Ce qui ne cessera jamais de m'étonner dans le système éducatif français, c'est... que fait cet élève en classe ? Puisque manifestement il n'a pas envie d'être là et qu'au terme d'une année scolaire (et sûrement depuis plus longtemps) sa famille ne réagit pas et s'en contrefiche.
Il n'y a rien de pire que de forcer les gens à faire ce qu'ils ne veulent pas. C'est le meilleur moyen d'une part de les dégoûter, d'autre part qu'ils se comportent mal.
Une fois le constat fait et unanime, il devrait être mis dehors. L'école est une chance de s'élever, de se développer, de voir autre chose que son nombril (ou celui de ses parents). Il y a d'autres chemins pour évoluer, mais l'école est (en principe) gratuite, et propose de le faire dans un cadre plutôt bienveillant (comparativement à la vie réelle). Si on refuse l'école, qu'on aille voir ailleurs. Comment sinon apprendre la notion de responsabilité ?
Le pire, c'est que j'enseigne dans un lycée général et non professionnel, ce qui signifie qu'à la fin du collège, il avait plus de dix de moyenne générale. Comparativement, au lycée, il a à peine plus de cinq en français (avec moi), et 8 de moyenne générale. Autrement dit, les "bonnes" notes qu'il obtenait au collège ne reflétaient absolument pas son niveau. Son passage en lycée général n'aura fait que retarder l'irrévocable sentence : un diplôme simple, en adéquation avec ses centres d'intérêt. Cet élève n'a, selon moi, pas vocation à faire des études longues, et aurait plus sa place dans un lycée professionnel, pour faire quelque chose de constructif.
Je suis d'ailleurs favorable au retour des classes de niveau. En l'état, je me retrouve avec une classe très hétérogène : les mauvais ne suivent pas ce qu'on fait, et les bons s'ennuient. C'est-à-dire que les mauvais ne progressent pas, et que le potentiel des bons n'est pas exploité. Le rêve stipulant que "les bons vont tirer les plus fragiles vers le haut" ne fonctionne pas, quoi qu'on en dise. Dans la réalité, à laquelle je suis confronté, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes : on assiste plutôt à un nivellement par le bas. Selon moi, il faudrait plutôt séparer les bons, les mauvais et les moyens. Ainsi, chacun pourrait progresser à son rythme. C'est bien ainsi que cela fonctionnait, jusque dans les années 80.
Par ailleurs, le principe du redoublement est (presque) aboli : si les professeurs ont toujours leur mot à dire, ce sont les parents qui prennent la décision finale.
Tout de même, quand on bouquine un peu, notamment de la littérature française, on constate vite que quelques décennies en arrière, aller au lycée était déjà considéré comme des études, et donc de fait le fruit d'un choix. Aujourd'hui, tout le monde a le droit à tout et on part du principe que chaque enfant non seulement peut, mais doit faire des études longues. C'est une aberration qui produit beaucoup de malheur.
C'est en très grande partie dû à la baisse du niveau au lycée. Du temps de mes parents, on pouvait par exemple devenir secrétaire en ayant juste son bac. Ce diplôme avait une réelle valeur, le taux d'obtention n'était pas de 99% comme aujourd'hui. De même, j'ai appris par un collègue de maths que sous certains aspects, le programme de maths de terminale C du début des années 80 était du niveau d'une maths sup d'aujourd'hui.
Désormais, le bac ne vaut plus rien, seule la mention très bien peut avoir un quelconque sens, et encore. Quand je lis les consignes qui nous sont données pour la correction du bac de français, j'en tombe des nues. Par exemple, on doit donner la moyenne si l'élève semble avoir plus ou moins compris le texte, lors d'un commentaire.