Je l'avais vu, il y a bien longtemps à Montpellier, c'était son époque brésilienne. J'écoute régulièrement ses disques et souvent, le dimanche, passant dans le petit village des Corbières où il avait acheté une maison il y a quelques années, je disais à mon gamin : "regarde si tu ne vois pas Nougaro".
Le Verdouble qu'il avait mis en photo d'un de ses albums va être un peu orphelin.
"Tu vas mourir, tu vas t'éteindre
Comme une lampe de chevet,
Quand le matin commence à poindre,
Quand le bouquin est achevé
Dors en paix, pépé
Tu vas abandonner ton souffle,
Les taches rousses de tes mains,
Et repasser sans tes pantoufles
Le seuil du monde des humains
Dors en paix, pépé
Je ne m'en fais pas pour ton âme
Tu n'as à craindre nulle flamme
Bien que tu te sois dit sans Dieu
Tu peux, sans faire de grimace,
Regarder le soleil en face
Quand tu auras fermé les yeux
Un peu de toi s'en va descendre
Mais tout le reste va monter
Quitter cette vallée de cendres
Pour une planète d'été
Dors en paix, pépé
A belles dents, tu déjeunes
Le soir, tu soupes de peu
La vie nous aiguise en jeune
Puis elle nous déguise en vieux
Vas-tu connaître la recette
D'un repas qui coûte moins cher,
Et vas-tu faire la conquête
D'une beauté hors de la chair?
Dors en paix, pépé
Où tu vas, je ne puis t'atteindre
Suis-moi si tu peux où je vais...
Déjà le jour commence à poindre
J'éteins ta lampe de chevet
Dors en paix, pépé
Dors en paix, pépé"