Cher Pascal,
j'ai rêvé cette nuit que tu étais morte !
Alors je t'ai écrit cette petite lettre !
Mais c'est peut-être vrai.
C'est peut-être trop tard !
T'es peut-être toute morte, maintenant.
Tu me faisais beaucoup penser à ma vieille tante, la bonne sœur.
Comme elle tu subtilisait les petites cuillères, partout !
Mais toi, avec ta prothèse d'œsophage mal placée, tu les avalais.
Ce n'étais pas de ta faute.
Je me rappelle, lorsque les jours de grande forme,
tu rabaissais les barrières de ton lit,
appuyais sur les boutons de la télécommande pour le rabaisser ce lit,
que tu te levais pour rejoindre ce fauteuil,
du fauteuil tu rampais jusqu'à ce canapé.
Je me souviens de cette traînée laissée sur le tapis,
ta poche urinaire ayant mal supporté le voyage.
Tes tricots que tu faisais avec amour, pour des enfants siamois sextuplés.
Avec ta main restante, et ce crochet de cintre au bout de ton autre bras.
Et ces fous rire que l'on prenaient lorsqu'on te baladais sur ce fauteuil roulant en bois,
et lorsqu'on te lâchait du haut de cette grande côte pavée, te voir bondissante de joie
cahin caha tu zigzaguais en éructant ce bruit strident qui laissait éclater ta joie.
Quels fous rire lorsque le cantonnier te ressortais du bassin aux poissons rouges,
en bas, dans lequel tu marinais le temps qu'on prenne ce petit gorgeon au bar de la poste.
Cela évitait que tu prennes un coup de chaud de trop sous ce cagnard.
L'eau fraiche raffermissait tes chairs, pendant que les poissons rouges te nettoyaient de tes peaux mortes.
Ah quels moment inoubliables !
Et tu te souviens de ta passion pour la photo ?
Nicolas t'avais bricolé ton vieux Leica, fixé sur l'accoudoir de ton fauteuil,
et qu'il avait branché le déclencheur sur la pile de ton Pace-Maker pour que tu puisses déclencher à distance
rien qu'en ayant une émotion devant le paysage.
Bon c'est vrai qu'après chaque cliché il fallait attendre que tu te recharges...
Et que tu te relèves haletante lorsque le Pace-Maker repartait...
Fallais pas trop qu'on te laisse faire trop de prises.
On était un peu inquiets de te voir te coincer ce crochet sur le déclencheur, au risque de vider la batterie.
Xavier avait beaucoup de tendresse en te voyant, et nombre de poèmes qu'il à écrit pour toi.
Bien à toi Pascal, tu nous manques beaucoup.