Si même les anglais le réalisent, c'est que ça doit être vrai.
Il est clair qu'on subit aussi ce genre de course en avant du résultat (alors même qu'on ne cesse de nous promettre, très paradoxalement un enseignement sans notation mais il faudra alors évaluer sans noter).
Nous ne pouvons plus vraiment parler de "haute qualité" en ce qui nous concerne : le bac est l'enjeu d'une sorte de guerre des nerfs tacite et semi inconscient entre les correcteurs (qui sont aussi les profs) et les élèves. Ceux-ci ont instinctivement compris que plus le niveau de l'année baissera, plus les exigences seront revus à la baisse. Le jeu consiste alors a essayer d'en faire collectivement le moins possible pour faire baisser les exigences (et le niveau). Je vois bien ce que ce comportement peut avoir de magique, mais il n'est pas si idiot qu'on pourrait le penser : il y a des ajustement académiques à la notation. Les étudiants picards sont-ils notés avec les mêmes exigences que les bretons, je n'en suis pas convaincu...
En gros, ça marche. Mais surtout ça contribue à rendre le bac de plus en plus "facile". Après des années de résistances passives, nos chers trublions tranquilles ont réussi à gagner le droit pour leurs cadets d'en foutre encore moins qu'eux...
On remonte d'autant plus qu'on ne veut pas se faire mal voir.
Etrangement, il y a un moment où l'on descend davantage, c'est lors des bacs blancs à correction croisée (ça m'est souvent arrivé). J'en déduis que certains collègues, plus ou moins consciemment aussi, considèrent que baisser les notes des élèves du collègue contribue à mettre les leurs en valeur. Je ne joue pas à ce jeu-là... Dommage pour moi, sans doute.
Et que dire des avis et des notes pour le post-bac.
Le pire est lorsqu'on fait un bac blanc qui compte pour le deuxième trimestre : là il vaut mieux éviter de noter trop sévère parce que "ça compte pour le dossier" et qu'après "le bahut n'arrive pas à placer ses élèves". Certains élèves cessent de bosser au deuxième trimestre parce que leur dossier est bouclé et qu'ils considèrent (parfois à tort individuellement, mais collectivement à raison) le bac comme une formalité.
Et nous on est sous pression au deuxième trimestre : faut pas contrarier les pauvres chéris dont l'avenir dépend des notes qu'on leur met à ce moment, alors même qu'ils persistent à renâcler tout de même à bosser pour la plupart. C'est à nous de leur "soigner" leur dossier, et ils l'ont bien compris.
Je fais comment pour convaincre mes STI qu'il faut aussi rendre la philo au deuxième trimestre ? Et je dispose de quelle sanction quand ils rendent des devoirs au mieux avec trois semaines de retard ? Les colles ? Certains disent que ça leur va parce qu'ils "n'aiment pas le sujet" et "en veulent un autre" ou parce qu'ils n'ont pas envie d'acheter le manuel et que du coup je serais bien obligé de leur faire des photocopies...