Bon, puisque c'est dimanche et que je n'ai rien de graphique à poster, je vais vous raconter une histoire...
On va dire que ça se situe dans les années 70...
Un couple de fermiers arrive à un âge avancé et vient de revendre la plupart de ses terres afin de bénéficier d'une retraite bien méritée.
Alphonse arrive tout fier vers sa Germaine. Il a quelque chose d'important à lui dire :
Germaine, maintenant que nous sommes un peu plus tranquille, que j'ai bien vendu les terres avec les vaches qui vont dessus, que la bourse est bien remplie, que les enfants sont élevés, et qu'il nous en ont fait de jolis, bref, Germaine, je m'en vais te faire un cadeau. Mais ce cadeau, Germaine, c'est toi qui va le choisir, tu me dis ce que tu veux et tu l'auras...
Germaine toute gênée, mais heureuse, prend à peine le temps de réfléchir :
Alphonse, je sais ce que j'aimerais comme cadeau pour notre retraite...
Il l'interrompt : Germaine, c'est ton cadeau, pas le notre...
Elle reprend : Mais Alphonse, c'est une chose à laquelle je pense depuis plusieurs années. Le travail nous prenait tout notre temps, les vaches, les moissons, le syndicat, les réunions, tout ça...
Il s'impatiente : bon Germaine, tu me dis enfin ce que tu veux comme cadeau...
Germaine : bin, c'est quelque chose qu'il y a chez les enfants mais pas ici...
Alphonse : mais on a le téléphone, on a un réfrigérateur, on a même une télé... Qu'est-ce qu'il y a chez les enfants qu'il n'y a pas ici ?
Germaine : ce que je voudrais, c’est des vrais “vouatères“, comme chez les enfants. Et on rase la cabane au fond du jardin qui nous sert de tinette.
Alphonse très surpris envisage déjà le chantier, il va falloir trouver la place dans la maison, apporter l’eau par un tuyau, creuser pour faire l’évacuation, aller à la ville acheter tout le matériel…
Alphonse : hé bien germaine, ça va pas être facile mais c’est ton cadeau, et puisque tu l’as choisi, tu l’auras !
Le lendemain, Alphonse prend la 4L camionnette et part au chef lieu de canton là où se trouve le quincailler le mieux achalandé de la région.
Le soir, il revient chargé de parpaing, de sacs de plâtre, de tuyaux de cuivre diamètre 10 mm, de tuyaux d’évacuation diamètre 10 cm, d’un petit robinet en laiton et surtout un superbe “vouatère“ en faïence blanche et même des rouleaux de papier toilette.
Les travaux durent un certain temps, il a fallu prendre la place dans la grande salle de bains pour construire le “lieu“, brancher l’eau, raccorder l’évacuation, et installer le “vouatère“.
À un moment, il faut bien le dire, tout est prêt…
Alphonse : Germaine, les travaux sont terminés, vient essayer ton cadeau !
Germaine arrive ravie : mais Alphonse, j’ai pas envie, c’est pas mon heure…
Alphonse : Dis donc Germaine, ça fait plusieurs jours que je construis ton cadeau, alors maintenant qu’il t’attend, tu vas l’essayer !
Là, Germaine ne peux qu’obéir à l’injonction de son époux. Elle rentre dans la pièce, ferme la porte, relève robe et jupons et s’assoit.
Elle n’y reste pas deux secondes qu’elle ressort en hurlant :
mais c’est pas possible, dit-elle, on ne peut pas rester assis deux secondes sur ton vouatère. Quand on y pose les fesses, y a toute la froidure de l’hiver qui m’est remontée par la colonne vertébrale que s’en n’est pas tenable…
Alphonse piqué au vif a du mal à comprendre :
comment ça qu’on n’y tient pas assis deux secondes (ma femme ne serait-elle qu’une frêle créature pense-t-il), pousse-toi, j’m’en vais l’essayer ce vouatère !
Il rentre, ferme la porte, dégrafe sa salopette et s’assoit…
Il n’y reste pas deux secondes qu’il ressort :
Germaine tu as raison, ça vous glace le fondement comme au plus profond de l’hiver…
Ah, il va m’entendre le quincailler qui m’a vendu un vouatère sibérien…
Alphonse reprend sa voiture et part à la ville bien décidé à obtenir réparation.
Après explications, le quincailler réfléchit quelques instant et demande :
Dites moi Alphonse, avez vous bien installé la lunette sur la cuvette ?
La lunette ?, réagit immédiatement Alphonse, mais j’ai pas besoin de lunette pour aller au vouatère, j’y vois bien suffisamment comme ça !
Non, non, répond le quincailler, la lunette, c’est ce morceau de bois ovale que l’on pose sur la faïence justement pour ne pas se refroidir le derrière…
Alphonse comprend enfin : ah, la lunette, mais je croyais que c’était une prime pour mes achats…
Alors j’ai encadré le portrait de mon père avec !!!