Je manque à tous mes devoirs. Des lecteurs curieux me posent la question de savoir quel est le fondement de cette curieuse pratique.
Elle remonte a des temps anciens, lorsque les Pyrénées Atlantiques ne formaient, avec les Pyrénées Orientables, qu'un unique royaume richissime. Sam Othrace, roi de cette région, faisait régner la terreur. Une de ses activités préférées était, lorsqu'il surprenait des couples non mariés se bécotant sur les bancs publics, de les passer au rouleau compresseur et de les laisser sécher, cloués à l'entrée du chateau. De là vient d'ailleurs l'expression "publier les bancs"* car je vous laisse imaginer qu'à ce régime là on se mariait au premier bisou ou au premier index fouineur. En tout cas, assis sur le matériel public, on gardait les mains dans les poches.
Bast! Othrace se déplacait toujours accompagné d'un couple de chiens nommé Gog et Gogue à qui il laissait parfois le droit de déchiqueter un paysan. Ces deux bestioles étaient vraiment de la terreur sur pattes et plus d'un gueux termina sa course dans le gosier bavant des molosses.
Lorsque le souverain souhaitait passer un moment en galante compagnie, il mettait le gant au collet d'une jouvencelle en lui disant : "soit tu me suis, soit tu finis aux Gogs". Vu comme ca, les pucelles le plus souvent trouvaient l'idée acceptable et offraient au monstre leur corps de braise, la rondeur de leur poitrine si douce, la senteur poivrée de leur aine et leur... Enfin, bref.
Donc, elles y allaient. Ou plutôt, c'est lui qui y allait car jamais personne n'a franchi de son vivant le pont levis du château : le rustre consommait sur place. Après avoir fait voler en éclats la porte de la masure il possédait à même la table et les miettes. La pauvrette en réchappait rarement, son corps gracile se disloquant sous les coups du destin. Quand ce n'était pas le cas, un coup d'épée bien appliqué coupait en deux parts égales la pauvre fille qu'il écartait ensuite afin que ses chiens puissent manger le corps encore tiède.
Les visites d'Othrace, on s'en doute, étaient craintes comme les modérateurs du bar. Les familles, pour protéger leur descendance leur coupaient les jambes afin que le tyran ne soit pas attiré. C'est pour cette raison qu'à l'époque les champs, lors des fauchages ressemblaient à des manifestations de Culbutos et qu'aujourd'hui encore les Orthéziens ont une démarche si particulière, comme des tréteaux en mouvement. Et c'est pour cette raison que les visites d'Othrace donnèrent leur nom a ce salut si fraternel qui ne lasse pas d'étonner les visiteurs, même si il a depuis perdu l'aspect guerrier d'origine.
Vous vous coucherez moins brèles qu'hier soir.
Et pour finir, un dicton du jour (et de l'époque) : ne crie pas victoire lorsque Sam Othrace est là.
* L'orthographe a changée au fil du temps, mais je vous assure que c'est véridique. Le premier qui moufte et la ramène va comprendre sa douleur.