Se souvenir des belles choses

  • Créateur du sujet Créateur du sujet DocEvil
  • Date de début Date de début
Statut
Ce sujet est fermé.
pbhallow.jpg
 
  • J’aime
Réactions: ZRXolivier


Et moi j'ai ceci au dessus de mon bureau ; reproduction d'une toile de Magritte !

:D :D
 
rezba a dit:
J'accroche pas beaucoup de choses au dessus de mon bureau.

Mais il y à ça.
Trouvé je ne sais où.

drawing_1.jpg

J'aime beaucoup, vraiment...

...et ça aussi :love:

038ga.jpg
[/URL][/IMG]
 
RD20586BaiserHotelLO.jpg


Quand elle ne s'habille pas des artifices du mensonge, la photographie est une activité macabre qui ne donne à voir du réel que des images mortes. Sur la pellicule, la lumière est arrêtée dans sa course, le temps se fige, la matière devient inerte. À peine le déclencheur est-il relâché que tout s'enfuit de l'instant capturé. C'est ainsi : ce qui était soudain n'est plus, et le sourire de mon père sur le portrait de ses cinq ans est le sourire d'un enfant mort un jour de 1936.
J'aime les beaux mensonges, comme les amoureux de Doisneau ou le visage de Dietrich auréolé d'ombre. Ces photos-là sont différentes : elles ne montrent pas le réel, elles le subliment. Ce ne sont plus des images, ce sont des icônes humaines, des représentations qui transfigurent l'instant en éternité retrouvée. Le baiser de l'Hôtel de Ville, c'est n'est pas un portrait d'amoureux, c'est un portrait de l'amour ; et Marlene dans son train pour Shangaï n'est plus Marlene. Comme une vibration de l'air, la lumière et la matière prennent place. On les a tordues, on les a forcées, on a violé leur innocence, on a maté leurs rebuffades. Tout a été préparé avec minutie comme un banquet pour l'arrivée de la beauté. Quand elle arrive la garce... Parce qu'il faut être patient avec elle, ça ne marche pas à tous les coups.
Mes amis trouvent souvent que je me pose trop de questions. Je ne peux pas leur donner tort. Mais, tout de même, il m'interroge ce mensonge puissant de l'art qui abolit la mort, qui transforme le réel en idée, qui rend éternel l'éphémère et le périssable. Il y a là un miracle, un vrai miracle puisque comme eux il ne doit rien au hasard, mais qu'il recèle pourtant la même incertitude profonde et qu'on l'espère parfois en vain. Peut-être aussi est-ce dans mon regard qu'est le mensonge. Peut-être sont-ce mes yeux qui décident de l'éternité des choses. Et ce soir, tandis que la nuit pèse lourdement sur le grand salon où j'écris, je repense à la photo du petit prince de 1936 en me disant que peut-être, peut-être si je la grave une bonne fois pour toutes dans ma mémoire, si je lui donne pour moi le visage de l'enfance, je pourrais l'empêcher de mourir tout à fait.

Suggestion de lecture : Les amoureux de l'Hôtel de Ville (extrait), par Philippe Delerm (éditions Folio).
 
..... de la voix chaude et terriblement sensuelle de Jean-Louis Trintignant.... Je crois que le jour où il nous quittera, je me souviendrai longtemps....... très longtemps..... de savoix.....

En film c'est déjà quelquechose... mais je l'ai vu au théâtre et je suis allée le voir et l'écouter il y a quelques mois lors d'une tournée où il lisait des poèmes de Guillaume Appolinaire... j'en frissonne encore...... :love: :love: :love:
 
  • J’aime
Réactions: Grug2
Roberto Vendez a dit:
Se souvenir de la fourrure synthétique, bleu roi, d'un plan fixe du "Mépris" de Jean-Luc Godard...
:love: :love: :love:

... Et du bitos et de la toge de Piccoli, et de l'Alfa Roméo cabriolet, et de la serviette de bain qui jamais ne tombe, et du canapé et des fauteuils...
:up:
:rose: :love: :love: :love:
Capri, la villa Malaparte… :love:
 
portrait.jpg


Il tourne autour de moi comme un mensonge, un beau mensonge à la peau claire, aux yeux fiévreux et graves, un jeune mensonge au sourire lumineux et doux. Une de ces menteries à l'horizon de cour d'école, quand on dirait que je serais et que tu ferais comme si, et que, sous le préau, ce serait l'Amérique.

Il est arrivé sans prévenir un soir d'octobre, traînant à ses semelles et d'un air innocent sa petite avalanche de beauté. Il ne dit pas grand-chose. Il se contente de sourire. Je crois bien qu'au fil des mois, son sourire à laissé une empreinte sur les murs de la maison. Cela explique sans doute pourquoi je le vois partout, des murs du salon au creux des draps froissés par les nuits d'insomnie. Partout, jusqu'à mon cœur où une petite cicatrice a la forme de ce sourire. Oui, même là. Même ici.

Je ne compte plus les nuits où j'ai basculé doucement sa nuque au creux de ma main, couvrant ses yeux et son cou de baisers aussi secrets que ses silences, où j'ai caressé son épaule, où je l'ai porté dans mes bras, extatique et reconnaissant, pliant sous le seul poids de son innocente splendeur. Je l'ai aimé, mieux qu'aucun autre, pour son mystère, pour le simple miracle de sa présence, pour son souffle sur ma peau et la noirceur déterminée de son regard dans l'amour. Je l'ai aimé avec cette douceur triste de l'abandon, comme s'il avait pu me quitter au matin, lui qui ne m'est jamais venu, comme s'il avait dû partir.

Il est le bien-aimé. Son parfum est un jardin où s'épanouissent des fleurs sauvages. Sa peau est une ivresse meilleure que le vin. Et la soie de sa main dans la mienne serrée, tandis que son jeune sourire se penche et se pose au fond de mes yeux, fait monter dans mon cœur une ombre d'indécence et de bonheur enfuis. Il est le bien-aimé. Le soleil se lève pour moi seul dans chacun de ses pas quand il approche. Le grand soleil où se rêve la nuit aux plaisirs murmurés. Le grand soleil énamouré. Le beau soleil du bel été.
 
DocEvil a dit:
Il tourne autour de moi comme un mensonge, un beau mensonge à la peau claire, aux yeux fiévreux et graves, un jeune mensonge au sourire lumineux et doux. Une de ces menteries à l'horizon de cour d'école, quand on dirait que je serais et que tu ferais comme si, et que, sous le préau, ce serait l'Amérique.

Il est arrivé sans prévenir un soir d'octobre, traînant à ses semelles et d'un air innocent sa petite avalanche de beauté. Il ne dit pas grand-chose. Il se contente de sourire. Je crois bien qu'au fil des mois, son sourire à laissé une empreinte sur les murs de la maison. Cela explique sans doute pourquoi je le vois partout, des murs du salon au creux des draps froissés par les nuits d'insomnie. Partout, jusqu'à mon cœur où une petite cicatrice a la forme de ce sourire. Oui, même là. Même ici.

Je ne compte plus les nuits où j'ai basculé doucement sa nuque au creux de ma main, couvrant ses yeux et son cou de baisers aussi secrets que ses silences, où j'ai caressé son épaule, où je l'ai porté dans mes bras, extatique et reconnaissant, pliant sous le seul poids de son innocente splendeur. Je l'ai aimé, mieux qu'aucun autre, pour son mystère, pour le simple miracle de sa présence, pour son souffle sur ma peau et la noirceur déterminée de son regard dans l'amour. Je l'ai aimé avec cette douceur triste de l'abandon, comme s'il avait pu me quitter au matin, lui qui ne m'est jamais venu, comme s'il avait dû partir.

Il est le bien-aimé. Son parfum est un jardin où s'épanouissent des fleurs sauvages. Sa peau est une ivresse meilleure que le vin. Et la soie de sa main dans la mienne serrée, tandis que son jeune sourire se penche et se pose au fond de mes yeux, fait monter dans mon cœur une ombre d'indécence et de bonheur enfuis. Il est le bien-aimé. Le soleil se lève pour moi seul dans chacun de ses pas quand il approche. Le grand soleil où se rêve la nuit aux plaisirs murmurés. Le grand soleil énamouré. Le beau soleil du bel été.

Il me semble voir perler quelques gouttes de sang sur ta peau où une plaie n'arrive pas vraiment à cicatriser...
 
Momo-du-56 a dit:
Il me semble voir perler quelques gouttes de sang sur ta peau où une plaie n'arrive pas vraiment à cicatriser...
Si je saigne, c'est que l'amour me fait encore en vie. Il sera bien temps de me plaindre le jour où je ne saignerai plus. ;)
 
Statut
Ce sujet est fermé.