Les villes de grande solitude.......

(suite ... ...)

Il devait etre aux alentours de 8H30 - je dis aux alentours parce que j'avais oublié ma montre au Memling, mais qu'importe, j'avais le plus important : mes papiers et mon fric... - la température montait en flèche, et Man'za avait emporté son ombrelle pour se protéger ...
C'est vrai qu'elle avait fière allure avec son boubou chatoyant, ses tongs rouges et sa chevelure relevée en "spoutniks" (ça me faisait bien marrer les "spoutniks" ... le matin c'était bien raide et dressé vers le ciel, et au fur et à mesure des heures qui passaient, ça commencait à retomber lamentablement vers le sol ... la dure loi de la gravité sans aucun doute !!!).
Chemin faisant, elle me parla de Simon, de ses enfants, de sa vie en général ... elle était heureuse et ne manquait de rien ... elle se plaisait bien dans la cité et avait beaucoup d'amis !
Je lui demandais si elle avait un "reve secret" ... elle s'arreta, fit la moue, et après quelques secondes de réflexion elle me dit tout sérieusement : "Hmm ... laisse-moi réfléchir ! ... une télé ! C'est ça ! ... une télé avec une antenne soucoupe !!!" - J'éclatais de rire en lui disant que d'abord on disait une antenne parabolique et qu'ensuite, si on voulait regarder la télé, il fallait de l'électricité !!!
Elle eut l'air offusqué : "Mais ! tu nous prends vraiment pour des sauvages toi ! On a l'électricité à la cité, il suffit d'avoir de l'argent pour la faire venir..." - "Ah bon !" répondis-je tout simplement...
Nous approchions de l'endroit où j'avais laissé la voiture ... le parking de Papa Mombassa était désert ... rien ! Pas ame qui vive ! Je pensais que c'était normal à cette heure matinale ... J'allais vite comprendre qu'il n'en était rien !
Nous primes à gauche après le parking ... ma voiture se trouvait à une centaine de mètres de là ... ou plutot aurait du se trouver là !!!
L'emplacement était désert ! - Je regardais Man'za et lui dit : "Elle était là hier soir ... je me souviens des 3 arbres en triangle et du petit chemin qui grimpait sur la colline...!"
Man'za était dubitative et regardait autour d'elle vraisemblablement inquiète ...
"Viens ! On s'en va...!" me dit-elle...
Je continuais à examiner l'emplacement ou aurait du se trouver ma voiture ... je remarquais de larges sillons laissés probablement par des pneus de camions ... mais impossible de me souvenir si ces traces étaient déjà là hier soir ou non ...
J'entendis un bruit sur la droite ... les feuillages s'écartèrent et un gars en short apparut ...
Quand il fut arrivé à quelques mètres de nous, il brandit un bout de papier et s'adressa à nous dans un français plus qu'approximatif : "Tu cherches ta voiture hein ???" - j'étais vachement sur mes gardes car il m'avait l'air plus que douteux ! Man'za s'était un peu reculée et je la sentais de plus en plus inquiète...
"Ouais !" répondis-je en prenant un ton assuré pour donner le change ... mais, à vrai dire, je n'en menais pas large...
Il montra le bout de papier sur lequel figuraient quelques grafitis ... "Elle est là-bas ! ... c'est à une dizaine de minutes d'ici ... je peux te conduire !!!"
...ça sentait l'arnaque et le coup fourré à un mètre !!!
Je lui répondis : "De toutes manières, c'est pas ma voiture ... je m'en fiche !!!"
Et alors que je lui tournais le dos, il devint plus agressif ... "Tu dois venir !" me dit-il ...
Je me retournais vers lui et je constatais avec stupeur qu'il me menaçait avec une arme de poing ... je vis aussi le reflet métallique de la machette qui pendait le long de sa jambe gauche...
"OK !" lui dis-je en ajoutant que ce n'était pas la peine de me menacer...
A ce moment, je sentis un léger tremblement prendre possession de tout mon corps ... un mélange de peur et d'adrénaline que j'avais bien connu quelques années auparavant ... ce n'était pas tant le fait de me retrouver face à une arme pointée vers moi, que la personnalité de celui qui la tenait qui m'inquiétait ! Il avait des tics ... il clignait constamment des yeux et agitait son arme de façon inconsidérée ... je crois qu'il était pété et donc terriblement dangereux !
Man'za se tenait à quelques mètres de moi ... terrifiée ... les bras croisés sur la poitrine et légèrement penchée vers l'avant...
"Reste ici !" lui dis-je ... "Je vais l'accompagner...!"
Le gars s'avança vers moi passablement énervé ... il agitait son flingue dans tous les sens en gueulant : "Elle vient aussi....!" ... le "jaune" de ses yeux ne me disait rien qui vaille ... je regardais son flingue ... un truc à barillet qui devait dater d'une vingtaines d'années ... le "chien" était levé ... "merde alors !" pensais-je !
Je pris Man'za par le bras... elle était silencieuse ... je crois bien qu'elle priait !
Il nous cria de suivre le petit chemin qui partait vers la gauche ... il restait derrière nous à quelques mètres tout au plus ... je l'entendais marmonner des choses incompréhensibles ... parfois il riait...!
On était mal barrés ... d'expérience, je savais qu'on était mal barrés et que ça allait mal se terminer...!!!
Man'za murmura : "il va nous tuer... il va nous tuer...!!!" - je ne répondis rien, me contentant de lui serrer le bras un peu plus fort...
Nous marchions depuis quelques minutes ... le chemin se rétrécissait et les frondaisons se faisaient plus agressives... difficile de marcher sans les écarter...!!! ... le coin était sombre et désert !
Il fallait que je reprenne l'initiative ... mon esprit cogitait à toute vitesse et la transpiration me coulait dans le dos...
Tout en continuant à marcher et sans me retourner, je lui dis : "C'est du fric que tu veux ??? j'en ai un tas... si tu veux, je te donne déjà ce que j'ai sur moi et tu viens à l'hotel avec moi ... je t'en donnerai 10 fois plus...!"
En effet, s'il découvrait le fric que j'avais sur moi sans savoir qu'il lui serait possible d'avoir beaucoup plus, je ne donnais pas cher de ma peau ... de nos peaux devrais-je dire !
"Montre !" gueula t'il !
Subitement, je me sentais plus calme ...
Je me retournais lentement ... il devait etre à environ 3 mètres de moi ... toujours aussi agité et fébrile... "Montre ! Vite !!!" répéta t'il avec insistance ...!
J'ouvris ma chemise et commencait à dégrafer la pochette que j'avais à meme la peau et qui contenait tout mon pognon...
Je le regardais en tenant la pochette dans la main droite ... "Ouvre-là !" me dit il sur un ton excité...
J'ouvrais la pochette et en tirait la liasse de billets entourée d'un gros élastique...
Il s'approcha ... manifestement il devait etre drogué ... il était incohérent ... et toujours ce flingue à quelques dizaines de cms de mon visage...
Curieusement, je n'avais pas peur ... la peur m'avait quitté des années auparavant, un soir d'anniversaire pas comme les autres...
"Jette !" cria t'il !
Man'za se tenait légèrement en retrait ... elle regardait le sol ...
Je jetais la liasse de billets qui roula à ses pieds...
Au moment ou il se baissait pour ramasser le fric sans me quitter des yeux ... je sus que le moment était arrivé ... "no choice" ... pensais-je !
Je détendis mon pied droit qui l'atteignit en pleine machoire et je me précipitais sur lui en lui enserrant le poignet qui tenait le flingue...
Il tomba en arrière en m'entrainant dans sa chute ... Dieu ! c'est qu'il était costaud et j'avais un peu présumé de sa faiblesse du à son état...
Il réussit à se retourner et à se mettre au-dessus de moi ... je lui maintenais toujours le flingue mais pour combien de temps !
Il tenait l'arme avec ses deux mains ... j'essayais tant bien que mal de l'éloigner de mon visage...
Un coup partit ... la détonation me vrilla les tympans... j'étais complètement sourd...
A ce moment, je vis la machette le long de sa jambe gauche ... il fallait que je m'en saisisse et vite...
Une seule solution... dégager ma main droite et tenter de maintenir le flingue avec l'autre ... il fallait que j'aille très vite ! Il gueulait comme un damné : "je vais te tuer ...!!!" ... il bavait et me crachait dessus ... c'était horrible ! Encore aujourd'hui, je vois encore l'expression de son visage ... de la folie pure...!
Je tentais le coup ... je dégageais la main droite et saisit le manche de la machette !
Je la tirais vers moi pour la dégager de sa ceinture...Il cria comme un damné... probablement qu'en tirant la machette vers moi, je lui avais blessé la jambe - il faut dire que ces machettes sont aiguisées comme des rasoirs !
Je réussis à la dégager et à la diriger un peu vers la gauche ... elle lui touchait le ventre !
Dans un dernier sursaut, je réussis à la lui enfoncer dans l'abdomen...
Il se raidit brusquement en hurlant... Je sentais son sang qui me coulait le long du corps ... c'était atroce...il était agité de soubresauts... il gueulait !
Il lacha le pistolet, s'arc-bouta vers l'arrière et tenta de me saisir la main qui tenait toujours la machette... je réussis à la dégager et je le frappais à la tete... une fois, deux fois, trois ... je ne sais plus...
J'avais son sang dans les yeux ... je ne voyais ni ne distinguais plus rien...
Son étreinte se desserra, il roula sur le coté en gémissant ... des gargouillis étranges sortaient de sa gorge...
Je me relevais péniblement ... essuyais mon visage avec la manche de ma chemise....
Il bougeait convulsivement ... ses yeux étaient révulsés !
Je ne sus jamais pourquoi je l'ai encore frappé à ce moment-là !
J'étais tremblant ... l'esprit bouillonnant ...mes muscles me faisaient terriblement mal ... je tentais de faire quelques pas mais mes jambes ne me soutenaient plus ... j'avais toujours la machette dans la main droite...
Nam'za était à genoux à quelques mètres de moi ... son corps se balancait d'avant en arrière ... ses mains recouvraient son visage ... elle pleurait...!!!
Je m'avancais vers elle ... elle me tendit les bras ...
"C'est pas de ta faute ... c'est pas de ta faute..." murmurait-elle...
Je regardais vers le gars ... il était couché sur le coté gauche au milieu d'une flaque de sang...ses yeux grand ouverts regardaient vers le ciel !
Je pris les mains de Man'za et lui dit : "je suis fichu Man'za... fichu !!!"


(à suivre ... ...)
 
Je peux pas m'empêcher de me jeter sur ce thread quand je vois que tu y a posté de nouveau....

zen.gif


mais là, je dois t'avouer que ça réveille mes craintes par rapport au Chili.... que j'avais réussi à endormir un moment...
crazy.gif
mais comme partout faut faire gaffe, je suppose....
blush.gif


Bon ben à quand la suite.... car là on est seulement dans les premiers jours de tes deux mois à rester au Congo....
wink.gif
tongue.gif
 
... ... suite)

En quelques minutes, je passais par des dizaines d'états d'âme ... sentiments de culpabilité, de regrets, de remords, de colère, de tristesse ... de soulagement aussi !
Soulagement d'être vivant et de pouvoir serrer les mains de Man'za dans les miennes...
Sentiment de peur à retardement, de dégoût devant ce carnage ... car c'était un carnage !
Tout s'était déroulé en quelques minutes et déjà quelques grosses mouches tournoyaient autour du corps... la terre buvait le sang goulument tandis que les hautes herbes se courbaient et cachaient son visage mutilé...
J'étais vidé ... littéralement lessivé ... moralement et physiquement - j'avais envie de pleurer et de vomir mais je n'y parvenais pas !
L'odeur âcre du sang qui montait de mes vêtements déchirés me donnait la nausée.
Fébrilement, je déchirais ma chemise et enlevais mon pantalon souillé ... je voulais être nu comme le jour de ma naissance et retrouver mon innocence...
Je restais en slip ... assis près de Man'za !
Elle prit un mouchoir dans son boubou, l'humecta de salive et tenta de me nettoyer le visage ... j'étais collant, gluant ... dégueulasse !
Tout à coup, elle me dit : "Mais tu es blessé ???" - Effectivement, j'avais une entaille assez profonde sur le haut de la cuisse droite ... le sang coulait doucement le long de la blessure et rejoignait celui, déjà séché du malheureux qui gisait à quelques mètres...
"Pas grave !" dis-je en posant le mouchoir de Man'za sur la plaie !
"Tu peux pas rentrer comme ça !" me dit Man'za - "Reste ici, je vais aller te chercher quelques vêtements à la maison ... j'en ai pour 2 heures à tout casser !"
La perspective de rester près du cadavre ne me réjouissait guère mais je n'avais pas le choix !
Je renfilais mes vêtements et décidais d'aller m'asseoir sur une petite butte d'où je ne verrais plus le corps...
Man'za m'embrassa et se mit en route ... Elle se retourna... "T'en fais pas, je reviens le plus vite possible !"
Elle disparut sur le chemin et le silence s'installa ... un silence lourd et obsédant !
Je décidais d'aller récupérer mon fric ... j'en aurais besoin pour me sortir de ce merdier !
Je trouvais la liasse près du pied gauche du gars ... quelques billets étaient tâchés ... je les déchirais !
Je récupérais ma pochette et glissait le tout dans ma poche...
Je retournais m'asseoir sur la butte pour réfléchir à la suite des événements !
Il fallait absolument que je retrouve ma voiture ... en effet, elle était inscrite à mon nom chez Europcars et il valait mieux qu'on ne la retrouve pas près d'ici !
Mais où chercher ???
Je tentais de retrouver le bout de papier du gars ... peut être y trouverais-je des indications !
Peine perdue ... je ne retrouvais rien du tout !
Les poches du gars peut-être ? Mais je ne pu m'y résoudre....
Soudain, je sursautais ... j'entendais du bruit... des voix se faisaient entendre dans les fourrés, des cris, des bruits de branches cassées...
Je me cachais dans un fossé derrière l'arbre le plus proche ... Je transpirais abondamment et ma jambe droite commencait à me faire souffrir...
Je guettais le virage du petit chemin ... les bruits se précisèrent, les voix aussi ... des voix de gamins...
De fait, 4 gamins apparurent, dépenaillés, à vue de nez entre 8 et 12 ans ! Ils portaient des batons taillés en forme de sagaies artisanales...
Encore quelques mètres et ils tomberaient sur le cadavre ... je ne bougeais pas et je crois même que j'ai arrêté de respirer une bonne poignée de secondes...
Le plus grand fouettait les hautes herbes de son bâton !
Ce qui devait arriver arriva .... il découvrit le corps qui gisait dans l'herbe et ameuta ses copains...
Ils s'approchèrent doucement, avec curiosité ... "Tu crois qu'il est mort" dit le plus petit !
Le plus grand saisit sa sagaie et la pointa sur le gars ... J'ai failli tourner de l'oeil quand il l'enfonça profondément dans la plus large blessure qu'il portait à l'abdomen !
"Il est bien mort !" dit le plus grand...
A quatre, ils commencèrent à lui faire les poches ... "Tire-lui son short" dit l'un d'entre eux ... et de fait, il se retrouva pratiquement nu en quelques secondes...
Le plus petit qui fouillait les environs poussa un cri ... il se baissa précipitamment et brandit la machette encore toute ensanglantée ... "Waaa ! une machette !"
Je pensais alors au pistolet ... je ne l'avais pas retrouvé ! Heureusement, ils ne le trouvèrent pas non plus...
Il s'éloignèrent comme si rien ne s'était passé...
De mon côté je craignais qu'ils n'avertissent quelqu'un de la découverte du cadavre... il fallait absolument que je me casse avant !
Il y avait environ 1 heure à vue de nez que Man'za était partie ... encore une heure à tenir et elle serait de retour avec des vêtements...
Je m'aventurais hors de mon trou et je décidais de continuer à monter le petit chemin jusqu'au sommet de la colline ...
Surprise ! Je tombais sur une piste un peu plus large, bordée de larges fossés qui partait à droite et à gauche...
Prudent, je jetais un coup d'oeil avant de m'y aventurer !
Je décidais d'aller jusqu'au premier virage ! L'arrivée d'un camion m'obligea à plonger dans le fossé...
Encore quelques mètres et j'y serais !
Rien ! la piste continuait autant que portait ma vue et pas de trace de ma fichue bagnole !
Je retournais d'ou je venais ... je cherchais un peu d'eau pour me nettoyer ... je ne trouvais qu'une flaque d'eau stagnante peu ragoutante !
Compte tenu de ma blessure ouverte, j'ai préféré ne rien entreprendre... pas envie de me choper une infection... j'avais déjà donné !!!
Je restais sur ma butte ... lamentablement assis, chiffonné à l'intérieur comme à l'extérieur...
Je pensais à ma femme, à mon fils, à ma mère, à mes amis ... à mon chien aussi "snoop" ...
La chaleur était étouffante, l'air vibrait autour de moi....
A présent, des nuées de mouches entouraient le corps ... mais que pouvais-je faire ?
"Bien fait pour sa gueule !" pensais-je dans un sursaut de colère !
Si j'étais dans la merde, c'était à cause de lui - j'avais rien demandé moi !
Le temps passait... personne n'arrivait !
Et si personne n'arrivait ???

(... ... à suivre)
 
Jean-iMarc a dit:
Il y a des choses qui se rappellent à mon souvenir ...


Plus trop là !

Mais je suis impatient de savoir comment cette aventure se poursuit ...

<FORM METHOD=POST ACTION="http://forums.macg.co/ubbthreads/dopoll.php"><INPUT TYPE=HIDDEN NAME="pollname" VALUE="1068795868Jean-iMarc">


comment s'en est sorti The Big ?
<input type="radio" name="option" value="1" />Il a rencontré DocEvil, en est devenu apotre, mais s'est fait viré car il oubliait le vin à chaque fois
<input type="radio" name="option" value="2" />Il fût recueilli par les grands parents de Kernik &amp; Panel, appris à se nourrir de baies, et rencontra alors Le Doc (voir plus haut)
<INPUT TYPE=Submit NAME=Submit VALUE="Valider le vote" class="buttons"></form>
 
Je n'ai plus posté sur ce topic depuis un moment mais il faut que tu saches que je te lis avec le plus grand intérêt. Donc vite, la suite!
 
(... ... suite)

Soudain je vis Man'za au détour du chemin ... elle n'était pas seule ! Deux hommes l'accompagnaient...
Elle portait une sorte de baluchon et marchait rapidement...
Elle me fit un signe de la main ... "Ne crains rien ...! ce sont des amis de Simon...!"
"Vite ! change-toi on ne peut pas rester ici longtemps..." me dit-elle en me tendant le baluchon...
Je m'empressais de me changer tandis que je voyais les deux gars enrouler le corps dans une sorte de grande couverture et l'emporter vers la foret...
"Ou vont-ils ?" demandais-je avec un peu d'inquiétude dans la voix - "T'en fais pas ! là où ils vont on ne le retrouvera jamais...!" assura t'elle !
Par la suite, je sus qu'ils avaient jeté le corps dans un bras du fleuve à un endroit difficilement accessible ... la nature ferait le reste en quelques heures avaient ils ajouté !
J'étais à la fois rassuré et meurtri ... quelle triste fin !
Les vetements de Simon étaient trop grands pour moi ... je flottais littéralement dedans mais pas question de faire la fine bouche !
Man'za enroula mes vetements souillés dans son baluchon..."On les brulera ce soir" ajouta-t'elle !
Quant à ma voiture, impossible de la retrouver ... elle avait bel et bien disparue !
"Rentrons !" dit-elle...
J'avais l'intention de retourner au Memling prendre une douche, me changer et me remettre de mes émotions ... il fallait aussi que je passe chez Europcars pour déclarer le vol de la voiture ! Purée, et tout ça en marchant à moins que je ne trouve un taxi dans les parages, ce dont je doutais fortement...
Je demandais à Man'za si on pouvait faire confiance aux hommes qui l'accompagnaient ... Elle parut offusquée et me dit : "Ce sont des amis de Simon, des vrais ! Tu pourrais leur confier ta vie en fermant les yeux...!" - J'étais un peu gené d'avoir posé cette question...
Je lui parlais des enfants qui avaient vu le cadavre ... Elle me rassura en me disant qu'une telle découverte n'était pas exceptionnelle ici et que de toutes façons ils n'iraient pas en parler aux autorités... "Manquerait plus que ça !" ajouta t'elle d'une voix ferme !
Elle paraissait sereine Man'za ... plus rien à voir avec la femme terrorisée qui se tenait la tete dans les mains en pleurant...
Lorsque je lui demandais si elle était remise de ses émotions, elle me répondit qu'il fallait oublier ce qui s'était passé et que la meilleure façon d'oublier c'était de ne plus en parler ... et elle ajouta : "C'est la vie ! Tu ne pourras plus rien changer...!!!"
En fait, elle avait raison : plus moyen de revenir en arrière ... il était trop tard pour regretter ou pour s'apitoyer...
Je lui posais quand meme une dernière question : "Le type ... c'était quelqu'un de la cité ???" - Elle fit "non" de la tete sans prononcer un seul mot !
En cours de route, j'avais l'impression que les "gens" me dévisageaient ... qu'ils savaient !
A plusieurs reprises, on m'avait affirmé que les nouvelles filaient dans la cité à la vitesse de l'éclair ... mais peut-etre me faisais-je des idées !
Nous arrivions à la cabane de Simon ... je n'avais qu'une seule envie : me laver le corps en espérant que l'esprit suivrait !
Man'za me tendit une bière que j'avalais en 2 gorgées ... elle alla chercher de l'eau !


(à suivre ... ...)
 
thebiglebowsky a dit:
...Pourquoi 20h20 ????
ooo.gif
confused.gif

Le journal de Groland était présenté à 20.20 sur canal plus... il ne s'étaient pas gênés dans le générique de placer de façon bien audible...

le 20h20 (prononcé: le 20 "H" 20), du vin, du hash et du vin....

je crois que cela a marqué toute une génération !!!

J'ai regardé sur le site de canal (ça va me faire du bien de pouvoir regarder les guignols, le zapping et groland au CHili par ce biais) la semaine du groland, c'est quand même un des meilleurs génériques au monde d'après moi !
laugh.gif


Je vois qu'il y a une brève suite à ton histoire, je vais lire cela...
wink.gif
 
Philito a dit:
Le journal de Groland était présenté à 20.20 sur canal plus... il ne s'étaient pas gênés dans le générique de placer de façon bien audible...
le 20h20 (prononcé: le 20 "H" 20), du vin, du hash et du vin....
je crois que cela a marqué toute une génération !!!
...et comment !!!
wink.gif
laugh.gif
laugh.gif
laugh.gif
 
(... ... suite)

Me laver, ou plutot me purifier, me fit le plus grand bien ...!!!
J'en profitais pour désinfecter la plaie de ma jambe droite et pour y apposer un énorme sparadrap fourni par Man'za !
Je lui demandais quel était le plus court chemin pour rejoindre le Memling ... elle me répondit qu'un de ses cousins possédait une petite camionnette et que si je pouvais patienter une heure ou deux, il pourrait m'y conduire.
Compte tenu de l'état de fatigue dans lequel je me trouvais, j'acceptais avec plaisir - elle s'en alla demander à une voisine de le prévenir dès son retour !
J'attendais devant la porte ... mon regard qui errait au loin se porta sur une cabane un peu plus vaste qui se trouvait à quelques centaines de mètres de là ... non seulement elle semblait plus spacieuse, mais aussi plus haute que les autres ... un drapeau blanc immaculé flottait sur le toit et des gens s'affairaient tout autour...
Man'za me dit que c'était la cabane "commune" du district, un lieu de rencontre à la fois dispensaire, service social, magasin de première nécessité, pharmacie et meme cinéma quelques fois par an ... les activités communes étaient financées par les habitants du district qui, régulièrement versaient une petite cotisation pour la maintenir en activité...
Elle m'expliqua que certains soirs, les habitants se réunissaient pour discuter, boire un coup, et prendre certaines décisions en ce qui concerne la vie sociale de la cité...
Je décidais de m'y rendre ... en effet, mon "chauffeur" ne devait pas arriver avant une bonne heure ... Man'za m'accompagna !
En fait, c'était comme chez Papa Mombassa, en plus clean et mieux organisé ! Des tables et des chaises de récup, un grand comptoir, derrière le comptoir des armoires contenant des objets et des choses hétéroclites, de la boite d'aspirine en passant par de la bouffe pour bébé et des pièces de moteur ... à l'arrière, un petit local fermé par une tenture qui s'est avéré etre le dispensaire ouvert une fois par semaine, le mercredi matin.
La première chose que je remarquais est que cette cabane était pourvue d'électricité ... un groupe électrogène ronronnait à l'extérieur...
Quelques mamas s'affairaient dans un petit débarras ... elles triaient l'aide humanitaire qu'elles recevaient au compte-gouttes 2 ou 3 fois par an...des vetements, des conserves, des sacs de riz...
Toute une organisation bien huilée qui composait avec les événements et qui fonctionnait très bien d'après ce que me disait Man'za !
"Il y a deux choses qui manquent ici !" dis-je à Man'za ..."une télé et un frigo ... la télé pour tout le monde et un frigo pour les boissons et le dispensaire !"
En effet, sans frigo, impossible de conserver des vaccins ou d'autres médicaments nécessitant une conservation par le froid...
"Connais-tu quelqu'un qui pourrait fournir la télé, l'antenne, le frigo et tout ce qui va avec ?" dis-je à Manza qui me regardait totalement incrédule....
"Ben y'a Lucien, mais ça coute des mille et des mille" me répondit-elle !
Je répondis à Man'za que je connaissais quelqu'un susceptible de les aider sans entrer dans le détail...
Je retournais à la cabane de Simon ... une petite camionnette m'attendait devant la porte !
Le chauffeur en sortit, s'avança vers moi et me dit : "Moi c'est Bako ! ... et toi c'est comment ???
Une virile poignée de main s'en suivit ... "Sympa Bako !" Pensais-je !
Je montais à ses cotés, il fit un signe à Man'za et commença à rouler laissant flotter derrière lui un nuage de poussière rouge et une meute de gosses qui tentaient de le rattraper !
Il avait une carrure de docker, Bako ... des mains énormes qui maitrisaient le volant et le levier de vitesse avec une nonchalance toute zairoise ... à voir le volant bouger dans tous les sens, je pensais qu'il ne devait pas y avoir de direction assistée !!!
Il roulait vite, évitant les nids de poules de main de maitre ... j'étais balloté dans tous les sens et chaque fois qu'il freinait je me prenais les grigris qui pendaient à son pare-brise dans la gueule ... Je crois bien qu'il le faisait exprès...
Le soleil était au zénith ... "P... qu'il fait chaud"...lui dis-je pour dire quelque chose !

(à suivre ... ...)
 
(suite ... ...)

Il me répondit : "Pas plus que d'habitude ... c'est au Memling que tu dois aller ???" - Je répondis affirmativement !
Je tentais d'ouvrir la vitre mais au vu de la poussière qui se ruait dans l'habitacle, je renonçais bien vite...
Enfin nous arrivames sur le Boulevard du 30 juin ... Tiens, la circulation était raisonnable aujourd'hui ! Une dizaine de minutes après nous arrivions à l'hotel et un message de François m'attendait à la réception ... il me demandait le le contacter ! ...suivait un n° de téléphone !
Je décidais de le rappeler plus tard et j'invitais Bako à prendre un pot au bar en m'attendant - il ne se fit pas prier et commanda un énorme cocktail exotique (!)
Je me précipitais dans ma chambre ... me déshabillais en vitesse et me précipitais sous la douche ... Tidju...le reve ! Elle était froide mais je m'en fichais !!!
Je m'amusais tellement à tourner sur moi-meme sous le jet d'eau glacé que je failli perdre l'équilibre ... et un rideau de douche à remplacer ... un !!!
Un petit coup d'Eau Sauvage, des vetements neufs ... ça requinque son homme !
Je pris l'escalier pour descendre et croisais le frère de Cathy ... je pris de ses nouvelles et lui demandais si ce serait possible de la revoir ... "Bien sur que oui !" me répondit il en riant !
"Donne moi le lieu et l'heure et elle sera là !" ... Je lui répondis "Demain soir, au Bar du Memling vers 20 heures !" - "Elle y sera !" assura t'il !
Je rejoignis Bako et commandais un coca sans glace (jamais de glace en Afrique !!!) - "Pourrais-tu me déposer chez Europcars s'il te plait ?" - Il acquiesca sans dire un mot !
Je fus surpris de la réaction de la réceptionniste chez Europcars à qui j'avais annoncé le vol de ma voiture ... justement : aucune réaction ! Elle s'en fichait ... ça devait arriver tous les jours ici ! Elle me demanda de compléter et de signer un formulaire ... toutefois, elle avait l'air inquiète en me demandant si j'avais porté plainte auprès des autorités ... Quand je lui répondis que non, elle me répondit simplement : "tant mieux" ... curieux non !!!
Elle me proposa une Lada Niva à un tarif supérieur bien entendu ... j'acceptais et payais sans broncher une semaine de location...!
En sortant, je remerciais Bako en lui glissant quelques billets ... il eut l'air particulièrement ravi ! Je l'avertis que je passerai par la cité ce soir mais qu'avant j'avais quelques courses à faire...
Je décidais d'aller chez General Equipment, un magasin particulièrement bien fourni en électro-ménager de tout acabit !
Je commandais une télé, antenne, cable et accessoires et deux frigos mais quand je dis au vendeur que c'était à livrer et à installer à la cité, il refusa net ... "On ne livre qu'au centre-ville" me dit-il !
Qu'à celà ne tienne, je trouverais bien quelqu'un avec un camion pour transbahuter tout ça !
Je lui donnais un acompte et lui demandais de bien vouloir me réserver le matériel jusque samedi... tout était OK !
Curieusement, je me sentais en forme ... content d'etre vivant ... et entier !
J'étais décidé à me venger de la triste aventure de ce matin et de rattraper le temps perdu !
Je filais à la Poste Centrale ... téléphonais à ma femme que je rassurais et à qui, bien entendu, je ne racontais rien ! J'avais besoin de l'entendre ... de lui dire qu'elle me manquait et que je l'aimais... tout le monde allait bien en Belgique ... j'étais heureux !
Je ne lui parlais pas encore de la date de mon retour... tout en me disant qu'à présent c'était une question de quelques jours tout au plus...
"Tiens, et si j'en profitais pour téléphoner à François ?" me dis-je !

(à suivre ... ...)