Je ne suis pas d'accord. Il y a le texte et l'esprit du texte. Le principe directeur de la démocratie étasunienne, c'est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Ce sont les électeurs qui doivent décider qui sera en position de nommer à la cour suprême. D'ailleurs, il aura à sa disposition le 4 novembre deux manières d'influer sur le prochain choix : par l'élection du président et par l'élection d'une partie des sénateurs. Priver le peuple de ce droit pour des calculs de basse politique est symptomatique d'une démocratie malade.
J'étais d'accord avec les Républicains il y a quatre ans qu'Obama ne pouvait pas nommer à la cour suprême en pleine campagne présidentielle. Je n'ai pas changé d'avis.
Toutefois, les Démocrates se sont tirés une balle dans le pied au début du mandat de Trump en tentant de bloquer son choix pour la cour suprême. La procédure nécessitait alors une majorité de 60 sénateurs. Devant la résistance jusqu'au-boutiste des Démocrates, les Républicains ont changé la procédure pour une majorité simple. Voilà pourquoi ils peuvent en théorie faire passer le candidat de Trump sans se soucier de l'autre camp.
Maintenant, que Trump nomme et que le Sénat avalise, c'est loin d'être joué. La majorité Républicaine au Sénat est courte et beaucoup de sénateurs sont en campagne pour défendre leurs sièges. C'est devant les électeurs qu'ils devront rendre des comptes et tous ne sont pas assurés d'avoir une base suffisamment partisane pour tolérer une telle entorse aux principes démocratiques.
Dans tous les cas, le sujet va fortement mobiliser les deux camps. Cette élection s'annonce dantesque.