Cette photo accrochée par
bcommeberenice aux «
Cimaises» :
a un effet
hypnotique sur mon imaginaire.
La '
Forêt' est la seule dimension dans laquelle, personnellement parlant, j'ai l'impression d'accéder à un '
Milieu' des choses. Si je ne m'y sentais pas déplacé, il n'y a que la '
Ville', dont on parle volontiers comme d'une 'jungle urbaine', qui me donnerait pareille impression de 'faire_partie' d'un '
Milieu'. Les autres grandes dimensions élémentaires : la '
Mer', la '
Montagne', le '
Désert', la '
Plaine', la '
Banquise', m'apparaissent comme des 'surfaces' (y compris la 'Paroi' rocheuse où je rampe comme une mouche) qui ne m'offrent qu'un 'plan' sur lequel me déplacer ver l'Ailleurs, sans jamais pouvoir être 'Ici'.
Parce que la '
Forêt' m'enveloppe de son '
Milieu', et que j'y suis donc plongé, elle n'est pas une surface offrant au regard la ligne de fuite perspective de l'
Ailleurs. La '
Forêt' offre une profusion obscure, seulement traversée de raies de lumières, qui n'a rien de spectaculaire, parce que le regard est privé d'ouverture : on se coule dans un environnement végétal dont le détail change. Mais ce '
Milieu' sans perspectives (dont beaucoup s'angoissent) crée une puissance '
Attente' dans l'imaginaire : le débouché abrupt, au détour du sentier, dans la «
Clairière Magique». Celle où luit le '
Graal', bien sûr, dans l'éclaircie
lunaire du '
Cœur des Ténèbres'.
C'est l'atteinte de cette abrupte clairière dans le '
Milieu' profus de la '
Forêt' que me paraît faire miroiter l'image de
Bérénice dans le silence du Songe. Lorsque la surprise suspend le mouvement de la marche, et que l'esprit s'arrête devant la '
Merveille'.
Salomé, fille d'
Hérode et d'
Hérodiade, demanda d'après la légende qu'on lui apportât la tête de
St Jean-Baptiste sur un plat - ce qui fut fait. Dans les tableaux des peintres, j'ai toujours été offusqué par l'aspect de 'spectacle public' de la scène rendue, avec tous ces personnages qui grouillent tout autour comme dans une farce populaire. Mais la constante surprenante est l'
absence de face-à-face des deux protagonistes, comme dans ce tableau de
Lucas Cranach l'Ancien :
Dans l'image de
Bérénice, la scène se découvre dans l'éclaircie lunaire de la '
Forêt'. La disposition des figures sur la diagonale sénestre d'un carré, aux intervalles tiers, communique l'impression puissante que chacun a trouvé sa '
place' dans l''
ordre naturel des choses'. Les deux visages ne se dévisagent pas, mais s'orientent obliquement vers le l'angle gauche inférieur en une angulation dont le noir forme la 'raison' de leurs blancheurs. Étrangement
Salomé, qui ferme les yeux, donne l'impression de regarder dans l'imaginaire, à l'oblique de l'orientation de sa tête, en direction de celle, coupée, de
St Jean-Baptiste lequel, pour sa part, regarde dans l'angle commun.
Le noir et blanc de l'image a un effet
onirique (je me souviens de la parole surprenante d'un ami : «
On ne rêve pas en couleurs»). Comme dans le rêve, j'ai l'impression que je comprends tout par le simple fait de participer, sans rien pouvoir expliquer parce que cela impliquerait de me détacher de cette participation. Résonnent en moi ces vers de
Nietzsche :
Minuit! Minuit profond...
La Nuit est plus profonde
Que n'a pensé le Jour