Ils ne jouaient pas à l'Amok-à-Cadiz, ombrageux picard à lunettes. Ils parlaient de moi.
Et parler de moi n'a jamais coulé un sujet, bien au contraire.
Cela augmente le taux d'audience, la qualité du lectorat, et la finesse des plumes des contributeurs.
Au reste, comme disait Electre, ce sujet en avait bien besoin.
Car, en effet, que nous propose-t-on ici ? Rien moins que de prétendre à traversée plus périlleuse encore que celle des lettres de l'Atlantique. Vers quel rivage accosterons ceux qui accepteront l'invitation ? Que trouveront-ils à l'heure d'arriver ? Des rêveurs de cul ? Des puisatiers cacochymes ? Des pianos sauvages, dont la queue flottent aux embruns ? Des requins cigares ? Des fontaines de guimauve ? Des chat à neuf queues ? Des centaures cuisiniers ? Des buffets carnivores ?
Nul ne le sait. Nul ne peut imaginer sur quelles côtes voraces les lampes naufrageuses feront échouer leurs navires-bouteilles.
La seule chose que l'on sait avec certitude sur ce petit coin-là, c'est que le fond de l'air y effraie.
Et Philémon, lui, il n'y sera pas. Ou peut-être. On ne sait pas.