Bref, l'amour se heurte à la même impossibilité que tous les autres sentiments humains, celle de pénétrer la conscience de l'autre, nous condamnant ainsi à une confiance contrainte et à l'angoisse de la voir trahie. C'est pourquoi je parlais d'un « abandon de souveraineté de la raison au cœur », abandon vigilant (ne pas renoncer à soi) mais total (s'abandonner à l'autre), abandon irrationnel sans doute mais nécessaire à notre humanité et qui n'est consenti que pour pallier enfin la solitude inhérente à notre condition.
Pourquoi aimer ? Pour ne pas ne pas aimer.
Aimer est la plus passionnante des passions (preuve en est, le nombre de posts dans ce fil)
Mais aimer n'est peut-être pas la plus belle et la première des passions
Aimer nous livre à la nécessité "de pénétrer la conscience de l'autre, nous condamnant ainsi à une confiance contrainte et à l'angoisse de la voir trahie". Aimer nous rive à l'autre, avec cette terrible quête d'empathie dont parle si bien BackCat. Aimer ne nous rend pas libres
La plus belle des passions est d'admirer
Admirer, c'est accepter notre finitude
Mais, en même temps, c'est reconnaître qu'il y a plus grand que nous. Et dans cette reconnaissance même, nous sommes plus grand que nous. Nous dépassons nos horizons étroits. Dans la conscience des limites, nous nous illimitons.
Et peut-être alors, aimer prend un autre sens que celui de l'exploration vaine de rivages trop bien connus
Aimer, c'est admirer l'autre, lorsque, d'un coup, il sort de notre champ de vision habituel. Lorsque nous ne le reconnaissons plus. Lorsque, dans un mot, dans un geste, il nous force à nous déprendre de nous. Quand il est notre égarement, le risque de notre perte
Et peut-être alors sommes-nous libres, allégés de la pesanteur du monde