Pour les profs

  • Créateur du sujet Créateur du sujet Lamar
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Allons, préparons la bataille!
Même si l'issue est certaine, défendons donc, pieds à pieds, nos modernes thermopyles. ;)
 
bonsoir
j'ai lu toutes ces pages....et vraiment ça me fait marrer autant de justifications corporatistes...

Cependant il est vrai que les profs français sont mal payé par rapport à nos voisins européens (parmi les + faibles salaires)

Les profs ont une mauvaise image pour le commun des mortels, normal les syndicats 'jusqu'au boutistes' se sont chargés depuis des décennies de refuser en bloc toutes les reformes de fond.

Pour ma part (je suis cadre sup ds le privé)j' intervient comme prof à la fac (master1 et 2 en finances) et franchement 2 constats :

ça ne sent pas fort la transpiration coté travail (surtout à l'administration)
les locaux sont dans 1 état de degradation qui ne donnent pas envie d'être prof

Donc en resumé y a des fainéants comme partout ni plus ni moins qu'ailleurs (c'est à dire pas mal)
Faut avoir le moral pour ce job sous payé
leur image est deplorable à cause de leur syndicat de m.... ultra gauchisant et partial

je sais mes propos n'apportent rien mais à la lecture des posts j'avais envie de réagir

@+

PS : ma femme est prof donc je sais de quoi je parle....
 
1. Tu ne connais que le supérieur, et le supérieur technique, en plus. Il n'y a qu'à voir comment les IUFM nous ont pourri le boulot depuis leur création. Ne juge pas des profs sur ce type de profs-là.
2. Je serais curieux de savoir de quoi ta femme est prof.
3. Les syndicats sont à la ramasse (sauf l'un d'autre eux qui est purement et simplement collabo). Quasi aucun ne s'oppose au pedagogisme qui ronge notre système scolaire depuis plus de vingt ans, même souvent ils flirtent avec.
4. Pour autant L'INTÉGRALITÉ des reformes proposées n'étaient que des façon de faire des économies sur la bête ou de faire de la demago à bon marché auprès des parents d'élèves en leur vendant des reformes bidons (comme l'enseignement "personnalisé" par "bilan de compétence" qui pourrit la vie des profs mais n'apporte rien de personnalisé aux élèves).
5. J'imagine qu'en temps de cadre sup' tu dois nettement voir la différence avec le traitement de ta femme (si elle bosse dans le secondaire ou le primaire). Imagine que nous on vit avec ça avec des bac + 4 + 5 ou au-delà (parce que le concours avec une licence, dans certaines matières, ça fait déjà pas mal de temps que c'est une bonne blague, et rien de plus)
6. J'ajouterais pour faire bonne mesure qu'il me semble que même le supérieur possède son cheptel de profs sous-payés, mais je ne suis pas sûr.

---------- Nouveau message ajouté à 22h46 ---------- Le message précédent a été envoyé à 22h45 ----------

Argh ! Fautes !!!!
 
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Réactions: michio
Pour compléter la réponse de mon collègue et enfoncer le clou.

Il y a des tas de remarques critiques réfléchies possibles sur le système éducatif français, pas parfait, et sur le corps enseignant, pas irréprochable. Donc, effectivement, le populisme démagogique n'apporte rien au débat. Et l'argument du corporatisme n'est qu'un lieu commun fondé sur des clichés qu'enrobent des platitudes trempées dans des stéréotypes, lorsqu'on le sert à des enseignants qui justement ne cessent de proclamer qu'ils ne réclament pas prioritairement d'être mieux payés et que les privilèges qu'on leur suppose par paresse intellectuelle ou refus idéologique de s'informer (le temps de travail notamment) n'existent que dans l'imagination du poujadiste de base. Ce que veulent les enseignants, comme l'a bien dit Le docteur, c'est ne pas être des pions manipulés par une technostructure kafkaïenne, au nom de réformes qui n'ont jamais brandi l'intérêt des élèves que comme un prétexte.

Je ne suis pas syndiqué. Je n'ai jamais voté à gauche et ne le ferai jamais. Politiquement, je suis un anarcho-gaulliste... :D Je me sens donc très à l'aise pour confirmer que les prétendues "réformes de fond" qu'ont rejetées dans le passé des syndicats parfois effectivement gauchistes n'étaient le plus souvent qu'une collection de tristes foutaises. Lamar a parfaitement dit ce qu'il fallait penser notamment d'Allègre et de sa prétention à "dégraisser le mammouth". Si le corporatisme enseignant avait été si fort qu'on le prétend, nous n'en serions pas là où nous sommes.

Entendons-nous. L'argument du corporatisme crispé des enseignants et/ou de leurs syndicats n'est pas nul. Il est juste très insuffisant comme modèle explicatif, car il méconnaît les problèmes organisationnels de fond de l'Éducation nationale et surestime grossièrement la puissance des syndicats. Et qu'en est-il des remèdes préconisés ? Le libéralisme économique ? Il me convient infiniment mieux que le marxisme. Le souci d'un rigoureux management ? Je suis pour à fond. Une saine gestion des deniers publics ? Je l'appelle de tous mes voeux. Mais il faut mettre en œuvre ces choses-là avec intelligence. Or c'est très loin d'être toujours le cas, et le secteur privé est plus exemplaire à cet égard dans ses discours que dans ses pratiques. Quand je relis le classique de Christine Kerdellant, Le Prix de L'incompétence : histoire des grandes erreurs de management, c'est moi qui suis plié de rire devant la constance ubuesque de certains cadres et hauts dirigeants dans l'erreur outrecuidante et calamiteuse. Les mêmes responsables étaient probablement empreints d'un profond mépris pour les fonctionnaires corporatistes et inefficaces... Le jour où les cadres du privé la ramèneront moins avec leur prétention à connaître le "monde réel", ils seront mieux en mesure de faire vraiment sa connaissance.


Pour ceux qui veulent vraiment lire une réflexion de très haut niveau (et pas forcément gauchisante) sur la mission de l'école et sa crise actuelle : http://gauchet.blogspot.com/
 
Dernière édition par un modérateur:
Bon, et en passant, juste comme ça : vous connaissez beaucoup de professions qui défendent leurs usagers avant eux-mêmes ?

Oui, à part ceux des services publics (hospitaliers, justice, même police, ...).

Quand les taxis manifestent, c'est pas du corporatisme ?
Quand les avocats manifestent, c'est pas du corporatisme ?
Quand les médecins manifestent, ...
Quand les routiers manifestent, ...

Ah, non, eux, c'est pas pareil... :mouais:

Et pis je savais pas que gauchiste c'était une maladie :rateau:

Je précise en passant que j'ai rarement voté à gauche à des élections nationales (la dernière, un beau raté, c'était pour Jospin :eek:... ) : je fais partie des malades qui arrivent le plus souvent avec un papier blanc dans leur poche du format des bulletins de vote tellement je crois en ces personnages...

Je précise aussi que mon père (immigré) était profession libérale, et que j'ai un frangin qui gagnait environ le smic... par jour.
Ben même eux ils ont compris que les réformes servaient uniquement à faire des économies... et nous trouvent (les enseignants) pas assez revendicatifs à défendre notre métier :up:

Je me permets enfin une petite remarque concernant les syndicats : ils ne sont que le fruit de ceux qui le font vivre. Et ceux qui le font vivre, "c'est la base".
A vous de les faire vivre pour aller vers ce que vous voulez...
(PS- dans les syndicats aussi, il y a un pourcentage incompressible de cons :hein:)
 
bonsoir
j'ai lu toutes ces pages....et vraiment ça me fait marrer autant de justifications corporatistes...

Cependant il est vrai que les profs français sont mal payé par rapport à nos voisins européens (parmi les + faibles salaires)

Les profs ont une mauvaise image pour le commun des mortels, normal les syndicats 'jusqu'au boutistes' se sont chargés depuis des décennies de refuser en bloc toutes les reformes de fond.

Pour ma part (je suis cadre sup ds le privé)j' intervient comme prof à la fac (master1 et 2 en finances) et franchement 2 constats :

ça ne sent pas fort la transpiration coté travail (surtout à l'administration)
les locaux sont dans 1 état de degradation qui ne donnent pas envie d'être prof

Donc en resumé y a des fainéants comme partout ni plus ni moins qu'ailleurs (c'est à dire pas mal)
Faut avoir le moral pour ce job sous payé
leur image est deplorable à cause de leur syndicat de m.... ultra gauchisant et partial

je sais mes propos n'apportent rien mais à la lecture des posts j'avais envie de réagir

@+

PS : ma femme est prof donc je sais de quoi je parle....

Ton post est très intéressant (je me permets de te tutoyer, parce que c'est un peu l'habitude sur les forums et qu'en plus nous sommes dans la partie réservée aux enseignants, ce n'est pas une marque d'irrespect de ma part).
Sans vouloir te vexer et je souhaite vraiment que tu ne prennes pas mal mes remarques, mais ton message est une sorte de catalogue de lieux communs :
- les justifications corporatistes : je n'y reviens pas, quand on pense que la plupart des revendications se font au bénéfice des élèves et donc de leurs parents, on ne peut qu'en rigoler (jaune néanmoins) ;
- derrière tu reconnais que les profs sont mal payés, mais ne devraient pas revendiquer pour eux mêmes (ce qu'ils ne font pas, je le rappelle) ;
- l'idée que les réformes de fond n'existent pas dans l'école (à cause des syndicats) est une grave erreur : les réformes au contraire sont légions, au moins une par an, quand il n'y en a pas deux ou trois les bonnes années. Mais comme souvent elles sont trop compliquées pour les médias, elles ne sont pas transmises au niveau de la population, mais ce n'est pas parce que TF1 n'en parle pas que ça n'existe pas ;
- ta remarque sur les locaux et la misère de l'environnement dans lequel travaillent les enseignants est pertinente, d'ailleurs dans ma segpa nous n'avons eu le chauffage (un vrai chauffage qui permet de dépasser les 12° en hiver) n'a été installé qu'au printemps dernier (les portes qui ne laissent pas passer la chaleur seront installées ... prochainement). Mais je pense que ni les syndicats, ni les enseignants n'en sont responsables ;
- contrairement à ce que tu penses et quand tu sais à quel point nous avons un boulot pratiquement sans contrôle, la proportion de fainéant est très largement inférieur au reste de la population, parce que s'il y avait la même proportion ce serait absolument terrible. Je pense que tu ne te rends pas compte à quel point on peut tirer au flanc dans ce boulot et pourtant très (très très) peu le font, tant mieux ;
- ta femme est prof, mais il est vrai que selon son niveau d'enseignement et l'endroit où elle enseigne sa réalité peut être différente de la notre. Peut-être même fait-elle partie de ces femmes qui travaillent mi-temps pour s'occuper, parce que leur mari gagne largement sa vie (pure spéculation de ma part, désolé).
il ne manque que la remarque "je connais l'école, j'ai trois enfants", pour que ton message devienne le message parfait. C'est dommage.
Voilà, sans rancune, j'attends et j'espère ton argumentation. ;)
 
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Réactions: flamoureux
la proportion de fainéant est très largement inférieur au reste de la population, parce que s'il y avait la même proportion ce serait absolument terrible. Je pense que tu ne te rends pas compte à quel point on peut tirer au flanc dans ce boulot et pourtant très (très très) peu le font, tant mieux ;
On peut le dire Lamar : on bosse même très bien !
Ben oui, avoir le 20ème rang aux étude PISA en ayant le dernier rang d'évolution des dépenses en matière d'Education pour les pays de l'OCDE (avec même un baisse du taux de scolarisation des 15-19 ans :eek:) montre que certains se cassent la tête pour trouver des solutions ;).
Et tout ça avec des profs payés bien moins que la moyenne OCDE :siffle:

Pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, le dernier rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental (http://lecese.fr/index.php/rapports-et-avis/les-inegalites-a-lecole) est saignant...
 
Ce qui m'ennuie le plus, dans le problème des inégalités, c'est que la situation empire sur un air de "tous égaux". C'est simple, il suffit de :
- pourrir les établissements privés en baissant sans cesse le niveau pour tout le monde, ce qui fait que non seulement les élèves en difficulté ne s'en sortent pas mieux (mais peuvent parfois penser que c'est le cas) mais que tout le monde en fait de moins en moins et que ceux qui veulent bosser se font carrément ch...
- continuer à être gentil avec le secteur privé où les parents qui veulent éviter les centre aérés que tendent à devenir beaucoup de lycée, en mettant "l'élève au centre du système" envoient de plus en plus massivement leur gamin. Et dans le privé, on ne fonctionne plus du tout sur le même registre, on fait bosser, on sélectionne et on vire (je ne dis pas que c'est la solution, mais c'est la leur, c'est limite l'inversion des valeurs) —*Accessoirement aussi on est dans une culture du résultat qui tend à faire du bac un pur moyen d'ascension sociale.

Je suis aussi désolé de constater qu'on peut aussi vraiment faire mieux dans le privé par rapport au public dans certaines manières. Quand je vois que j'ai passé ma scolarité à faire des collages à la con en "arts pla" et que ma blonde, dans le privé, a eu un prof façon "beaux arts" (quel horreur!) qui leur a fait faire du dessin, de l'Aérographe, etc, je suis vert !!!
 
Quand je vois que j'ai passé ma scolarité à faire des collages à la con en "arts pla" et que ma blonde, dans le privé, a eu un prof façon "beaux arts" (quel horreur!) qui leur a fait faire du dessin, de l'Aérographe, etc, je suis vert !!!

Ben c'est amusant, ça, parce que mon fils aîné (celui qui a fait une école d'arts graphiques ensuite), il a eu un prof dans le genre de celui de "ta blonde", dans le collège juste en face de chez moi, collège qui est tout ce qu'il y a de plus public, donc ma question à ce niveau (et pour cette matière), c'est : "Est-ce une question de programme, ou une question de prof ?"
 
Vous aviez rectifiés, j'imagine : il fallait lire "il suffit de pourrir les établissements publics" et non "privés" et "matières" et non "manière"... pfff !! fatigué !

---------- Nouveau message ajouté à 16h35 ---------- Le message précédent a été envoyé à 16h29 ----------

Ben c'est amusant, ça, parce que mon fils aîné (celui qui a fait une école d'arts graphiques ensuite), il a eu un prof dans le genre de celui de "ta blonde", dans le collège juste en face de chez moi, collège qui est tout ce qu'il y a de plus public, donc ma question à ce niveau (et pour cette matière), c'est : "Est-ce une question de programme, ou une question de prof ?"
Les deux, malheureusement.
Je pense que ton fils a bénéficié d'un prof qui ne faisait pas ce qu'il était censé faire (et tant mieux!). Mais certains "plasticiens" n'apprécient pas du tout qu'on espère les voir faire un travail de type "beaux-arts" — "On n'est pas aux beaux-arts", nous répond-on. Ils veulent "éduquer le regard" et autres joyeusetés (quand je pense qu'on dit que la philo, c'est prise de tête, je me marre).. Moi, on m'a carrément rigolé au nez quand j'ai évoqué mes doutes sur l'enseignement des "arts pla" ...

M'en fous, au final, j'ai appris à dessiner tout seul ... :love:

Mais je trouve dommage, au nom de concepts fumeux de priver les gamins d'une expérience en arts plastique un peu plus authentique (et classique, je sais)...

---------- Nouveau message ajouté à 16h37 ---------- Le message précédent a été envoyé à 16h35 ----------

Ou de formation (si je peux me permettre de rajouter une alternative à tes propositions Pascal) ?

Sinon, Le Docteur, ne faut-il pas remplacer le mot privé par le mot public dans ta première proposition ? Lapsus intéressant ! :D

Oui, j'avais bien peur que quelqu'un y voit un lapsus... :rose:
 
- continuer à être gentil avec le secteur privé où les parents qui veulent éviter les centre aérés que tendent à devenir beaucoup de lycée, en mettant "l'élève au centre du système" envoient de plus en plus massivement leur gamin.
1- quand on écrème, et qu'on ne garde que la crème, c'est déjà plus facile de faire un bon plat...
2- le privé ? Vu que c'est l'Etat qui paye leurs salaires, c'est pas vraiment du privé... alors, puisqu'ils ont une mission de service public, pourquoi ne pas leur interdire de telles pratiques, les obligés à accueillir proportionnellement à leur représentation les enfants handicapés (le privé représente 50,1% des élèves en Vendée, mais seulement 20% des enfants handicapés ; je ne suis pas sûr qu'il y ait la moindre école en RRS pour le privé d'ailleurs).
 
1- quand on écrème, et qu'on ne garde que la crème, c'est déjà plus facile de faire un bon plat...
2- le privé ? Vu que c'est l'Etat qui paye leurs salaires, c'est pas vraiment du privé... alors, puisqu'ils ont une mission de service public, pourquoi ne pas leur interdire de telles pratiques, les obligés à accueillir proportionnellement à leur représentation les enfants handicapés (le privé représente 50,1% des élèves en Vendée, mais seulement 20% des enfants handicapés ; je ne suis pas sûr qu'il y ait la moindre école en RRS pour le privé d'ailleurs).
Pas con, ça ... Mais les partisans de "l'école libre" veulent tout sauf ça : ils veulent que leurs gamins soient à l'abris des autres.
Moi, si je m'écoutais ce serait carrément déprivatisation généralisée... Mais en même temps il faut aussi penser à donner une chance à TOUS les gamins, et pas seulement à une "élite" (dans une logique de compétition) et aux "élèves à problèmes" (gérés façon centre aéré). Quand ma blonde revient d'un collège pas facile en disant qu'elle en vient à se demander ce que l'unique élève qui bosse dans la classe fait encore au milieu d'une horde d'élèves complètement déscolarisés, je m'interroge sur ce que signifie le concept de faire réussir "tous" les élèves... On nous dit qu'il faut de la mixité sociale, mais les derniers qui se la cognent, la mixité sociale, font figure de sacrifiés...
 
Je découvre par hasard une réflexion stimulante d'Elisabeth Altschull : http://www.fondation-res-publica.org/Face-a-la-derive-pedagogiste-transmettre-et-innover_a136.html

Et notamment ce passage, qui éclaire sur les logiques de fonctionnement de la technostructure et le lien qu'elles entretiennent avec l'idéologie du pédagogisme (pas la pédagogie comme art d'enseigner, entendons-nous bien) :
L’État, pour servir réellement l’intérêt général doit toujours se méfier du phénomène « soviétique » : l’émergence d’une classe bureaucratique qui, distillant une idéologie prétendument au service de l’intérêt général, devient en réalité l’instrument d’une caste protégée de fonctionnaires inamovibles ne visant que ses propres intérêts. Si on croit au rôle de l’État (comme au rôle des services publics) il faut avoir le courage d’y faire régulièrement le ménage.
Les premiers destructeurs en règle de l’enseignement élémentaire ont systématiquement placé leurs alliés idéologiques dans les postes de l’éducation nationale. Un enseignant en IUFM a un intérêt tout à fait matériel, pour justifier son poste et sa position hiérarchiquement supérieure à celle de l’enseignant en poste, à déconstruire les méthodes éprouvées. Son but ? Maintenir l’enseignant à former dans un état d’angoisse, de doute et d’incertitude sur ses façons de faire.
[c'est moi qui souligne]


Cet autre passage introduit une distinction intéressante entre deux formes opposées de corporatisme. L'une, celle des praticiens de l'enseignement, qui bénéficie également par contrecoup aux élèves ; l'autre, celle du théoricien ou du bureaucrate, qui est totalement étrangère à l'intérêt de l'apprenant, puisque celui-ci a cessé d'être ou n'a jamais été un partenaire de son action, et qui vise avant tout la perpétuation d'un rapport de force au sein de l'institution :
Les effets néfastes du corporatisme apparaissent dans le triomphe des mauvaises méthodes surtout dans le primaire. De fait, appliquer les bonnes méthodes dans le primaire est très contraignant et il peut sembler beaucoup plus plaisant de s’amuser avec les enfants selon la couleur de son esprit (la remarque est vraie d’ailleurs pour le travail en collège, d’où le succès des gadgets « motivants » à la mode genre « Itinéraires de Découvertes »). Mais le corporatisme est ambigu : les boulangers qui tiennent à la qualité de leur pain sont corporatistes, c’est par corporatisme que les enseignants du secondaire tiennent à la qualité de leur discipline et ils ont raison. Structurellement, ceux qui font le travail auront objectivement raison par moments - j’allais dire sans le vouloir - simplement par le fait de viser un objectif juste (transmettre une matière), ils ont raison de vouloir bien le faire. Tandis que l’intérêt bureaucratique de ceux qui ne sont pas en poste est par essence illégitime et produit du discours faux […].
 
J'ai lu un peu : c'est pas mal, et ça tient debout.
J'aime particulièrement ce passage, parce qu'il part tout bonnement du bon sens pratique (c'est moi qui souligne). On reproche aux professeurs de ne pas vouloir changer de méthodes. Au contraire : ils veulent résolument revenir à des méthodes qui marchent et utiliser des bonnes pratiques pédagogiques. Ils veulent restaurer une école authentiquement égalitaire. Evidemment, ça ne se fera pas d'en haut, à coup de questionnaires foireux, ni à coup de réunions pénibles, mais à coup de reprise en main des programmes par les professeurs eux-mêmes, depuis le terrain. La liberté pédagogique doit pouvoir remonter d'en bas et non être bridée par des pseudo-débats détournés par les syndicats les plus collabos (ou des individus du même acabits).

Nous pouvons nous appuyer sur les professeurs et les instituteurs qui sont prêts à changer de « recettes » parce qu’ils vivent en direct l’échec cuisant de celles qui sont actuellement en vigueur. Il faut fournir le discours philosophique et idéologique d’une pédagogie républicaine (nous avons à faire à un clergé enseignant qui a besoin d’adhérer à une pensée sur son action) et il faut réaffirmer les bonnes pratiques pédagogiques parce que celles-ci sont efficaces pour atteindre des buts justes.
Il faut couper les branches mortes de l’appareil d’État pour mieux préserver le service public et le bon fonctionnement de l’État : il faut abolir les IUFM parce qu’ils ont un intérêt lié à la diffusion d’un discours destructeur et les remplacer par une autre formation assurée par des praticiens qui partagent notre philosophie.
 
[citation] il faut abolir les IUFM parce qu’ils ont un intérêt lié à la diffusion d’un discours destructeur et les remplacer par une autre formation assurée par des praticiens qui partagent notre philosophie.[/citation]
Il y a plus de 10 ans, j'avais fait le stage de préparation au CAFIPEMF, pour voir.
En fait, suite à une critique de séance nous avons eu un échange avec l'IA adjoint qui était là pour chapeauter la "formation".
"Si je comprends bien, l'essentiel n'est pas de dire ce qui marche bien ou ne marche pas bien, mais de dire ce qui est conforme aux programmes ou pas".
"Tout-à-fait".
La messe est dite.
Ceux qui ont passé leurs CAFIPEMF à cette époque devaient passer la bonne parole.
C'est aussi le cas de beaucoup de profs d'IUFM.
Pas tous : j'ai eu un prof de math non seulement "théoricien" de la pédagogie (membre actif de l'IREM), qui est devenu patron de l'IUFM, avant d'être mis dans un placard pour ses méthodes et ses discours trop proche des réalités du terrain.
Idem pour mon prof de français, qui découvrait le primaire au début, et qui était devenu un remarquable didacticien à force de confronter son idéal théorique et la réalité de la vie d'enseignant.
Mais pour rentrer dans la boutique (et c'est encore pire aujourd'hui), il faut être là pour prêcher la bonne parole (2,6% de PPRE tu feras, de l'aide personnalisé tu réaliseras, ton temps jamais ne compteras, épuisé rapidement tu seras...). Ou au moins le faire croire :siffle:
 
bonsoir
j'ai lu toutes ces pages....et vraiment ça me fait marrer autant de justifications corporatistes...
Cependant il est vrai ...

Comme tu le dis, ce sont des justifications, pas de revendications, c'est déjà ça.
Et nous ne le sommes pas assez, corporatistes. Je crois qu'il ne faudrait pas reproduire le discours planplan des politicards (l'interêt des ch'tis nenfants....) mais bel et bien l'affirmer: on veut être mieux payé, mieux considéré, et avoir des locaux décents.

les profs français sont mal payé par rapport à nos voisins européens
C'est vrai, mais avouons qu'il y avait une contrepartie: en échange d'un salaire plus que modique au vu des diplômes possédés, nous avions (je parle bien au passé) une espèce de "gentlemen agreement" avec l'administration, qui nous laissait toute liberté de nous organiser, d'organiser notre travail et d'utiliser nos méthodes d'enseignement, pour peu que l'on respecte les programmes.... et les élèves! Nous avions aussi une "contrepartie": moins d'argent, mais plus de temps "libre"...
Nous n'en sommes plus là.

Les profs ont une mauvaise image pour le commun des mortels, normal les syndicats 'jusqu'au boutistes' se sont chargés depuis des décennies de refuser en bloc toutes les reformes de fond.

Tu as du remarquer qu'ici personne n'est syndiqué. Les syndicats de profs défendent.... leur fromage. Et fort peu les profs. Ceux qui ont eu de réelles emmerdes savent le "soutien" qu'ils peuvent en attendre. Ces syndicats sont en effet partiaux (forcément) et c'est vraique la plupart sont de gauche, voire de gogôche, voire d'une gauche extrême à la limite de la caricature (j'ai vu de mes yeux dans des salles des profs des "procès Staliniens" avec acte de contrition du Camarade et jugement par contumace...). Il existe toutefois au moins un syndicat catalogué "droite" (le SNalc).


ça ne sent pas fort la transpiration coté travail (surtout à l'administration)
les locaux sont dans 1 état de degradation qui ne donnent pas envie d'être prof
J'adore ton "surtout à l'administration". Parce que c'est vrai. Il y a, dans l'éducation nationale, environ un à deux administratifs par prof. Oui. C'est peut être par là qu'il eu fallu mener force formations, modernisations, regroupements, simplifications etc..., et pas en ne remplaçant pas les profs qui sont "devant les élèves"...

Tiens, un petit exemple: nous ne pouvons toujours pas faire nos courses "administratives" (crayons & gommes, mais aussi, en sciences, le matériel comme des coeurs, des foies, des articulations, des animaux à disséquer genre crevettes, têtes de poissons, mais aussi de bêtes sèche cheveux pour les plaques de chromatographie, des aimants, des piles...) chez carrefour ou leclerc (ou au prix de délires administratifs sovietisants), aussi nous devons en passer par des fournisseurs "officiels" qui acceptent d'être payés au lance pierre, mais pratiquent des tarifs prohibitifs... On arrive à "s'arranger" avec l'administration (parfois), mais c'est à le limite de la légalité administrative (au point que j'avais songé à commander "dans les règles", administrativement, une quinzaine de langoustes "pour dissection" (du thorax, c'est bête, hein, que faire de la queue... Slurp!) au lieu du même nombre de gambas surgelés disponibles dans le premier Picard du coin: et bien j'aurais eu moins de difficulté à obtenir les langoustes - par le syndicat, en direct de Cuba :p - que des gambas à 20€ les 15...l

Quant aux locaux... J'avouerais que les départements et régions ont fait de nombreux efforts (enfin, ont fortement dépensé à se sujet, et bien essentiellement, je crois, l'argent des contribuables locaux), mais que malgré tout trop d'établissements sont mal conçus, mal organisés, mal meublés, la tradition prenant trop souvent le pas sur la réflexion.
Par contre, les universités françaises sont dignes du tiers monde. Cela tombe bien: elles ne vont pas tarder à le rejoindre dans les classements internationaux !
 
Tu as du remarquer qu'ici personne n'est syndiqué.
Euh...
Ben en fait, si...

Mais je sais pas si ça se soigne :mouais:

Les syndicats de profs défendent.... leur fromage. Et fort peu les profs. Ceux qui ont eu de réelles emmerdes savent le "soutien" qu'ils peuvent en attendre.
Dommage, j'ai accompagné des collègues chez l'IA depuis dans années parce qu'ils avaient des emmerdes.
Des petites emmerdes, des grandes emmerdes, des trucs révoltants, des cas indéfendables, ... pourtant j'en ai accompagné.
Et avec mes potes du SNUipp, on en a accompagné un paquet.
Cette année, je me suis considéré être en vacances le 13 juillet au soir, après avoir emmener une dernière collègue défendre son droit à un temps partiel suite à la naissance de son gamin.
Je peux te multiplier les exemples, des dizaines de cas par an, pris sur mon temps de vie de famille à moi que j'ai.
En plus des commissions paritaires, qu'il faut préparer de façon de plus en plus pointue, et qui se déroulent de plus en plus des mercredis... pour pas avoir à nous trouver de remplaçants...

Alors quand je lis ça, ça me gonfle. Vite. :mad:
Ou alors tu précises que tu fais référence à ton vécu personnel, sans généraliser, et en précisant, en plus, que c'est dans le secondaire, monde ou la représentation syndicale est bien différente.

Bon, il est 0:20, j'étais en train de commencer à préparer ma déclaration du prochain CHSCT -encore un truc où on sert à rien, c'est ça ?-, juste après avoir fait un brouillon pour un courrier à envoyer à mon cher inspecteur qui vient me chercher des poux dans la tête pour des questions d'heures d'anglais alors qu'il refuse de laisser une collègue faire de l'allemand ; hier soir c'était rédiger un courrier pour expliquer à mes parents d'élèves pourquoi j'allais perdre une journée de salaire la semaine prochaine et un peu de lecture approfondie du rapport de l'OCDE...).

Finalement, je vais aller retrouver ma petite femme sous la couette...

Je préparerai ma classe demain à 6h...

Bonne nuit.
 
Milles excuses, Michio, je parlais bien entendu pour "ma paroisse", le secondaire (et même le supérieur).

J'ignore tout du primaire, si ce n'est l'inénarrable concours qui permet d'y accéder!

Et en consultant l'horaire, tu verras que tu es battu... à plates coutures! :D
 
Et en consultant l'horaire, tu verras que tu es battu... à plates coutures! :D
Damned ! :D

Ouais, mais là, en fait, c'est que j'ai eu une journée très hard, et j'avais mon entraînement de karaté jusqu'à 21h, alors je suis un peu fatigué.
Et j'ai l'auriculaire qui me gêne.
Et pis il fait trop froid pour la saison.
...
:sleep:

Cela n'eut pas été raisonnable de rester plus tard ;)

Sérieusement : c'est vrai que fatigué, on est moins serein, moins efficace, moins patient, etc, etc, ...

Tiens, ça me rappelle le boulot :rateau:

Hoplà, zen ce matin :zen: