Ça n'est pas juste l'habitude, ce ne sont pas seulement les souvenirs.
Tout à l'heure, quand j'ai appris sa mort, j'ai vraiment pleuré comme un gamin et je n'en ai pas honte. J'ai bien conscience qu'il se passe en ce monde, à cette heure et jusque sous mes fenêtres, des choses terribles, bien plus terribles que la mort d'un vieil acteur. J'ai bien conscience que des tas de gens pas connus sont morts aujourd'hui et qu'il a, dans des maisons ou sous la pluie, des gens qui pleurent leur vrai chagrin.
Alors, pourquoi le pleurerai-je, lui qui ne m'était rien ?
Peut-être parce que j'aimais son regard aux paupières lourdes et ce visage rond qui lui donnaient un air à la fois poétique et sage. Peut-être simplement parce que Philippe Noiret a contribué par son travail à la création d'œuvres cinématographiques qui ont participé à me construire, à me faire rêver et à m'instruire dans la connaissance des hommes. Peut-être pour cela, parce qu'il ne m'était rien en effet, mais que je lui dois beaucoup et que je ne suis pas le seul. À tout prendre, ça me semble être une bonne raison.