Je partais en effet du principe qu'une typo étant du vecteur, une typo vectorisée est identique.
Oui, absolument : si tu ouvres une police de caractères quelconque dans Fontographer, et que tu compares la forme de chaque caractère entre le caractère de la fonte dans sa fenêtre de Fontographer et le caractère vectorisé dans Illustrator :
Les caractères dans Fontographer :
Les mêmes caractères vectorisés dans Illustrator :
... on voit bien que la forme est exactement identique et les points de tangente et d'inflexion sont exactement les mêmes et aux mêmes endroits : ce qui veut donc dire que le dessin vectoriel du caractère vectorisé dans Illustrator est exactement le dessin vectoriel contenu dans le fichier de la fonte.
Et si elle est identique, elle devrait s'imprimer de la même façon dans les mêmes conditions.
Mais tu dis que non.
Non, parcequ'une fonte n'est pas un simple fichier vectoriel, mais c'est un fichier un peu particulier, avec des optimisations supplémentaires adaptées aux caractères, comme les "hints", de manière à pouvoir être imprimées automatiquement à des tailles très différentes.
(un peu le genre d'optimisation qu'un graphiste fait quand il décline manuellement un logo pour des tailles d'utilisation et/ou d'impression très différente)
Pour les bords des textes (ou de n'importe quelle forme d'ailleurs) je sais bien qu'il met des pixels grisés (on le voit si on fait un zoom écran).
Plus exactement, on le voit quand on fait un zoom sur une
capture d'écran...
En théorie, il y a besoin de pixels gris que autour de la forme, donc au maximum 1 colonne de pixels gris sur chaque bord vertical et 1 rangée pour chaque bord horizontal suffisent pour anti-aliasser une forme noire.
Tu as fait tes captures d'écran dans le cas le plus extrême, c'est à dire l'affichage de la largeur de la barre avec 1 ou 2 pixels, donc il y a au maximum 2 colonnes de pixels gris...
... et si on fait la même capture grossie à partir d'un très fort zoom à l'écran, même si il y a moins besoin de l'anti-aliasing, voire plus du tout, il existe quand-même toujours...
... il n'y a toujours au maximum qu'une colonne de pixels gris sur le bord pour l'anti-aliasing, comme on le voit sur cette capture d'écran grossie d'un "l" en Myriad 12 pt vectorisé affiché à l'écran à 6400% : clair à gauche, foncé à droite, très foncé au-dessus...
Pour les bords des textes (ou de n'importe quelle forme d'ailleurs) je sais bien qu'il met des pixels grisés (on le voit si on fait un zoom écran). Par contre, je n'imaginais pas qu'il traiterait ça différemment sur une typo que sur une forme identique.
Eh bien si : en fait le système et/ou les logiciels traitent différemment les typos et les autres formes...
... d'ailleurs, il suffit de regarder (par exemple) dans les préférences d'Acrobat, où il y a 3 options de lissage possibles de façon indépendante :
- le lissage des textes,
- le lissage des éléments vectoriels,
- et le lissage des images...
... ce qui prouve que tous ces éléments sont distingués par le système et/ou les logiciels et, surtout,
sont traités différemment !
Et donc :
- quand le texte est non-vectorisé il est considéré par le système comme du texte et il est lissé comme du texte,
- alors que quand il est vectorisé, ce n'est plus du texte, donc ça devient une suite d'éléments vectoriels quelconque et donc ce "texte-qui-n'en-est-pas" est lissé comme sont lissés n'importequels éléments vectoriels lambda.
Et donc, en fait, quand je dis que les fontes vectorisées perdent l'anti-aliasing, c'est un raccourci un peu rapide, car en réalité elles perdent l'anti-aliasing spécifique au texte pour n'être plus anti-aliasées que comme des éléments vectoriels simples, un peu moins finement (ou un peu plus sommairement !!!).
Ça demande peut-être plus de puissance à la machine de gérer ça donc elle le réserve aux textes.
Là, franchement, tu dépasses mon domaine de compétence... désolé...
Mais logiquement ça doit être quelque chose comme ça : les fontes demandent un lissage plus efficace pour avoir la meilleure lisibilité possible, et donc elles ont certainement droit à un "traitement de faveur", qui doit probablement demander plus de puissance...
Ça paraît logique, mais je n'ai pas d'infos plus précises sur ce sujet.
Je ne connaissais pas le sens du mot anti-aliasing et donc je devine maintenant que ça signifie traiter les typos un peu plus richement que les autres formes...
Non, non : anti-aliasing = lissage ! à ma connaissance, ce sont simplement 2 synonymes
( = anti-crénelage)
... et ça explique peut-être les anciennes typos qui avaient une version print et une version écran...[/I]
Non, rien à voir ! Sur le Mac, c'est beaucoup plus simple que ça :
A) d'abord, les fontes étaient toutes matricielles... et l'affichage et l'impression se faisaient point-à-point, c'est à dire que chaque point de la fonte noir ou blanc était reproduit à l'identique sur le périphérique de sortie, à savoir :
- un point de la fonte pour un pixel d'écran à l'affichage
- et un point de la fonte pour un point de l'imprimante à l'impression...
• dans un 1er temps l'imprimante était une matricielle à aiguille (l'ImageWriter) qui imprimait avec la même résolution que l'écran (72dpi) donc l'imprimante imprimait la même chose que ce qui était affiché à l'écran...
... en clair, elle recopiait simplement l'écran, pixel par pixel !!!
(ça, c'était le vrai WYSIWYG !!!... et d'ailleurs je me souviens avoir vu un jour une impression étonnante : c'était un MacPlus connecté à une ImageWriter, et à chaque passage elle imprimait le bas d'une ligne et le haut de la ligne suivante ! c'était assez marrant à voir !!!)
• ensuite est apparue la LaserWriter, à 300 dpi... et comme l'impression se faisait à 300 dpi pour un affichage écran à 72 ppi, c'est à dire un ratio de 4 (environ), en fait les deux utilisaient des fichiers matriciels de polices identiques mais de corps différents... quand on affichait du 12 points à l'écran, l'imprimante avait besoin de 48 points pour l'impression !
Et donc pour chaque corps il fallait avoir deux fichiers matriciels de la même police, un du corps X pour l'écran et un du corps 4X pour l'impression...
... et si on n'avait que le corps 24 et pas le corps 96, alors on pouvait afficher du 24 points à l'écran, mais il était impossible de l'imprimer !!!
B) Ensuite sont apparues les fontes vectorielles !!! composées de :
• la partie "écran" (aussi appelée police bitmap) qui reste matricielle, pour être affichée directement par l'écran, de point à pixel... et donc il fallait encore avoir un fichier écran par corps utilisé !!!
• et la partie "Imprimante", vectorielle (aussi appelée police PostScript ou police de contour), qui comme tout machin vectoriel peut s'imprimer à n'importequelle taille et n'importequelle résolution, donc aussi bien sur une LaserWriter à 300 dpi que sur une flasheuse à 2400 dpi.
Et comme l'impression est possible à n'importe quelle taille et n'importequelle résolution, alors c'est cette partie qui contient les hints pour adapter la forme des caractères à la taille et la résolution.
, je suppose que la version écran comportait un tableau du genre comment afficher telle lettre à telle dimension pour garantir sa lisibilité.
Oh non, c'était bien plus simple : la partie écran est simplement matricielle et s'affiche de point à pixel : chaque point de la fonte est recopié tel-quel (blanc ou noir) sur l'écran.
Et ce n'est que quand ATM est apparu qu'il a été possible de faire l'affichage écran à partir d'un corps de la partie "écran" en utilisant la forme vectorielle de la partie "imprimante" pour recalculer la partie "écran" des autres corps.
Mais pour le print, là, je ne comprends pas la différence. Pourquoi le calcul serait différent si la forme est strictement la même ? Est-ce que les concepteur de typo mettent aussi des tableaux d'exceptions disant, genre, même si la forme te dit que le pixel devrait être comme-ci, moi je te dis qu'il faut le mettre comme ça pour garantir la lisibilité des petits caractères ?
EDIT : en fait tu l'as expliqué, c'est ce que tu appelles des Hints…
Donc c'était ma conclusion finale qui était juste.
Oui.
(c'est bien : tu te réponds à toi-même, et tu te réponds correctement ! bravo )
Ça explique peut-être aussi pourquoi les typos gratosses sont parfois surprenantes. Le développeurs pas très consciencieux se dira Développer des trucs invisibles à l'utilisateur lambda, pour quoi faire, allez hop, on passe cette étape.
Oui !!!
RE EDIT : pour l'affichage écran optimisé, voici une illustration de ce que tu dis.
Un série de L bas-de-casse Myriad Pro dans illustrator.
En haut je les ai vectorisés, en bas non, puis je les affiche en tout petit sur l'écran.
Capture d'écran, ouverture de ladite capture dans PS, gros zoom et recapture d'écran (pour éviter le floutage avec les autres techniques et voir les pixels bien nets) :
résultat, en bas on a un truc assez régulier, en haut c'est le bordel. En haut, JE SUPPOSE, il est au plus proche de la VRAIE forme ; par contre en bas, il adapte pour améliorer la lisibilité et privilégier des pixels COMPLETS bien noirs quitte à être moins exactement à l'emplacement réel de la forme.
Ton illustration est parfaite, et ton interprétation est presque bonne...
... en fait, plus simplement :
• en haut les caractères sont devenus des formes vectorielles, et ces formes vectorielles sont lissées comme des formes vectorielles... c'est à dire au plus près (peut-être même un peu sommairement ???)
• en bas c'est du texte, qui est donc lissé/optimisé comme du texte, un peu plus soigneusement, de manière à conserver au mieux la lisibilité.
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(Images uploadées avec ImageShack.us... merci à ccciolll !!!)
Edit :
Ah, j'ai rien pipeauté, je t'assure.
Je confirme, ces captures d'écran sont parfaitement conformes à la théorie.