Nice People

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Roberto Vendez a dit:
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Sur mes z'amours passées ?
Bien entendu !

Controle de qualité SOCOSEC (Société de Contrôle des Secousses), Certification ISO1988, que des produits naturels !
Heureusement, c'est du biodégradable mais qui dure un certain nombre d'années... !
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Reprends un mouchoir sec, je replonge !!
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Vas-y
Je suis prêt.

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Lucienne faisait partie de ces gens dont on a envie de s’approprier les souvenirs.

Souvent le soir en sortant de l’école, je frappais à sa porte et chaque fois j’avais l’impression qu’elle m’attendait. Elle me servait une tasse de chocolat brûlant et quelques petits beurre.Une fois la table débarrassée, elle sortait un jeu de carte, s’asseyait en face de moi, et commençait à parler.

J’aimais la vue que l’on avait de sa fenêtre, tous ces toits qui s’étalaient, il me plaisait d’imaginer Lucienne dans l’un de ces petits appartements, pendant quelle me parlait de sa vie.

Lucienne avait eu trois maris dont elle ne parlait pas, je ne sais pas si elle les avait aimés. Ils étaient morts par négligence, comme elle disait, le jour où je lui ai demandé si ça n’avait pas été trop dur, elle m’a répondu, « C’est une question d’habitude. »

Ses doigts glissaient sur la toile cirée de la table, elle regardait attentivement les fleurs fanées depuis longtemps qui avaient dû l’orner en d’autres temps. Sa voix emplissait mes oreilles, pas une fois, elle n’oubliait de me parler de ce bal où elle avait rencontré celui qui serait à jamais son unique amour.

Elle se leva, alla dans sa chambre, revint avec une grande boîte de carton gris, fermée avec de la ficelle. Je du l’aider pour défaire le nœud, il était si serré, aussi serré que ses souvenirs qu’elle gardait dans son cœur. Enfin, elle en sorti, une paire de gants blancs, une broche, des morceaux de dentelles, tout un bric-à-brac de souvenirs parfumés à la lavande.

Puis elle me dit « Petite, reviens demain, va faire tes devoirs, je te raconterai, ma boîte à souvenir. »

Me prenant par le bras, elle m’accompagna à la porte en glissant quelques bonbons au coquelicot dans ma poche. Je ne sais pas pourquoi elle disait que c’était au coquelicot, sans doute parce qu’ils étaient rouges, j’ai toujours trouvé qu’ils avaient un goût de médicament.
 
barbarella a dit:
Lucienne faisait partie de ces gens dont on a envie de s’approprier les souvenirs.

Souvent, enfant, on ne fait guerre attention aux "vieux".
On sait qu'ils sont là, parce qu'on les voit tous les jours.
Mais ils sont vieux. C'est tout.
Pas un seul instant je me suis imaginé que la petite vieille du bout de la rue qui peinait tant à marcher put un jour être jeune.
Puis on grandit.
On les oubli.

J'ai récemment appris le décès de Marinette.
Je ne connaitrai jamais sa vie.
Je ne connaissais même pas son nom.

J'aime beaucoup ton histoire parce qu'elle a ceci de pathétique que sa vie semblait se résumer au contenu de cette boite, mémoire de sa seule raison de vivre : un homme.
 
Je grimpais les marches quatre à quatre, mon sac faisait du bruit en raclant le mur décrépi, arrivée au quatrième, essoufflée le cœur battant je vis Lucienne qui m’attendait sur le palier, un sourire aux lèvres et son éternel paquet de petits-beurre à la main. Par la porte grande ouverte s’échappait une odeur de pommes cuites et de cannelle, j’eus tout de suite faim.

Je me dirigeais vers la table pendant qu’elle refermait soigneusement la porte, tout en prenant la précaution de remettre le rideau qui la cachait en place.

Assieds toi, me cria t-elle de la cuisine,je t’ai préparé une compote. Elle me rejoignit posa devant moi une assiette remplie de la préparation, retourna à la cuisine, en rapporta ma tasse de chocolat brûlant et quatre petits-beurre.

Mange, me fit t-elle, en lançant un regard malicieux sur la boîte grise.

Le chocolat n’avait jamais été aussi brûlant, je faillis m’ébouillanter avec la compote, mais j’avalais le tout sans broncher, j’étais si pressée. Quand j’eus terminé, Lucienne me demanda de débarrasser la table, dans ma hâte, je me pris les pieds dans le tapis, envoyant valdinguer, assiette, tasse et petite cuillère. Lucienne riait aux éclats, elle vint à mon secours, je me maudissais pour cette perte de temps, elle le savait, Lucienne savait tout.

Devant la boîte ouverte, je contemplais une vie qui s’étalait, une vie faite de morceaux de puzzle, dépareillés et incomplets. Lucienne, elle savait à quoi chaque morceau correspondait, elle savait les réunir, les mettre bout à bout. Elle les prit un par un délicatement, les posa dans le creux de sa main grande ouverte, les tourna, les retourna, elle ne disait rien, ce n’était pas nécessaire, je ressentais son émotion, ma gorge se serrait, une larme coula sur ma joue, elle me regarda, ses yeux étaient plein de larmes, nous nous mîmes à pleurer toutes les deux, doucement et en silence, nos esprits ne faisaient qu’un, Lucienne m’avait contaminée, je me mit à rêver de ce jeune inconnu qui m’emportait dans une danse effrénée.

L’année prochaine, tu vas rentrer au lycée, me dit-elle tout à coup, il y aura des garçons, ils t’emmèneront danser, puis elle se leva, prit ma main, y déposa deux bonbons au coquelicot et me fit comprendre qu’il était temps que j’aille faire mes devoirs.
 
Je suis désolé je vais devoir tout saloper.
Après un texte pareil !!!

Mais j'ai également une première expérience à Barcelonne.

J'y fus envoyé pour le boulot.
Je n'y ai vu qu l'aéroport et une zone industrielle.

Mais encore novice dans le métier, ce fut nettement moins romantique, mais un peu similaire, puisque suite à de mauvaises négociations, c'est moi, qui pour la première fois me suis fait baiser.

Ca laisse aussi des souvenirs.
Mais ceux là on essaie de le oublier. !!

 
PetIrix a dit:
Je suis désolé je vais devoir tout saloper.
Après un texte pareil !!!

oui vraiment Pet', quel cochon
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Roberto, quand j'ai vu ce long post, je me suis demandé quelle mouche t'avait piqué. J'ai lu, j'ai compris
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Roberto Vendez a dit:
Ci-dessus, c'est le II, le I c'est à la page précédente, heu, le III c'est page V, non : 5, et le IV... Attends.
Le IV c'est page 11.
Vous suivez mon puzzle sentimental ??
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Il faut un diplôme de castor junior pour te suivre !!
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Roberto Vendez a dit:
Vous suivez mon puzzle sentimental ??

A la lecture de cet émouvant passage, il semble te manquer une pièce capitale (Capitale / Sofia
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), Roberto.
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Remarque, moi il me manque tout le puzzle.
 
PetIrix a dit:
A la lecture de cet émouvant passage, il semble te manquer une pièce capitale (Capitale / Sofia
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), Roberto.
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Remarque, moi il me manque tout le puzzle.

Les puzzles, il en manque toujours une pièce, toujours la dernière, et c'est très contrariant.
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barbarella a dit:
Les puzzles, il en manque toujours une pièce, toujours la dernière, et c'est très contrariant.
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Les puzzles (surtout comme ceux de Roberto) je n'arrive jamais à les terminer.
Faut dire qu'à chaque essai, c'était une photo de ciel bleu uniforme sans nuage.
Trouver les contours, ça va encore.
Mais remplir le reste ...
 
PetIrix a dit:
Les puzzles (surtout comme ceux de Roberto) je n'arrive jamais à les terminer.
Faut dire qu'à chaque essai, c'était une photo de ciel bleu uniforme sans nuage.
Trouver les contours, ça va encore.
Mais remplir le reste ...

j'aime paaas les puzzles
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Cette nuit-là je ne dormis pas beaucoup, je pensais à Lucienne, à la boîte pleine de sa vie, je me demandais si moi aussi, j’aurais un jour une boîte grise fermée avec de la ficelle, j’essayais d’en imaginer le contenu, une chose était sûre c’est qu’il y aurait quelques bonbons au coquelicot dedans.

Lucienne sans s’en rendre compte m’avait appris ce qu’était l’amour, le vrai, le grand, celui qui fait battre un cœur toute une vie.

Le temps passait doucement, j’allais maintenant chaque jour chez Lucienne, nous restions parfois sans parler, je buvais tranquillement mon chocolat brûlant, je faisais craquer les petits-beurre sous mes dents, puis je rentrais faire mes devoirs.

Ma première année de fac fut une véritable catastrophe, plus rien n’allait, mon père était mon ennemi public numéro un, la terre entière me détestait et je le lui rendais bien. Seule Lucienne savait m’écouter, me comprendre, me consoler. Elle s’inquiétait souvent pour moi, « N’as-tu pas un petit ami ? » me demandait elle, je ne répondais jamais à sa question, comment lui expliquer que mon cœur battait pour un inconnu que je n’avais jamais rencontré.

Un jour qu’elle me posait pour la centième fois la question, je lui répondis que si, elle bondit de sa chaise, alla dans sa chambre et en revint, avec dans les mains une boîte en carton qu’elle me tendit. « Voici ta boîte à souvenirs me dit-elle, n’y mets que des choses vraiment précieuses, tu n’es pas obligée de la remplir, tu verras les souvenirs prennent beaucoup de place, il ne faut pas les froisser en les tassant de trop. »
« Alors, raconte- moi, comment s’appelle-il ? Comment est il ? » Je n’avais pas envie de répondre, tout ceci était si soudain, je serrai dans ma main, un petit morceau de papier, j’eus soudain envie de voir mon père, de l’embrasser de lui dire que la vie était belle.
Je partis rapidement de chez Lucienne, en passant devant la boîte qui contenait les bonbons au coquelicot, j’en saisis deux, les mis dans ma poche descendis l’escalier en trombe en criant « A demain Lucienne. »

Mon père était déjà à la maison, avait-il un pressentiment ? Je collais un bisou claquant sur chacune de ses joues, il en resta les bras ballants. Je me précipitais dans ma chambre, déposais ma précieuse boîte sur mon lit, l’ouvris, y déposais les deux bonbons chipés à Lucienne, et mon petit bout de papier tout chiffonné. Je refermais la boîte, la glissais sous mon lit, tout était en ordre, la vie commençait.
 
Je n’eus pas le temps de frapper, Lucienne ouvrit la porte, elle saisit ma manche, m’entraîna dans sa petite salle à manger, et me fit asseoir. « Tu as passé l’âge du chocolat brûlant et des petits beurres me dit-elle, veux-tu un peu de porto ? » Je lui fis signe que non de la tête, elle alla à la cuisine et me rapporta un verre d’eau, je le bus d’une traite. Je ne savais pas encore, à quel point le chocolat brûlant et les petits-beurre de Lucienne allaient me manquer.
« Alors, il t’a embrassé ? » Devant ma tête, elle éclata de rire, Lucienne aimait rire, elle ne ratait jamais une occasion.
Bon sang, comment faisait-elle, elle lisait en moi, comme dans un livre ouvert. « Ne répond pas, je sais qu’il l’a fait » dit-elle en me décochant un clin d’œil, je me mis à rire. Rire et pleurer voilà ce que nous faisions de mieux ensemble.
« Tu n’es pas venu hier, j’ai tout de suite compris, je suis une vieille femme, je sais pourquoi les jeunes filles ratent un chocolat brûlant et des petits-beurre. Tu seras bientôt une femme, les hommes te plairont, tu boiras du porto, tu t’endormiras en soupirant, le matin tu te réveilleras, tu te recouvriras du drap, et le regarderas dormir d’un sommeil paisible et satisfait. »
Je ne sais pas pourquoi, j’éprouvais, à ce moment un amour sans limites pour Lucienne, je réalisais soudain, qu’en effet, elle était une vieille femme, j’eus peur, peur de la perdre, de ne plus l’entendre rire, ne plus la voir pleurer. Je venais de perdre mon chocolat brûlant et mes petits-beurre, faudrait-il qu’un jour que je perde Lucienne ?
Nous restâmes assises face à face à nous contempler. Lucienne tu savais si bien ne rien dire, je mettrais un peu de ton silence dans ma boîte à souvenirs.

Le lendemain à la fac, je pensais encore au regard de Lucienne posé sur moi. Un regard chargé de tristesse, de mélancolie et d’amour aussi, Lucienne m’aimait, je le savais et cela me remplissait de joie. Je me sentais forte.
Assise à ma petite table, je procédais à la revue du contenu de mon sac, quel fouillis, j’entreprenais de faire un tri pour ne garder que le nécessaire. « On fait son ménage ? » murmura une voix à mon oreille, c’était lui, je ramassais toute ma petite pagaille à la hâte, fourrais le tout dans mon sac, et entrepris de sourire du mieux que je pouvais. Le prof se faisait attendre. « Viens, je t’offre un café. » Je me levais et le suivis à la cafétéria. « Je t’ai attendu hier, où étais-tu passée ? » Je ne voulais pas dire que j’étais chez Lucienne, c’était mon secret, je racontais rapidement une histoire de recommandé à aller chercher à la poste, je ne lui ai jamais parlé de Lucienne.
 
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