De temps en temps, ça m'arrive, j'ai envie de répondre.
Je suis un vieux con sans âge. Mais j'ai été ado, et j'ai alors vécu dans plusieurs endroits. Du rural montagneux, de la grande périphérie urbaine, de la grande ville.
Aujourd'hui mes enfants vivent dans une grande ville, pas si grande. Mais pauvre.
J'ai le sentiment qu'ils vivent dans un monde beaucoup plus anxiogène, mais beaucoup plus sur.
Bien entendu, ils sont beaucoup moins confronté aux dangers de l'automobile que je ne l'étais, ils vivent la plupart du temps dans une grande agglomération largement pourvus de transports collectifs. Moi j'ai grandi dans des territoires où la moto, la mobylette, la bagnole était nécessaire. De ce simple fait, j'avais, à l'âge qu'à ma fille aînée aujourd'hui, une belle collection de copains au cimetière. Accident de 2 roues dans ma périphérie urbaine, accident de voiture en montagne. Une bonne dizaine de morts avant 18 ans, ça éclaircit le carnet d'adresse.
Elle, aucun.
Mais j'ai aussi grandit dans une grande proximité aux substances dangereuses. Plus qu'elle. L'alcoolisation très tôt, le pétard au moment de la 1ère clope, les substances dures dès mon arrivée au lycée. Plusieurs OD dans mes proches avant que j'ai 20 ans.
Et deux suicides. L'un miné par la découverte de son homosexualité, l'autre pour une raison que nous n'avons jamais dénoué. C'est la seule cause de mortalité qui me semble perdurer à l'identique.
Et puis, entre 20 et 25 ans, la première vague d'une hécatombe de morts du SIDA et d'hépatites.
Je passe sur les accidents de montagne dûs à la pratique de sports extrêmes, ils sont trop spécifiques.
Mais sur ce simple critère des causes de la mortalité, mes enfatns vivent dans un environnement plus sûr que celui où j'ai grandi.
La violence, maintenant. Ça fait quelques années que j'entends cette petite musique de la montée des violences physiques. J'ai un peu du mal à y croire. Les faits divers, les statistiques, sont certainement plus visibles. Mais au collège de ma grande banlieue classe moyenne, il y avait des bastons de bandes. Au lycée, j'ai vu au moins chaque année un type finir la journée en sortant du lycée dans une ambulance, le poumon perforé par une lame, l'il énuclé, la tête fracassée après une bagarre en haut d'un escalier.
Dans les fêtes des bleds, la castagne était un invariant, et ça castagnait dur.
Plus tard, quand je suis arrivé à la fac, j'ai connu la première vague de montée des fachos. Et les bagarres à coup de matraque, de poing américain, de couteau, les expéditions punitives des redskins du club de Kung-fu, toutes violences qui étaient monnaie courante. Et les grands incendies sociaux dans les "quartiers" de la périphérie de Lyon.
Bref, un visage tangible de la violence. Qui n'a rien à envier à celle d'aujourd'hui, sinon sa médiatisation.
Après, l'environnement, au sens strict, est beaucoup plus dangereux. La plupart des ados d'aujourd'hui bouffent une merde immonde, pendant que la génération d'au dessus, la première à vivre dans un environnement saturé de pesticides, commence à crever massivement de cancers. Là, oui, il n'y a pas photo avec mon adolescence.