Lettres mortes

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C'était sympa. T'as corné les pages. Parlé de solaire. On est passé à MacDo. Toi Sprite, moi Coca. On marché. Remarché. Parlé et Reparlé.

T'es restée à l'arrêt. Le bus est parti. La nuit est tombée. T'as fini à l'hosto. On en est resté là.

A+
 
Salut Maurice,

Tu es là.

Dans un joli pot en faïence. Je te dépose sur la table de la cuisine, parce que depuis deux jours, il pleut trop et les graines de fleurs que j’ai déposées dans ta terre vont pourrir, tout comme ton corps, depuis 10 ans.

Tu sais, durant l’hiver, je t’ai visité et vers minuit, j'ai déposé 5 sous (vieilles habitude) sur ton nom. Puis, j’ai volé une poignée de ta terre, sous la neige. L’ai mise dans back-store de ma Toyota. Et ai parcouru 300 km jusque chez moi, pendant que la petite dormait en arrière.

Parce que.

À la radio, j'ai entendu un écrivain populaire décrire les petites habitudes de sa grand-mère. Qui prenait ses cafés, matin et soir avec sa mère, dans son jardin, à Petit Goave, Haïti. Elle avait eu la chance d’enterrer sa maman dans son jardin. Et lui papotait, et lui décrivait ses journées, et...

Ça ma donné envi de faire la même chose.

Dany Laferrière vient d’écrire « La Fête des morts. Pour les enfants. Magnifique ouvrage bellement illustré.

J’ai trouvé l’idée délicieuse: nos proches restant avec nous, il est toujours possible de leur parler, de les engueuler, de leur raconter notre journée, de les sentir quelque part… même s’ils ont été déficients, tellement déficients, et même parfois... un peu fous.

Et s’ils sont dans notre jardin, même ensevelis sous la neige 6 mois par année, ils sont présents : la terre exhale leur dernier souffle.

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Maurice tu es sur ma table, et tu y resteras : la lumière entre parfaitement dans cet espace et demain matin, et les jours suivants je prendrai mon café avec toi, et je te parlerai de ce que tu n’as jamais voulu entendre: mon quotidien.

Non, tu n’iras pas dans mon jardin : 6 mois sous la neige, c’est trop long.

Alors, le père, pousse donc, donne-toi vie, fais éclore les jolies fleurs que je viens de planter dans ton terreau et permets-toi ce que tu ne pouvais pas faire:

Jouis du moment présent. D'ailleurs, que peux-tu faire de mieux?
 
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Réactions: mado
J'étais là quand tu t'es réveillée, quand le turquoise s'est mêlé au marine. J'étais là.

Depuis des heures, je te regardais, t'écoutais. Tout le temps la même mais tellement différente.

5 fois en 18 mois, je suis venue. Et à chaque fois, je me suis assise, je t'ai observée, admirée, quelques minutes, quelques heures. Tu as été ma compagne certains jours de solitude. Solitude bienfaisante.

J'aime les natures brutes, les extrêmes. Le gris ne m'a jamais parlé. Autant te dire que tu me plais!

Je n'avais pas réalisé, jusqu'à maintenant que, chaque fois, c'est toi qui m'apaise.

Je reviendrai, pour toi.
 
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Réactions: teo et Lalla
Tu as donc décidé de l'emmener là-bas.
Ca peut paraître dingue, mais même des années après, je n'arrive par à accepter que tu puisses faire ça.
J'avais l'impression que ce lieu était à nous.
J'ai dû me tromper.
Sur beaucoup de hcoses.
 
Mon cœur bat si fort que mes tempes sont douloureuses. Je retiens tout en moi, encore et encore. Je ne peux pas pleurer ; je ne peux pas crier ; je ne peux pas aller courir, plus ce soir.

J’ai craqué un peu tout à l’heure : j’ai remonté l’avenue Marceau, poings serrés, à toute vitesse. J’ai mordu mes yeux pour ne pas laisser couler de larme à travers mes lèvres.

Mon sang de lave tue en moi l’idée même du sommeil. Je ne veux du mal à personne… trop tard pour y penser ?

Je veux dormir, laisser passer ce week-end et me réveiller lundi. Je n'y arrive pas. Et tu commence à ressentir le séisme qui me fait trembler, qui me fait me fermer à tout… le stress du boulot ? si seulement tu savais…

Allez, à plus tard : je vais en tuer des lettres
 
Salut...

C'est toujours dans ces moments de stress, d'angoisse, où je sais que tout peut basculer, dans ces instants où je me sens si fragile, que tu me manques le plus.

Je t'embrasse.

m.
 
Tu m’as demandé s’il y avait quelque chose… tu chauffes… tu brûles même. Mais bien sûr je t’ai répondu qu’il n’en était rien.

J’ai hâte d’être à demain… la semaine prend des aspect de week-end… j’y respire mieux…

Je sais je m’enfonce. On dirait que j’ai déjà fait mon choix alors qu’il n’en est rien… ou bien je ne sais plus.
 
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Réactions: alèm et Craquounette
J'ai rêvé de toi cette nuit.
Ce matin, je trouve deux messages de toi dans ma boîte mail.

C'est con, mais j'ai envie de croire que ce n'est pas un hasard.
Si?
Tant pis...
 
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Réactions: Fab'Fab
Déjà une année que tu n'es plus là. Honnêtement, je ne pensais pas que ta mort me toucherait autant.

Depuis où tu es, file un peu de courage à ta famille. Ta p'tite soeur et ton p'tit frère dégustent ces temps...

Ciao Y.
 
Allez, j’ai semé quelques bombes ça et là… quelques pièges numériques destinés à bouffer mes remords… quelques accélérateurs…

Je suis à côté de toi et en même temps je m’éloigne… J’ai des envies que je ne m’imagine pas partager avec toi. J’ai des envies tout simplement différentes de tout ce qui nous est commun. Mon égoïsme explose, mon énergie me ronge de l’intérieur.

On a parlé… j’ai louvoyé… gagné du temps… mais j’ai besoin de me mettre à nu pour ne pas crier… pleurer…si tu tombais sur ces lignes, tu tomberais peut-être de haut…

Une mine de plus, un jalon de ma folie confié de manière impudique, obscène, à des presque inconnus.

Mais là encore je triche*: je pourrai effacer ce message dans une heure, trois heures, voir trois jours.
 
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Réactions: kisbizz
Je t'ai écrit. J'ai été me balader au parc, écouter les enfants jouer, les regarder courir, vivre.
J'ai retrouvé mon arbre, le même qu'il y a une année. Je l'aime cet arbre, son ombre est rafraîchissante en ce printemps estival.
Je t'ai écrit, 3 pages. Ce n'était pas prévu. J'ai cédé à la tentation d'une petite pause. J'ai pris une feuille pour y griffonner quelques mots. Mon stylo s'est emballé, ton nom est apparu et les mots sont venus par eux-mêmes.
Je t'ai écrit mes envies, mes besoins, ma vie, des futilités, des choses graves, un mot de passe...J'avais envie que tu saches tout cela. J'ai plié ces 3 feuilles, les ai glissées dans une enveloppe sur laquelle j'ai noté ton adresse. Pas d'expéditeur. Le timbre était déjà collé.

La pause était finie. Mes pas se dirigeaient à la boîte aux lettres la plus proche. A la sortie du parc, j'ai fait des confetti avec mes mots, la plupart sont tombés dans une poubelle, certains se sont envolés. Peut-être que le vent les soufflera vers toi. Mes mots resteront Lettre morte cette fois. Je dois apprendre à ne plus t'écrire, ne plus t'envoyer des SOS perdus, à refouler mes envies sincères, ne plus m'entrainer à lire toutes les bouteilles à l'envers...

Il n'y avait pas de cerf-volant qui planaient, ni d'amants qui flanaient.
 
Mon gouvernement,


Un petit mot pour vous remercier de votre dernière lettre, que j'ai eu la joie de recevoir hier matin. A la lire, je me suis demandé pourquoi diable le gouvernement s'embêtait à lancer une souscription nationale, alors qu'il suffirait simplement d'intensifier un peu l'envoi de ces injonctions de participation à l'effort national !

De la vie citoyenne...


Alors sur le site internet amendes.gouv, je puis vous dire une chose, c'est que les soldes n'ont pas cours. Voilà donc une part de mes ressources promise à un grand avenir, telle leur transformation en bitume, sur lequel je prendrai plaisir à rouler au pas. En effet, il faut savoir que le produit de ces amendes, outre le détail négligeable d'engraisser la boîte privée qui en gère le traitement, est voué à l'aménagement du réseau routier, pour le plus grand bonheur de ses usagers assagis, m'a-t-on dit.

Tout cela me procure le sentiment d'une citoyenneté toute retrouvée, moi qui ait récemment perdu le chemin des urnes. Qu'aurais-je bien pu faire de cet argent ? Le thésauriser ? Voilà donc une bien drôle d'idée, dans une société instantanée. Acquérir une nouvelle et nécessaire paire de chaussures de randonnée, pour un montant strictement exact ? En voilà donc un dessein égoïste, que d'aller crapahuter en pleine crise ! Mais peut-être aurais-je alors mieux fait de les enfiler plus vite, je serais passé outre le radar mobile.

...Ou plutôt du citoyen automobile

Mais trêve de digressions oiseuses, place à la comptabilité. Sur ce plan, voilà encore une ligne dans le poste automobile. J'aime les lignes, ce mois-ci, et pas seulement la ligne de mire des forces de Police. Mon automobile est passée au contrôle technique hier soir. Le monsieur l'a regardée, pour me dire que tout allait bien. Sensible à la flatterie, je l'ai récompensé de 72 euros. Il m'a quand même fait remarquer que je risquais une peine d'amende pour l'absence de rétroviseur passager, à quoi j'ai répondu que je risquais surtout un accident. C'est pourquoi j'en ai commandé un nouveau ce matin, pour la somme de 66 euros TTC, soit trois fois moins que chez Heudré. Voilà donc encore le montant d'une mensualité de prêt à mettre au passif de la mobilité automobile.

Alors face à la recrudescence des frais exceptionnels, une question me taraude. Combien diable coûte la mobilité automobile ? Le prix de la voiture, de l'essence ? Le temps passé à la conduire, à la réparer, à écrire ses mésaventures à ses parents ? Tout ça, en fait, nous donne la notion de coût généralisé. Concernant l'automobile, il est faramineux. Pour l'année écoulée, il peut s'estimer à 4800 euros tout compris (hors temps, ça viendra après). 4800 euros, ça fait par exemple près de 10 mois de loyer, ou 53 paires de chaussures de montagne de marque Lafuma. De quoi en faire, des kilomètres.

Une somme, n'est-ce pas, qui en fait le second poste après le logement, avec près d'un tiers de mon revenu imposable (et un peu du votre également). Tout ça pour bouger. Mais le jeu en vaut la chandelle, car l'automobile permet de se mouvoir rapidement. C'est l'accomplissement de l'homo velocitas, celui qui bouge vite. Bien imprudent serait le bougre qui viendrait à discuter de cette vitesse.

L'homo velocitas n'est pas pingre, mais il commence à réfléchir.


Alors soyons imprudents. Qu'est-ce que la vitesse ? Une unité de mesure de notre capacité à parcourir l'espace. Elle peut être instantanée ou moyenne, par exemple. Elle est mesurée en kilomètres par heure ou en mètres par secondes : c'est le temps qu'il faut pour parcourir une unité d'espace. Moi, par exemple, je parcoure environ 15 000 unités d'espaces par an en bagnole. Dès lors, la question mérite d'être reposée : combien de temps me faut-il pour être capable de parcourir ces 15 000 km ? Posons l'hypothèse ambitieuse que, trajets de courte et longue portée confondus, j'ai une vitesse moyenne de 50 km/h. Il me faut alors passer 300 heures au volant pour parcourir cette distance, soit un peu plus de 12 jours dans l'année. Ce chiffre est évidemment faux, mais il a finalement un impact tout relatif sur le résultat final. En effet, on peut considérer que pour parcourir 15 000 km, il faut conduire, mais également alimenter la machine. Et ça, ça prend du temps. C'est là qu'on convertit le coût généralisé calculé plus haut en temps, en se basant sur le salaire horaire net, soit 8.90 euros dans mon cas. Là, on découvre que la capacité à se mouvoir en automobile demande 539 heures de travail dans l'année. Soit plus de trois mois et demi d'activité professionnelles, congés déduits. On commence à prendre la mesure du sacrifice consenti.

Et tout ça... pourquoi, au fait ?

839 heures annuelles s'avèrent donc nécessaires pour payer et pratiquer la liberté de l'automobile. Qu'en est-il de la vitesse réelle de l'engin ? Eh bien 839 heures pour parcourir 15 000 bornes, ça fait une vitesse généralisée de 17,8 km/h. Voilà qui rappelle étrangement celle du vélo. La vitesse généralisée est un concept déconnecté de réalité spatiale. Je vais pas en vélo à la montagne, par exemple. Mais ça donne à réfléchir, ne trouvez-vous pas ? Faites donc le calcul pour vous-même, c'est amusant. Une chose apparaît néanmoins certaine : l'homo velocitas devrait s'arrêter un peu pour réfléchir, parce que c'est un blaireau.
 
Monsieur H.

Je vous ai vu hier soir à ma sortie de travail, et très probablement à la sortie du votre, puisque nous étions arrêté au feu rouge devant l'assemblée nationale.

J'ai pour les institutions un respect absolu, hérité de mon éducation. C'est mon devoir de citoyen que de respecter ces institutions, pour n'avoir que d'avantage de légitimité lorsque je souhaite les contester ou les défendre.

Tout comme les lois qui régissent notre société et notre pays.
Mais je ne vous apprend rien, vous faites parti des 627 députés auxquels, moi parmi mes concitoyens, avons confié l'élaboration de ces dites lois.

J'ai la même rigueur morale vis à vis des responsabilités. Pour être représentatif d'une fonction où d'un rôle, l'individu se doit d'être à la hauteur de ce qu'il décide ou demande. Pour des raisons de crédibilités déjà.

C'est vrai, comment pourrais-je demander à mes subalternes d'être ponctuel si moi même je ne le suis pas ?
J'avoue qu'il m'arrive de ne pas l'être, vous savez ce qu'est la circulation dans Paris, dès lors, je m'efforce d'être aussi souple pour mes subalternes.

Toujours est-il qu'hier soir donc, à ce fameux feu rouge, après un cordial salut de la tête à un député que j'ai reconnu et qui m'est sympathique politiquement, je m'aperçois qu'au guidon de votre scooter vous n'attachez pas votre casque.

Je n'ai rien à reprocher, mais j'attire tout de même votre attention sur l'aspect dangereux que cela représente.
Et j'avoue désapprouver. Mais peu importe cela n'est pas mon problème.

En revanche, vous avez grillé le feu rouge. "Anticipé" vous paraîtrai sans doutes plus juste, mais il n'en demeure pas moins qu'il était rouge lorsque vous avez franchi l'intersection.
La voie de bus empruntée dans la foulée, constitue la seconde infraction au code de la route en moins de 50 mètres.

Bien plus que le fait d'être moi même utilisateur de 2 roues, et de souhaiter changer l'image que ces utilisateurs donnent aux autres usagers de la route, je suis déçu de vérifier par moi même qu'aux plus hautes responsabilités, on foule du pied les règles et lois.

J'ai aussi de suite pensé à l'image que cela donnait aux citoyens. Quel exemple et quelle répercussion pour une faute, certes mineure et pas bien grave, mais au combien chargée de sens !
Comment pourrions-nous entendre vos appels au calme, au respect dès lors ?

J'ai bien conscience de la difficulté et de la pression que peut représenter l'interdiction de commettre une erreur dès lors que l'on est, comme vous, un personnage public, qui plus est politique.

Je sais bien aussi que cette lettre pourrait laisser penser que je "tombe" sur la première personnalité que je croise. Il n'en est rien. Si je vous écris cette lettre, c'est bien parce que je partage des valeurs politiques avec votre parti, avec vous, et que ce que j'ai constaté hier m'a déçu.


Monsieur, ce sentiment un peu désabusé à propos de la politique de mon pays est présent en moi. Il l'est encore un peu plus depuis hier soir, et je le déplore. S'il vous plaît, n'y participez pas.

Je n'ai pu vous le dire hier soir en face, alors je le fais par cette lettre.

Je vous adresse mes salutations les plus cordiales.

Monsieur T.

Je l'enverrai ce soir à la personne concernée, et si je ne trouve pas son adresse, au PS directement.
 
Mon gouvernement,


Un petit mot... blaireau.

Ptain, tout ça pour dire que tu t'es fait niqué as pris un chti radar... :siffle:

Bienvenu au club... :o :sleep:

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Monsieur H.

Je vous ai vu hier soir ... au PS directement.

Ptain, tout ça pour dire que t'as croisé un blaireau... :p :D