De l'art du cadrage au scalpel…

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Le numérique a "démocratisé" la notion de cadrage :)
"Tourner" autour d'un sujet, apprendre à voir les détails qu'on veut écarter, situer la lumière, comparer. Sans connaitre les "règles", l'oeil se forme.

Non, Mado, l'oeil ne se "forme" pas tout seul : tu confonds avec le regard ! ;)
De la même façon, un enfant peut passer des heures à feuilleter des livres, ce n'est pas comme ca que l'on apprend à écrire ou lire : il faut un minimum de connaissance, ce minimum permettant ensuite de lire n'importe quoi, du texte le plus simple au plus complexe.

Là où je peux te rejoindre sur ce qui semble être un côté inné de la composition s'explique aisément : nous vivons dans un environnement d'images : des toiles des grands maitres anciens aux photographies publicitaires, de l'école à l'abribus nous observons volontairement ou pas des visuels. Or, ces visuels respectent la composition basique : si nous sommes naturellement portés à les regarder, nous intégrons ces règles et les copions (pas dans le sens péjoratif) presque... naturellement, même si le terme est ici peu adapté. Mais cela sous entend que nous sommes attentifs et sensibles a cette "écriture" (ce qui n'est pas le cas de tout le monde) et que nous l'appliquons, avec reflexion lors de notre prise de vue. Par exemple, un individu ayant l'habitude de lire de droite à gauche va t-il naturellement composer son image comme un occidental ?
 
A propos de la discussion sur le cadrage, je me suis amusé hier à faire 3 images d'un même sujet bateau. J'ai modifié ma prise de vue en marchant deux pas vers le sujet entre chaque déclenchement (optique : 50 mm). Voilà, juste pour l'exemple. ;)

Amok est un bon pédagogue :D

C'est vrai que bouger un peu est souvent la meilleure manière d'étendre à peu de frais sa gammes d'objectifs de même qu'attendre le bon jour et la bonne heure permet (quand on a le temps et la possibilité de retourner sur place) de se passer de projecteurs d'une part, de bidouilles photoshop de l'autre.

Quant au débat sur le numérique, un des problèmes qu'il me pose, c'est que la possibilité de multiplier les points de vue à peu de frais permet, c'est sûr, de faire un peu n'importe quoi, mais permet aussi de remplir les disques durs d'images entre lesquelles on n'arrive pas à choisir parce que, pour différentes qu'elles soient, on leur trouve à toutes quelques chose. Moi qui aime retourner sans fin voir et revoir jusqu'à plus soif des endroits qui me plaisent, c'est une vraie catastrophe :D (ce week-end c'était Carcassonne et Saint-Hilaire, mais c'est bien pire quand il s'agit des Bondons où je passerai mon temps à aller m'asseoir 5 minutes ici, 5 minutes cinquante mètres plus loin, etc. ou, pire, à attendre sans bouger, qu'un nuage passe :D

Pour terminer par rapport au débat sur les pros et la photo de reportage, une petite anecdote à propos de visa sur l'image. Ils présentaient l'an dernier quelques planches contact de très grands messieurs dont j'ai oublié le nom. C'était très instructif sur la diversité dans la façon de faire : l'un ne photographiait son sujet qu'une fois tandis que l'autre faisait 5 ou 6 variantes sur des sujets que j'ai oubliés mais en tous cas de meme nature. Les variantes n'étaient pas mitraillées au hasard bien évidemment. On avait juste l'impression qu'il préférait exploiter plusieurs idées sur le moment et choisir à tête reposée plus tard (et ça ne devait pas être facile). Je pense que ces deux façons de faire doivent toujours exister et sont valides de même, au moins grossièrement, que certains écrivains ont horreur de revenir sur leur texte tandis que pour d'autres (Proust étant peut-être le plus représentatif), rien n'est jamais fini.
 
[MGZ] alèm;4192615 a dit:

j'aime bien comment tu segmentes ce(s) métier(s)s alors que tu n'es pas dans la première catégorie (ou plus, plus exactement)

Si, si, encore ! ;) D'ailleurs, connais-tu une bonne masseuse, du côté de chez moi, qui puisse me faire passer le douloureux souvenir des dizaines de kilos de valises d'éclairage que je me suis fadés la semaine dernière ?! ;)

[MGZ] alèm;4192615 a dit:
ne segmentons pas, on peut faire plein de choses dans nos métiers… t'imagines pas (enfin si je pense que tu imagines fort bien) comment il faut parfois éviter les verres de champagne et les canettes de bière dans l'événementiel et les concerts… :D

Oui, mais je vais aux cas extrêmes : sinon c'est des pages et des pages de développement. ;)
Et puis, je ne segmente pas à propos du sujet dont nous parlons (a savoir la composition) puisque j'indique que concernant celle-ci il n'y a, justement, pas de différence. J'abordais dans ce que tu cites l'aspect "technique" de la lumière, deuxième point dont faisait état X lors de sa réponse. ;)
 
l'un ne photographiait son sujet qu'une fois tandis que l'autre faisait 5 ou 6 variantes sur des sujets que j'ai oubliés mais en tous cas de meme nature. Les variantes n'étaient pas mitraillées au hasard bien évidemment. On avait juste l'impression qu'il préférait exploiter plusieurs idées sur le moment et choisir à tête reposée plus tard (et ça ne devait pas être facile). Je pense que ces deux façons de faire doivent toujours exister et sont valides de même, au moins grossièrement, que certains écrivains ont horreur de revenir sur leur texte tandis que pour d'autres (Proust étant peut-être le plus représentatif), rien n'est jamais fini.

Il y a un film (dont j'ai hélas oublié le nom) dans lequel on voit cartier-Bresson tourner autour de son sujet et déclencher a chaque pas, pour ensuite choisir une image sur les 20 réalisées.
;)
 
Mais il est pas mort cartier bresson ? :D :D :D

Les carrés, les triangles, les rectangles, ca m'a toujours fatigué, la geométrie !

Qu'en est il du hors champ....?

Au lieu de poser des questions à la con pour faire le malin devant les filles, suis le conseil de Picouto ! File apprendre et ensuite tu auras le droit d'interrompre les grands ! :D :D :D ;) :love:
 
:sleep: :sleep: :sleep:​








A défaut de bosser, je me cultive :zen:
Je t'envie ;)
 
pour ensuite choisir une image sur les 20 réalisées.
;)

Et que dire de ce qui se passera en labo. Que le numérique permette de faire des prises de vue multiples à moindre frais c'est un fait. Que tout le monde ait conscience que rare sont ceux qui en une prise vont avoir LA bonne photo, c'est autre chose. Comme le dis LucG, même les pro ont chacun leur façon de faire.

Pour revenir sur ce qui est dit plus haut, si l'on parle de démocratie photographique, je parle davantage de discount de l'image. Qu'il y ait de bonnes choses, de bonnes images c'est un fait. Il y a toujours le coup de chance ou le coup de génie. Par contre être photographe c'est un métier, comme être musicien, médecin est un métier. Ça ne s'improvise pas. Entre se faire plaisir tout en se revendiquant de ce qu'on n'est pas et être conscient de qui on est et malgré tout se remettre en cause, il n'y a que l'humilité et le doute. On peut regretter que ces deux notions soient absentes lorsqu'elles le sont. ;)

Pour ce qui est de faire passer un message par l'image... je ne rentrerai pas dans le débat ici, à moins qu'on ne m'y pousse ;)
 
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Réactions: macmarco
je connais, mais jamais regardé de plus près...

pour ma part j'ai "bosser" sur salgado, sieff, ou boubat entre autre je sais ca ne se voit pas dans mes images, mais j'ai appris à "travailler" une série de prise de vue (et voui étonnant non ? vous imaginez même pas les merdes qui restent donc). Et j'ai aussi, essayer de piger la notion de cadrage et d'hors-champ (souligné par dendrimère plus haut), de non-dit, de suggestion. Dans le même temps je travaillais sur la technique de labo, c'est peut être pour ca que je suis plus sensible au travail de la lumière que d'autre, car au moins je limitais la complexité de l'aggrandissement avec une prise de vue "convenable".

bref, en parfait autodidacte, je me suis forgé au gré de mes insatisfactions personnelles, en imitant (quelle audace !!) les photographes sus-cités... (sans jamais picolé autant qu'Eugène Smith), en essayant de reproduire les densités de salgado, les cadrage au poil de cul de cartier-bresson, la sensibilité presque candide de Boubat, le détail et les gris de sieff ou jonvelle.

je me suis fixé des règles auxquelles j'essaye de me tenir le plus possible :

- je ne recadre qu'en cas de necessité absolue,
- je travaille toujours sans filtre (bah oué c'est peut être idiot mais bon) et en lumière naturelle,
- je limite le post-traitement (pour le numérique) à équilibrer les couleurs et obtenir un contraste qui me convienne, exactement comme sous mon aggrandisseur.

Et malgrés ces contraintes auto-imposés je ne me sens pas limité (sauf en numérique, question de matériel). Mais bon ce n'est pas mon métier et je me garderais bien de critiquer la façon de travailler de tout un chacun.

Pour répondre à Tibomong4, si y'avait 1 photographe capable de sortir LA photo au premier shoot, ca se saurait, c'est d'une évidence telle que je ne comprends pas que tu l'ai souligné.

Après faire passer un message ou pas, c'est la sensibilité de chacun, je n'aime pas les travaux de william klein, ca n'évoque rien chez moi pourtant ses travaux sont souvent engagés. En revanche des choses plus subtile de boubat, Dieuzaide ou encore willy ronis, j'y suis plus sensible.
 
Pour répondre à Tibomong4, si y'avait 1 photographe capable de sortir LA photo au premier shoot, ca se saurait, c'est d'une évidence telle que je ne comprends pas que tu l'ai souligné.

J'ai plutôt dit que même s'ils sont rares, ils existent ;) Tu as quelques exemples ici ;)
 
Tibo, je ne suis pas d'accord avec toi. Photographe est aussi une passion est est photographe qui pratique cette passion (ça me rappelle une phrase du grand rabbin Sirat* : "Est Juif qui se sent Juif"), de surcroit si tu te souviens de RRose Selavy…

Si on ne se bornait aux seuls photographes de métiers, tu saurais que la plupart des mecs de notre profession (c'est aussi mon métier donc :siffle:) sont du genre grégaire et peu enclins à soigner leurs cadrages… Il ne faut pas limiter l'usage aux seuls détenteurs d'une carte professionnelle… sinon ce serait passer à côté de pleins de gens dont pas mal des photgraphes talentueux actuels…

*un petit doute mais si ce n'est lui c'est son "frère"
 
Et pour Odré : je ne sais pas si j'ai bien compris ton message. Toujours est-il qu'il est possible de tout faire, en tout, lorsqu'on maitrise. Faire du surexposé flou est accepté lorsqu'on a prouvé qu'on savait faire du bien exposé net. C'est la différence entre un choix artistique et un camouflage de prétexte !

C'est exactement ce que je voulais dire par assumer ses choix ou masquer un défaut de prise de vue. J'ai réagis au fait que plusieurs disent - et ce ne sont pas les seules, c'est dans l'air - que le cadrage est plus baclé parce qu'on est en numérique et qu'on peut se rattraper après. Pour avoir tirer des photos de Mr-tout-le-monde-anniversaire-de-chien-chien jusqu'à l'amateur aguerri, je peux dire que les photos en argentique avec un reflex ne sont pas mieux cadrées que les photos numériques avec un compact ...

Tu me parles du flou, justement en ce moment j'ai un problème de flou avec mon appareil photo et pas sur toutes les photos, mise au point sur le lointain ça va, mise au point en rapproché l'autofocus déraille. Après des tests, le problème semble venir de la batterie d'origine, puisque que quand j'utilises l'autre batterie elles sont nettes ... :mouais:
Du coup, la plupart des photos de l'AES suisse sont floue et j'ai donc dû camoufler le flou des deux photos postées, j'ai pas assumer. Ce serait bien maintenant que la FNAC arrive à me filer une batterie, non bombée et qui se charge, deux fois que je l'a fait changée ...
 
Et bien, vas-y: développe Junior ! Maintenant que cette discussion est un fil à part entière, tu peux y aller ! ;)
Junion étant en cours (du moins j'espère :p ), je me lance tiens !

Pour moi, gros néophyte, je vois le hors-champs comme une suggestion de ce qui n’est pas visible sur la photo : le contexte, les gens aux environs, l’ambiance, les sons.

Ce doit être un exercice très ardu. Comment suggérer ce que l’on voit ? Comment capter sur une photo la scène, comme on veut qu’elle y apparaisse (déjà assez dur pour moi), et son environnement ?
Il doit tout d’abord falloir un sujet qui s’y prête (non ?) et un cadrage et un traitement aux petits oignons qui présentent la scène et suggèrent le reste…

J’ai un exemple frappant qui me vient tout de suite en tête : la photo des mains d’un ancien combattant au 11/11/06 prise par Amok (la première de cette série).
Quand je l’ai vu pour la première fois, je l’ai appréhendé immédiatement comme une fenêtre ouverte sur cette cérémonie : j’entendais la musique militaire (clairons et tambours), le bruit des drapeaux flottant aux vents dans un silence solennel, je voyais les visages ridés et les regards fiers… je pouvais même croire qu’il faisait beau et me dire « Trop long le discours de Mr le Maire »…

Il y a aussi cette cycliste de Dendrimère sur le Pont des Arts (cherchez sur cette série, j'arrive pas à faire de lien sur la photo)…

C’est un exercice que je ne pratique pas volontairement. J’ai sûrement quelques photos qui suggèrent ce hors-champs mais ce sont des coups de bol ou de l’inconscience.

Pour synthétiser, le « hors-champs » c’est une « photo qui me parle ».
Et vous ?

 
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