Spéciale dédicace pour les profs

Et tu a su réinventer / ton métier.
C'est bien.

J'en avais surtout ras le q de "piquer" les économies des petits vieux pour subsister et ne plus pouvoir me regarder en face. Pas de fixe, payé à la comm, forcément au début tu fonces dans le tas... Et au bout de quelques mois, tu te dis que tu as envie d'être utile et de ne plus escroquer les gens en leur promettant des rendements que tu sais pertinemment faux et "in/atteignables".... Le boulot de prof m'est apparu approprié... Je n'imaginais pas dans quoi je rentrais (secte fumeuse et deuxième "grande muette" après l'armée, faut quand même le dire), ni que j'allais devoir passer mes années futures à essuyer les critiques déchaînées de certains connards.
Si les mêmes qui crachent sur les enseignants faisaient la même chose sur les politiciens de tout poil qui EUX, divisent pour mieux régner, ça me ferait du bien.
Maintenant, à 40 ans, je ne me vois pas changer de voie une fois de plus. Je l'ai fait 3 fois, donc voili. C'est con, je suis resté dans la filière la moins rémunératrice et la plus haïe ! Jamais je n'ai eu à faire face à de tels propos quand je plaçais mes produits financiers pourtant oeuvres de truands vivant de stock-options...

C'est incroyable : il y a des visiteurs de prison pour apporter du soutien aux incarcérés, nous on a droit au mépris de la société et des visites des inspecteurs...

Mais sinon, grâce à mon café/cocaïne chaque matin et à mon doublé Lexo/Prozac le soir, je tiens le coup !! :D:D
 
Je ne connaissais pas ce slogan / d'AXA... ;)

En lisant mon collègue djio101, je me dis qu'il faut dédramatiser un peu. Désigner le métier d'enseignant comme la filière la moins rémunératrice et la plus haïe est peut-être un peu excessif, non ? C'est un métier assez mal payé et souvent méconnu, certes. Mais il n'est pas le seul. Les enseignants n'ont pas le monopole non plus de la soufrance au travail.


La société n'est pas en guerre contre l'école, nonobstant l'aigreur de certains à l'encontre du corps professoral. Et ce dernier est loin d'être irréprochable par ailleurs : on trouve de tout dans ce métier, reconnaissons-le. Mais c'est une constatation banale, qui est loin de justifier le malaise de fond qui s'exprime à propos de l'école. Du point de vue enseignant, c'est plutôt le contexte interne à l'institution qui invite à la déprime, sinon à la révolte. Ceux qui sont étrangers à l'Éducation nationale ne peuvent pas comprendre ce que veut dire djio101. Il faut vivre de l'intérieur cette culture du mensonge, cette hypocrisie érigée en norme organisationnelle, cette tyrannie des petits chefs irresponsables, cette toute-puissance du pédagogisme théorique qui érige les foutaise les plus grotesques en Vérité ultime du métier, au mépris du bon sens, du savoir empirique, d'une tradition éprouvée, ou des études scientifiques les plus sérieuses (l'ignorance des prétendus spécialistes des sciences de l'éducation dans le domaines des sciences cognitives est abyssale)... Chercher à combattre ce système, c'est courir professionnellement à sa perte ; l'accepter par cynisme ou lâcheté, c'est consentir à son propre abaissement moral et intellectuel.


On vit la même chose dans bien des entreprises, me dira-t-on peut-être. Ce à quoi je réponds qu'aucune institution au monde n'a une capacité équivalente à celle de l'Éducation nationale à ignorer le principe de réalité. On n'y tire jamais les leçons d'un échec, puisque la réussite s'y mesure en termes totalement faussés par l'idéologie et la novlangue pédagogique. La facilité avec laquelle on manipule les chiffres est à cet égard éclairante. Et si on ne peut pas les manipuler, on fait en sorte qu'ils soient insignifiants.


C'est ainsi qu'on a noyé durant des années le poisson sur la question de la violence en milieu scolaire, en instituant une base de données (la défunte SIGNA) censées répertorier les violences et les incivilités. Les chefs d'établissement, chargés de la renseigner, se sont évidemment bien gardés de faire savoir que ça chauffait chez eux, histoire qu'on vienne leur demander des comptes... D'où une sous-évaluation dramatique du problème que n'importe quel apprenti sociologue aurait pu prédire comme inéluctable. Cela fait des décennies que les Américains ou d'autres pratiquent a contrario des enquêtes de victimisation dont les conclusions sont infiniment plus significatives. On a là l'exemple typique de cette bureaucratie dont Michel Crozier disait qu'elle se définit par l'incapacité à apprendre de ses erreurs.
 
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:zen:

Mais qu'est-ce qu'on peut faire pour sortir de cette situation ? Entre les excès des syndics de profs, les discours poujados vulgaires (le "dégraissage du mamouth" d'un certain Claude Allègre à l'époque socialiste mais qui a changé de gamelle depuis), la volonté de privatisation des ultralibéraux toujours en embuscade, le déni... C'est semé d'embûches !

Au fronton d'une des écoles de mon quartier il y avait marqué une phrase de Victor Hugo : "De l'instruction nait la grandeur des nations".

Actuellement le désinvestissement inquiétant du pays dans l'éducation est en train de nous préparer des lendemains difficiles, déjà que le présent est duraille. :mouais::heu::hein:
 
Il faut vivre de l'intérieur cette culture du mensonge, cette hypocrisie érigée en norme organisationnelle, cette tyrannie des petits chefs irresponsables (...) Ce à quoi je réponds qu'aucune institution au monde n'a une capacité équivalente à celle de l'Éducation nationale à ignorer le principe de réalité.

Ouais, mais c'est vraiment pareil dans le privé, au moins dans les très grosses boîtes qui appliquent au mépris de toute réalité les théories de management venues des states, même et surtout les plus abracadabrantes.

Je pense que la différence dans la mauvaise image tient plus à la perception des choses. Quand mon assureur ou mon boulanger est nul, ça me fait chier mais jamais autant que quand c'est le type chargé d'inculquer à mes gosses les choses dont je pense (à tort ou à raison) que, sans, il finira sous les ponts.

Dans le monde de la trouille du lendemain, on peut pardonner à son boulanger de faire du pain dégueulasse, pas à l'institut de son gamin que ce dernier ait autre chose que des 20/20.
 
Le premier mépris dont souffrent les professeurs aujourd'hui, c'est d'être traités comme des pions, des instruments, de valeur secondaire de surcroît (les gens importants, utiles, ce sont les managers, et tous ceux qui retransmettent la parole du pouvoir...). Mais je partage totalement le jugement d'ergu : cette dépossession n'est pas du tout propre au monde enseignant ; c'est un trait majeur du monde du travail contemporain. Or, on ne peut pas demander à des travailleurs d'être créatifs, investis, entreprenants, imaginatifs, dévoués, et en même temps les larbiniser.
 
Pour conforter mes élèves dans les croyances qu'ils ont sur les profs comme le montre l'article de Libé, je leur explique que les profs ne vivent que dans la maison des profs qui obéit aux règles particulières qui font de nous des profs :
on y entre dès notre plus jeune âge avec comme seuls jeux nos cahiers ;
adultes, on y lit des livres (de préférence des vieux livres genre 19e siècle, en ancien français quoi, ou des livres que personne n'aimera), on ne regarde qu'Arte (NRJ12 c'est le diable), on ne lit qu'un seul magazine : Télérama, on n'écoute que du jazz ou du classique, on ne sort pas pour faire ses courses (on se fait livrer, que des légumes et que du bio), on ne part en vacances qu'en Bretagne ou dans les musées parisiens, mais on ne se plaint pas parce que des vacances finalement on n'a presque que ça à se demander pourquoi les autres n'ont pas choisi prof comme métier (oups je m'égare), on ne parle qu'avec des profs, de préférence de la même matière (c'est pour ça que le prof de français ne comprend pas le prof de maths), on ne parle que de notre matière, les profs de français ne discutent que de théâtre, de littérature et se font des blagues en latin, on ne connaît rien à la technologie, on ne va pas sur Facebook, etc, etc.
J'arrête parce que c'est long comme un discours de prof et je dois mettre ma tenue d'enseignant pour la réunion avec les parents. S'ils me voient tel que je suis, ils vont douter de mes compétences et se demander si je suis bien prof. Merde où sont mes lunettes triple foyer et mon cartable ?
 
Pour conforter mes élèves dans les croyances qu'ils ont sur les profs comme le montre l'article de Libé, je leur explique que les profs ne vivent que dans la maison des profs qui obéit aux règles particulières qui font de nous des profs :
on y entre dès notre plus jeune âge avec comme seuls jeux nos cahiers ;
adultes, on y lit des livres (de préférence des vieux livres genre 19e siècle, en ancien français quoi, ou des livres que personne n'aimera), on ne regarde qu'Arte (NRJ12 c'est le diable), on ne lit qu'un seul magazine : Télérama, on n'écoute que du jazz ou du classique, on ne sort pas pour faire ses courses (on se fait livrer, que des légumes et que du bio), on ne part en vacances qu'en Bretagne ou dans les musées parisiens, mais on ne se plaint pas parce que des vacances finalement on n'a presque que ça à se demander pourquoi les autres n'ont pas choisi prof comme métier (oups je m'égare), on ne parle qu'avec des profs, de préférence de la même matière (c'est pour ça que le prof de français ne comprend pas le prof de maths), on ne parle que de notre matière, les profs de français ne discutent que de théâtre, de littérature et se font des blagues en latin, on ne connaît rien à la technologie, on ne va pas sur Facebook, etc, etc.
J'arrête parce que c'est long comme un discours de prof et je dois mettre ma tenue d'enseignant pour la réunion avec les parents. S'ils me voient tel que je suis, ils vont douter de mes compétences et se demander si je suis bien prof. Merde où sont mes lunettes triple foyer et mon cartable ?

J'ai entendu dire que certains avaient leurs propres enfants. J'imagine que c'est une légende urbaine. Comment feriez vous ?
Pardon :
G entendu dire ke certains avaient leurs propres enfants. J'imagine ke C 1 légende urbaine. cmt feriez vs ?
 
J'ai entendu dire que certains avaient leurs propres enfants.

Moi, mes parents étaient profs.
Si, si.
Les deux ?
Les deux, les profs ne se reproduisent que entre eux, les gens normaux ont bien trop peur d'eux et ils se souviennent du temps où ils étaient élève, ils ont bien trop peur, en épousant un prof de passer une épreuve de physique à chaque fois qu'ils demande le temps qu'il fait.
Donc, les deux.
Voyez le résultat !

Moi ?
Non, je ne suis pas prof.
Mais je suis obligé de vivre incognito, j'ai la brigade de répression académique au cul pour non respect de la charte et risque de diffusion parmi la population de l'idée que les profs peuvent engendrer des gens normaux, ce qui serait contraire à l'éthique.

D'ailleurs, par extension d'un premier groupe de profs à l'école polytechnique, les profs se regroupent parfois en un groupe où ils peuvent s'avouer aux uns aux autres qu'ils sont profs et en faire étalage (sinon, la honte en boîte : "bonjour, je suis prof. Sais-tu la composition chimique de ce que tu bois ?" - Aaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh !) sans risquer le lynchage - on les appelle les X-men.
 
Oui certains ont des enfants mais c'est toujours difficile parce qu'on n'arrive pas à passer de la théorie à la pratique. Les enfants vivent avec nous et on suit une méthode éducative rigoureuse en ne parlant que grec ancien jusqu'à l'âge de 3 ans. La plupart deviennent profs ou mieux proviseur voire inspecteur. Certains comme Ergu s'évadent et doivent vivre une ie sinistre dans le monde de l'inculture
 
Oui certains ont des enfants mais c'est toujours difficile parce qu'on n'arrive pas à passer de la théorie à la pratique. Les enfants vivent avec nous et on suit une méthode éducative rigoureuse en ne parlant que grec ancien jusqu'à l'âge de 3 ans. La plupart deviennent profs ou mieux proviseur voire inspecteur. Certains comme Ergu s'évadent et doivent vivre une ie sinistre dans le monde de l'inculture

Remarque, mon père - supposé - aussi était prof (il enseignait l'extra-terrestre, je veux dire le grec byzantin :eek:). Comme egu, je me suis évadé dans le monde obscur (enfin, je suis pas proctologue, comme même, hein).
Bon enfin tout ça pour dire que cet aticle/interview de Libé m'a littéralement laissé sur le fondement.
Je pensais pas qu'on en était là.
 
Bon enfin tout ça pour dire que cet aticle/interview de Libé m'a littéralement laissé sur le fondement.
Je pensais pas qu'on en était là.

Ben tu vois on peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Moi je trouve en fait cet article plutôt rassurant car je trouve que ces élèves... me ressemblent quand j'avais leur âge. Il y a toujours cette attraction / répulsion pour le prof. L'élève qui raconte son "choc" quand elle croise le prof dans "la vraie vie", au Carouf du coin, on l'a pas tous un peu vécu, non ? ;) Les profs bizarres aussi, qui font peur et attirent en même temps. Car le prof de philo avec un pendule, c'est pas un peu zarbi, non ? :mouais: Avec leurs mots à eux, comme on a eu les nôtres, ces élèves ne diffèrent pas tellement des autres générations, si on peut considérer que c'est un panel représentatif.

J'aimerais avoir l'avis des profs ici mais je crois que la dévalorisation de ce métier tiens à 2 choses :

- Aux politiques tout d'abord qui ont beaucoup cogné sur l'école. Y compris à gauche. Souvenez-vous des insultes de Claude Allègre quand il était ministre de l'EN sous Jospin.

- A la crise économique : l'école a été un ascenseur social qui est tombé en panne. L'école reproduit voire accentue les inégalités sociales (je sais que quoi je parle). Quoiqu'on dise on s'est tous fait chier à l'école à un moment ou à un autre. C'est une contrainte. Mais il y avait l'idée que ce mauvais moment à passer :D allait permettre d'avoir un "débouché", d'être protégé du chômdu. Or on sait aujourd'hui que les diplômes ne protègent plus du chômage et de la précarité. La croyance républicaine dans l'école facteur d'élévation sociale est morte. On lui en veut. Elle nous a trahie. C'est un mensonge. Alors ce sont les profs au premier rang qui s'en prennent plein la gueule de cette rancœur.
 
Je suis d'accord avec toi, on emmerdait les profs (enfin certains, d'autres, franchement, je m'y jamais frotté :affraid:) et tout ça, mais il me semble que c'était plus se confronter à leur autorité (donc implicitement reconnue) que par irrespect ou mépris.
En tout cas, quand je faisais le con, j'en avais parfaitement conscience.

Quand tu lis ça :

Autres travers répandus : «Ceux qui font leur boss, qui veulent tout diriger.» Lisa toujours : «J’ai un prof comme ça, quand une page du cahier ne lui plaît pas, il l’arrache et il la jette par la fenêtre : il fait son boss, quoi.» Pas drôle, ou à ses dépens. Comme quand «il hurle parce qu’un élève utilise son portable, et que le sien se met à sonner»

ben, je sais pas, j'en suis pas certain.
 
Moi j'me souviens de mon prof d'EPS au lycée.

J'étais son capitaine en club de rugby :D