Beija-Me

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alèm

Communiste Révolutionnaire
Club iGen
10 Juin 2001
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le Puits des Fous
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au petit ruisseau qui coule en bas de chez toi



Les temps s'amoncellent. Petit déja, je m'ingéniais sur des chateaux de sable. Désormais, je bâtis des chapelles de temps. Ruisselantes de lumière et d'ombres portées mais toujours aussi granuleuses. J'ai toujours ma pelle et mon seau. Comme toi, j'adorais la première vague qui démontait ces chateaux. Désormais, j'apprécie la première vague qui révèle mes chapelles. Comme tu le vois, je n'ai pas changé depuis notre enfance. Bien sur, je ne suis presque plus aussi souriant que lorsque tu m'as connu. Enfant fol et heureux que je fus. Tu adorais mes mêches blondes et ce sourire. Je me souviens que tu me disais aimer ce sourire qui prenait écho de mes joues rondes et rougeaudes. Les sourires s'effacent sur le sable. Les vagues les dissolvent. J'ai tenté de grandir. Je m'en suis tout de suite retenu. J'étais ton prince et tu étais mon roi. J'aimais ton sourire en demi-teinte. Ta générosité sitôt établie. Ton attention à chaque instant. Jamais je n'ai su percevoir ce fado derrière ton doux regard triste. Tu le sais, je suis toujours ce fol enfant avec qui tu adorais milles jeux. Te souviens-tu de nos courses folles dans les bosquets? Tu étais Cow-Boy, déja tu ressemblais à John Wayne. J'étais indien, ma peau-rouge faisait loi. Tu m'appelais "Visage de Lune" et je te surnommais Rio Grande. et déja tu étais un grand fleuve. Bien sûr, ma chute m'interdit bientôt les embuscades dans les arbres, mais tu comparais ma cicatrice à une blessure de guerre. Et puis, le temps s'est éloigné de nous. Tes parents déménagèrent. tu les suivis. À 8 ans, on ne saisit pas encore toute cette sorte de choses. On croit les choses immuables. Comme je les crois toujours immuables.

Comme tu le verras par la suite, certaines de mes traits de caractères que tu as connu n'ont pas changé. Je fais toujours confiance à ton regard. Je sais aussi que ton regard est toujours teinté par cette saudade.

...if we cannot make babies maybe we can make some.. times...

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Je viens de m'apercevoir qu'il ne me reste plus que cette fin de semaine pour finir cette missive. Moi qui ne suit épistolaire, je n'ai pas l'habitude de m'étaler ainsi. Ne m'en tiens pas trop rigueur.

Je te l'ai déja dit. Je continue de construire mes petits chateaux. Je continue aussi de me raconter des histoires. Tu sais bien. Tu étais doué pour cela aussi. La réalité n'ayant que très peu d'attraits pour nous autres qui vivions de si belles aventures. Même si comme moi, tu adorais la menthe à l'eau que nous préparer ma tante Marie-Jeanne. Je crois que ce que je vis actuellement vient de là. De ces étés que je vivais là-bas. De nos rigolades. Même si ton rire était moins sonore que le mien, tu t'amusais. Je n'ai pas besoin d'en avoir la preuve. Je te l'ai dit. Tout vient de là. Et de nos divers périples en Lozère, dans les gorges du Tarn, les gorges du Verdon, celles de l'Ardèche... Dans ces lieux magnifiques où une fois, tu me fis remarquer mon surnom sur une pancarte officielle de la DDE. Je me souviens aussi de toi tremblant derrière moi alors que j'avais demandé à être à côté du conducteur lorsque nous descendimes dans le gouffre. Rappelle-toi ô combien, j'étais ému de cette plongée dans les profondeurs. De nos joies, de nos rires, j'ai gardé le souvenir ensoleillé de ta gorge au soleil. Tes cheveux blonds comme les miens. Et tes mains si confuses. Tu ne m'as jamais demandé pourquoi j'avais commencé à peindre. Tu n'as pas connu Isa assez longtemps. Tu n'as jamais non plus été sensible à sa chevelure rousse. Tu n'as jamais compris pourquoi j'avais choisi un alezan comme premier cavale. Et pourtant...

Un jour, tu m'as demandé de venir et je ne suis pas venu. Tu m'as détesté. Je le savais.

Je te l'ai dit. Je considère certaines choses commes immuables. Certains de mes traits de caractères. Mon impatience maladive. Cette générosité que tu m'as souvent reproché. Toi qui était accueillant sans don. Surtout, il reste ce regard. Ce regard que tu me reprochais. "Insolent !" criais-tu quand je te dévisageais. Bien sûr, nous jouions. Mais ce jeu m'est resté. Je regarde toujours comme je le faisais avant. Oh oui, je te l'accorde : ce n'est pas de tout repos ! Tes conseils de prudence m'ont servi. Ce regard m'a obligé à en faire un métier. Ou plutôt, une lubie de ma part m'y a engagé. Je dois l'avouer. Je n'étais aucunement obligé de me foutre dans ce merdier. Mais ceci n'est que contextuel.

Il ne t'explique pas le pourquoi de cette lettre.

Je te l'ai dit. Ces chapelles de temps sont dûes à tout ce passé. Je me construis avec la lumière du passé. Tout ce que je n'ai pas encore montré est le souvenir de cela, ce souvenir que je ne me remémore pas mais que je reconstruis avec les histoires que je me raconte encore, la vie que je fais subir à mon corps. Tout ceci n'est qu'effort de reconstruction. Non pas de moi mais de ce passé. Je me forge une à une mes propres mythologies. Et pourtant...

Comme tu le sais, j'ai grandi. Tu fus l'un des premiers réellement au courant. Tu sais aussi que ma vie a profondément changé en peu de temps. Tu fus l'un des premiers à me le signaler. Avec ce cher Benjamin, sur ce terrain, vous êtes les plus sensibles que je connaisse.
Je suis toujours attiré par les nuages. Mais ceci ont depuis une autre saveur. Une saveur heureuse. Le goût n'est pourtant pas celui de ma jeunesse nonchalante. Même le goût des cathédrales de lumière m'est revenu. Tu sais bien dans quelle situation fâcheuse je me trouvais et quelle était ma misère il y a encore peu. Je tenais à te rassurer. Tout ceci est oublié. Ma joie demeure comme chantait le choeur de Köthen. Je serais heureux de te re-voir et de te présenter l'objet de mon amour.


Que nos Mythologies demeurent et s'épanouissent. Prends-soin de toi !
 
J'attendrai que ma joie revienne, qu'au matin je puisse sourire,
Que le vent ait séché ma peine et la nuit calmé mon délire.

Il est, paraît-il, un rivage où l'on guérit du mal d'aimer ;
Les amours mortes y font naufrage, épaves noires du passé.
Si tu veux que ma joie revienne, qu'au matin je puisse sourire,
Vers ce pays où meurt la peine, je t'en prie laisse-moi partir.

[...]

Alors, je t'en fais la promesse,
Ensemble nous irons cueillir
Au jardin fou de la tendresse
La fleur des plus beaux souvenirs.

Barbara. À tellement peu de choses près...
 
Dit moi Alèm,

le titre de ce post,ne serait-ce pas une chanson D'Arto Lindsay ?

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<blockquote><font class="small">Post&eacute; &agrave; l'origine par Tyler:</font><hr /> Dit moi Alèm,

le titre de ce post,ne serait-ce pas une chanson D'Arto Lindsay ?

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je vois que nous fréquentons les mêmes ouïes !!
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