[En guise de divertissement]
Il se trouve que j'ai posté tout récemment (en
matière de
batterie ) dans ce fil remonté à la surface de l'actualité après trois ans de sommeil. Sans avoir rien lu de ce qui précédait cette remise à jour. Je viens de survoler ce matin son contenu à partir de son point de départ. Un fil de
775 messages, inauguré en
2004 - voilà qui a de quoi frapper l'imagination.
À la différence de la plupart des participants de ce fil, et notamment de son initiateur
Sebang (que je salue), je n'ai pour ma part jamais été un '
physicien' (si je puis le dire ainsi) des Macs, mais purement et simplement un '
logicien'. J'entends par là, qu'à part changer une batterie aisément amovible (comme je déclare l'avoir fait sur ma
Palourde G3 Myrtille dans ma contribution précédente), jamais je ne suis intervenu d'aucune façon (et curieusement je n'ai jamais eu à le faire, ni à le faire faire) sur aucun des Macs que j'ai eus (et que j'ai toujours, tous en aussi bon état de marche qu'à l'origine et aucun n'ayant jamais eu la moindre panne).
Ces attendus personnels posés, en lisant comment
Sebang «
pour l'amour d'une Mandarine» s'est trouvé conduit à
changer d'une part les
organes de sa machine (en quoi il a accompli des
exploits certains), et d'autre part le
Système d'exploitation dédié (par passage de l'OS
Mac OS 9 - OS
8.6 initial - à des variétés d'OS
Mac OS X -
Panther 10.3 à
Tiger 10.4 -), je n'ai pas pu m'empêcher de penser au célèbre
paradoxe de l'Antiquité Grecque appelé le : «
Paradoxe du Bateau de Thésée».
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Thésée était un jeune Athénien révolté du tribut que sa cité devait annuellement payer au Royaume de Crète, à savoir 7 jeunes gens et 7 jeunes filles convoyés par mer en bateau pour servir de pâture au
Minotaure : le monstre à tête de taureau et à corps d'homme que le roi
Minos tenait enfermé au cur de son labyrinthe.
Thésée, embarqué anonymement l'un des 7 jeunes gens, parvint au cur du Labyrinthe et tua le monstre, avant de savoir retourner sur ses pas grâce au
fil d'Ariane (la fille de
Minos) dont il avait déroulé l'écheveau le long de son parcours. Abandonnant la belle à ses illusions sur le rivage crétois, il retourna donc vainqueur à Athènes par le bateau qui l'avait amené. On montrait toujours dans l'Athènes de
Périclès ce bateau légendaire, soigneusement conservé en symbole de la liberté de la Cité.
Le
paradoxe du Bateau de Thésée est le produit de l'
esprit de questionnement de la
Philosophie Grecque tout juste née appliqué à cet
Objet Déconcertant dont, au fur et à mesure du temps qui passait, toutes les
planches devenues vermoulues avaient été remplacées dans la stricte préservation de sa
configuration originelle. Le
paradoxe consiste dans une
question posée par les
Philosophes Grecs : le «
Bateau de Thésée» présent dans l'Athènes de Périclès était-il le
même ou était-il un
autre que le
Bateau de Thésée originel? Ce qui revient à poser la question de la
nature de l'identité des choses existantes : l'
identité d'une chose relève-t-elle de sa «
matière» ou de sa «
forme»?
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La problématique de toute la
Philosophie Grecque est présente
in nuce (dans son
noyau - 'core', 'kernel') dans cette question, et les différentes philosophies, notamment celles de
Platon et d'
Aristote, ne firent que proposer des
variations en réponse à cette question.
Si l'
identité est
matérielle, le «
Bateau de Thésée» de l'époque de Périclès était
autre que le bateau originel, puisqu'il n'avait gardé aucune de ses planches ; si l'
identité est
formelle, le «
Bateau de Thésée» de l'époque de Périclès était le
même que le bateau originel, puisqu'il avait gardé sa figure initiale.
Il faut quand même avoir présent à l'esprit que la «
Forme» - la traduction Latine du «
Eidôs» Grec - est le concept le plus déconcertant de la Grèce Antique. Sa '
polysémie' est frappante : '
Figure', '
Configuration', '
Schéma Directeur',
Idée, '
Essence', '
Géométrie', '
Raison' = '
Logos'. Cela va du '
Dessin Visible' à l''
Intention Organisatrice' - tout le spectre du '
Logique' (logikos), dans sa différence avec le '
Physique' (phusikos) [
Aristote lui-même, dans son Traité «Péri Psuchè», n'hésite pas à définir l'Âme comme la «Forme Directrice d'un corps naturel organisé», où «Eidôs» devient «Entéléchie» = 'Énergie Formatrice'.]
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Si j'en reviens à notre «
Mandarine», il est clair qu'on a affaire à quelque chose de plus complexe que le
Bateau de Thésée. Car le
Bateau de Thésée a tout d'un '
coque de noix' combinant une
matière (les planches de la coque) avec une
forme (la géométrie du bateau). Tandis qu'un Mac, s'il a bien l'allure d'une '
coquille marine' (spécialement une '
Palourde') combinant
matériaux de la carrosserie et
géométrie du design), embarque une
machinerie, à l'instar d'un navire à moteur, mais encore plus est l'instrument d'une
finalité formelle, qui est l'ensemble de ses opérations logicielles.
La préservation de la
Forme Visible d'une «
Mandarine» solidairement à celle de sa
Matière Visible [= sa '
carrosserie', c'est-à-dire sa '
coquille' de
Palourde], affectée par une
altération tant de ses
organes physiques internes (le '
hardware') que de ses
fonctions logicielles (l'
OS) - cela fait-il un Mac qui est encore le
même ou bien qui est un
autre? L'
altération de son
Essence Logique (la
Forme du Système 9) comme de son
Organisation Physique (la Matière du Hardware) permet-elle encore à cette «
Mandarine» d'avoir une
Identité Classique? Ou bien a-t-on affaire à une
Entité Mutante qui relève d'une
espèce séparée?
Comme l'écrit le poète Japonais
Bashô visitant un Musée où sont conservées les reliques d'une bataille historique entre clans médiévaux et avisant un casque de guerrier qui, abruptement, lui donne le sentiment du '
patiné' (
<sabishii> - l'accollement paradoxal du permanent <ryukô>et du fluent <fu'eki>) nécessaire à la genèse d'un
haïku :
ironie du sort
sous la coquille du casque
- un chant de grillon
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