baby-foot et le juke-box avaient disparus ... ne restait que la table de ping-pong démantibulée qui boîtait lamentablement...
Quelques affiches étaient encore scotchées aux murs ... des annonces de concerts datant de 1966... des pubs coca-cola et quelques lampions cloués sur les poutres apparentes...
Mais, à vrai dire, je m'en fichais, ne jetant qu'un regard distrait à tous ces vestiges d'un temps qui n'est plus...
Je savais ce que je cherchais et je le trouvais...
Juste au fond, à côté de ce qui fut les toilettes, derrière la grande poutre d'angle, je la trouvais ... gravée dans le chêne, à peine recouverte de poussière ... une inscription gravée au canif ... mon inscription : "RM JL 20/11/1965" ... j'avais 16 ans et j'étais amoureux ... j'avais confié à ce support un rêve que je croyais éternel ... et qui s'est noyé dans les larmes quelques mois plus tard....
Je passais tendrement les doigts sur ces quelques lettres ... que faire ? les y laisser, les effacer ... à vrai dire j'hésitais !
Inconsciemment, je saisis mes clés de bagnole et je commencais à gratter l'inscription ... autant faire disparaître ce qui vous a meurtri ! non ? ... un peu de poussière s'échappa de la poutre et un peu de lumière se mit à jouer le trouble-fête... je pensais : "marrant ça, on dirait de la poussière d'étoiles..."
Ne me demandez pas ce qui me fit penser à de la poussière d'étoiles ... je n'en sais rien moi-même...
J'arrêtais de gratter d'autant plus que j'avais les yeux un peu embués ... la poussière sans aucun doute...
Je me relevais et je sortis de la pièce non sans avoir religieusement refermé la porte...
Lorsque je rendis les clés à la patronne, elle me dit avec un petit sourire : "Et alors, y'avait des fantômes ???"
Je lui répondis : "Oui ... un seul ! ou plutôt une seule !!!"
Peut-être est-ce le long cheminement vers le rien qui me pousse à me retourner encore et encore ? Je ne sais pas...
Toujours est-il qu'en passant devant ce qui était auparavant (il y a plus de 30 ans !) le "cercle paroissial", j'ai eu envie d'y entrer à nouveau...
C'est un bistrot devant l'église maintenant ou se retrouvent les habitués de la messe du dimanche et les joueurs de cartes du mercredi après-midi ... les activités vont de l'organisation du "boudin-compote" mensuel à l'accueil des scouts et patros foisonnant dans la région...
Rien de bien spécial ... un endroit ma foi sympathique ... une clientèle variée et hétéroclite et une patronne à l'image de toutes les patronnes de bistrot du monde ... accueillante et joviale !
Avant ... ah avant ! c'était tout autre chose ... en 1965, le "cercle paroissial" avait été inauguré : au rez-de-chaussée, un bistrot un peu semblable à ce qui existe maintenant, mais sous les toits, ils avaient aménagé un grenier pour les jeunes ... un immense grenier avec plein de recoins dans lequel on trouvait pêle-mêle un baby-foot, une table de ping-pong, des tables et des chaises et un vieux juke-box qui déjà en ce temps-là ne fonctionnait plus qu'avec de grandes tapes sur la gueule...
On se réunissait là pratiquement tous les soirs ... on buvait un coup (pas d'alcool bien entendu ! ), on discutait, on draguait, on jouait à singer les Stones ou les Beatles dans le style Karaoke avant l'heure... bref ... on était bien !
Rose-Marie m'y accompagnait du moins jusqu'à ce qu'elle me laisse tomber pour un connard de bellâtre affublé d'une bagnole de minable...
Je me souviens avoir pleuré dans un coin du grenier ... tout seul, comme un con !
Quelques années plus tard, le "Cercle" a été fermé ... définitivement ... pour des raisons qui me sont inconnues !
Et maintenant, me voilà en décembre 2004, le cul sur le tabouret, en train de siroter une Leffe en discutant avec la patronne et en évoquant les joies et blessures du passé...
A ma grande surprise, elle me dit : "j'ai encore la clé du "Cercle" ! personne n'y a mis les pieds pratiquement depuis la fermeture ... si vous voulez y aller !!!!!" - Tidju ! bien sûr que je veux y aller !!!!
Elle me confia la clé, et c'est avec un certain empressement que je gravis les escaliers pour arriver enfin devant la porte que j'avais tant de fois ouverte en gueulant "salut tout le monde !!!"
Il me fallut plusieurs tentatives pour enfin réussir à l'ouvrir ... entrouvrir devrais-je dire, tant la porte trainait sur le parquet déformé par l'humidité des décennies passées...
La poussière était omniprésente dans cette pièce immense éclairée seulement par quelques fenêtres de toit... plus d'électricité bien entendu...
Les chaises étaient rangées dans un coin, recouvertes d'un drap dégueulasse ... le baby-foot et le juke-box avaient disparus ... ne restait que la table de ping-pong démantibulée qui boîtait lamentablement...
Quelques affiches étaient encore scotchées aux murs ... des annonces de concerts datant de 1966... des pubs coca-cola et quelques lampions cloués sur les poutres apparentes...
Mais, à vrai dire, je m'en fichais, ne jetant qu'un regard distrait à tous ces vestiges d'un temps qui n'est plus...
Je savais ce que je cherchais et je le trouvais...
Juste au fond, à côté de ce qui fut les toilettes, derrière la grande poutre d'angle, je la trouvais ... gravée dans le chêne, à peine recouverte de poussière ... une inscription gravée au canif ... mon inscription : "RM JL 20/11/1965" ... j'avais 16 ans et j'étais amoureux ... j'avais confié à ce support un rêve que je croyais éternel ... et qui s'est noyé dans les larmes quelques mois plus tard....
Je passais tendrement les doigts sur ces quelques lettres ... que faire ? les y laisser, les effacer ... à vrai dire j'hésitais !
Inconsciemment, je saisis mes clés de bagnole et je commencais à gratter l'inscription ... autant faire disparaître ce qui vous a meurtri ! non ? ... un peu de poussière s'échappa de la poutre et un peu de lumière se mit à jouer le trouble-fête... je pensais : "marrant ça, on dirait de la poussière d'étoiles..."
Ne me demandez pas ce qui me fit penser à de la poussière d'étoiles ... je n'en sais rien moi-même...
J'arrêtais de gratter d'autant plus que j'avais les yeux un peu embués ... la poussière sans aucun doute...
Je me relevais et je sortis de la pièce non sans avoir religieusement refermé la porte...
Lorsque je rendis les clés à la patronne, elle me dit avec un petit sourire : "Et alors, y'avait des fantômes ???"
Je lui répondis : "Oui ... un seul ! ou plutôt une seule !!!"